4. Calibre 8

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De surprise, Joan faillit lâcher son arme.

- V... vous ? Vous êtes un frère Rookie ! Vous êtes encore pire que ce que...

- Pour l'amour du Ciel, Seigneur, faites-la taire ! gémit l'homme, qui n'était autre que Caleb Black.

Il plaquait l'une de ses mains contre son côté droit.

- Relevez-vous ! ordonna l'institutrice. Je suis armée, je n'hésiterai pas à faire feu !

Elle dut faire abstraction du fait que Black était particulièrement éméché : ses gestes étaient plus saccadés qu'à l'ordinaire et il peinait à faire le moindre geste. Pourtant, il se releva. Le jeune homme dardait sur son ennemie un regard sombre.

- Parfait, fit Joan dont les mains tremblaient un peu. Maintenant, vous...

Mais Caleb Black s'effondra à nouveau sur le sol de la chambre.

- Oh, bien sûr, quelle ruse intéressante, Mr. Black ! Ne faites pas l'enfant ! Debout ! De...

Elle se tut. Elle venait d'aviser la courtepointe blanche sur laquelle Black s'était allongé quelques instants auparavant. Une large tache sombre marquait le tissu. Du sang. Il n'était pas saoul. Il était blessé.

- Vous... vous êtes blessé ?

- Non, vous croyez ? rétorqua Black d'un ton goguenard.

- Êtes-vous armé ?

- Non, j'ai juste ma Bible sur moi...

- Oh, cessez un instant de vous moquer. Je sais très bien pour quelle raison abjecte vous êtes venu.

Allongé sur le dos, le bandit releva un peu la tête, surpris.

- Ah oui ? Pourquoi ?

- Vous le savez fort bien. Posez les mains à plat sur le sol.

- J'ignorais tout de mes propres intentions, pretty, mais il me tarde de les découvrir.

- Oh, vous... Même blessé vous parvenez à nous servir vos mauvaises plaisanteries...

De mauvaise grâce, Joan avait dû se pencher sur Black et palpait doucement sa chemise et son pantalon, en extirpant avec encore plus de mauvaise grâce les armes qui y étaient dissimulées.

- Comptiez-vous attaquer la Grande Banque Centrale, avec tout ceci ?

Elle pointa du doigt le tas de revolvers, sacs de balles et de poudre et autres poignards qu'elle avait confisqués au bandit.

- Non, non, juste une institutrice au caractère un peu trop bien trempé, ricana faiblement Black.

- Vous m'avez l'air assez sérieusement blessé, constata la jeune femme en voyant les gouttes de sang qui maculaient ses propres mains.

- Non, juste une égratignure. Votre ami Hatkins me soignera bien.

- Je n'approuvais pas le comportement de Will, rougit Joan.

- Will. Ah, nous l'appelons Will, désormais. Il me semblait, à moi, que nous en étions restés à William, la dernière fois...

La rancœur omniprésente dans le ton de Caleb Black sonna comme un reproche à la jeune femme.

- Pouvez-vous vous relever ? Je vous défends de faire le moindre geste suspect !

- Et où allons-nous, miss ? questionna le malfrat qui se relevait en grinçant des dents et en prenant appui sur le matelas.

- Sur mon lit.

- Oho !

D'un geste brusque, Joan Jones fit glisser le foulard de Caleb sous son menton. Les yeux d'obsidienne du bandit pétillaient d'amusement, malgré la souffrance qu'il éprouvait. Ses lèvres généreuses étaient étirées par un fin sourire.

Le Secret de Hazelnut PathWhere stories live. Discover now