Chapitre 18 ~

Depuis le début
                                    

- Ne dis pas ça ! Je me suis rendu compte de ma bêtise avant même de l'avoir trouvée, aussitôt j'ai fait demi-tour ! Même si elle avait été la femme de mes souvenirs, c'est vers toi que je serais revenu.

Aileen se mordit la lèvre et baissa le regard. Elle aurait tellement voulu le croire. Mais, elle n'y arrivait pas. Comment lui faire confiance maintenant ? Comment ? Elle n'en savait rien. Aussi ne répondit-elle pas. Gabriel lui prit le menton afin de lui relever la tête. Les beaux yeux verts de sa femme lui disaient toujours tout ce qu'il voulait savoir. Ils parlaient pour elle. Malgré elle.

Et il aimait ce qu'il pouvait y lire. De l'amour. De l'envie. Et il y avait d'autres choses qu'il détestait. De la tristesse. De la peur. Elle était de toute évidence en plein dilemme intérieur. Elle ne savait que faire. Partir ? Rester ? Pardonner ? Ou pas ? Il s'approcha encore afin de lui murmurer à l'oreille.

- Pardonne-moi Aileen. J'y passerai ma vie s'il le faut, mais je te prouverai que tu peux me faire confiance.

Son contact la fit frémir. Pas de colère, non. De désir. Et ces mots...elle avait tant espéré les entendre ! Elle avait tant pleuré pour ça !

- Je...ne sais pas. murmura-t-elle d'une toute petite voix.

- Aileen...

- Je ne comprends pas pourquoi tu es revenu. Je ne te comprends pas.

- Ca me semble pourtant évident.

- Non. Pas pour moi. Tu deviens froid, distant, tu partages mon lit, puis tu m'ignores. Ensuite tu me craches des horreurs à la figure avant d'aller rejoindre la seule femme que tu aimes, et maintenant tu demandes mon pardon ? Je ne comprends pas...

- Elle n'est pas la seule femme que j'aime.

- Parce qu'en plus, tu en aimes plusieurs ?

- Mais non ! Une seule. La seule qui compte. Et pour laquelle je ferais tout.

- Je...crois que je vais rentrer.

- Non ! Tu restes là.

Et, sans crier gare, il l'embrassa. C'était un baiser rempli d'envie. Et de rage.  D'espoir. Mais Aileen se dégagea et lui lança un regard noir.

- Je comprends maintenant. Voilà ce que tu cherches à obtenir en vérité. Mais tu n'as pas besoin de beaux discours pour cela. Je suis ta femme et mon rôle est de porter tes enfants. Elle lui lançait les mêmes paroles qu'il lui avait dites avant de partir. Avec amertume. Cela le rendait fou. Il fallait qu'elle comprenne ! Il fallait qu'elle le croie !

- Arrête. Je t'aime ! Tu comprends ça ? Il n'y a que toi ! Il n'y a jamais eu que toi ! Et à peine parti, je l'ai compris ! Et je ferai tout pour que tu me fasses à nouveau confiance....Je t'aime Aileen.

Elle était profondément touchée par ses paroles. Surprise aussi. Mais comment le croire ? Les larmes lui vinrent aux yeux. Autant parce qu'elle était émue que parce qu'elle ne savait plus quoi penser. Aussitôt, il les balaya d'un revers de main, et planta son regard dans le sien.

- Ne pleure-pas. Je ne veux plus que tu pleures par ma faute.

- Je...

N'y tenant plus, il l'embrassa à nouveau. Et malgré elle, elle sentait son corps s'embraser. Elle était toujours adossée à l'arbre et il la serrait dans ses bras. Elle accrocha ses mains autour de son coup, et lui répondit avec fougue. Chacun était incapable de résister à l'autre. Leur étreinte se fit plus intense. Leur envie plus pressante. Qu'importe les querelles. Pour l'heure, chacun avait besoin de l'autre. Alors qu'ils n'en pouvaient plus d'attendre, il la souleva, et ensemble, ils partagèrent un moment d'oubli, bien loin des problèmes du monde.

Plus tard, épuisés, ils se reposèrent blottis l'un contre l'autre. Mais la réalité rattrape tout le monde, même les amants les plus passionnés. Sans bouger, Aileen reprit la parole.

- J'ai besoin de temps.

- Je sais. Je te donnerai tout le temps qu'il te faudra.

- Je ne sais pas si j'arriverai à te faire confiance à nouveau. Je...je ne sais plus.

- Je sais. Mais peu importe le temps que ça prendra, je serai là. Jamais plus je ne m'éloignerai de toi.

- Ne fais pas de promesses que tu ne tiendras pas.

Pour toute réponse, il l'embrassa tendrement sur le front, la serrant contre lui. Bien qu'elle ne sache plus quoi penser de tout ça, Aileen savait qu'il fallait lui parler de sa grossesse. Autant qu'elle lui apprenne d'elle-même, puisque ça ne tarderait pas à se voir.

- Gabriel...il faut que je te parle de quelque chose.

- Je t'écoute.

- Je suis...Enfin je veux dire...Je suis enceinte. Voilà, c'est dit.

- Je sais. Et sache que tu ne pouvais pas me rendre plus heureux.

- Comment ?

- Tu parles dans ton sommeil.

- Ah...

- Et, quoi qu'il advienne, je serais heureux. Qu'il s'agisse d'une fille ou d'un garçon. Je veux juste que vous alliez bien tous les deux.

- Vraiment ?

- Oui. dit-il en posant une main protectrice sur le ventre de sa femme.

Aileen se sentait soulagée d'un poids. Même si tout était loin d'être résolu. Même si elle ne savait pas comment le pardonner. En dépit de tout, elle avait besoin de lui, surtout avec l'enfant à naître. Et puis, il y avait un autre problème qui était loin d'être résolu.

Ces maudites lettres. Qui continuaient d'arriver deux fois par semaine. Jusqu'ici, elle avait réussi à les cacher à son mari. Elle préférait le garder dans l'ignorance. Et puis, elle n'était même pas convaincue qu'il se préoccupait vraiment de son cas. S'endormant doucement, bercée par le clapotis de l'eau et confortablement installée dans les bras de Gabriel, elle décida de remettre cette réflexion à plus tard. Surtout qu'au vu des problèmes qu'ils traversaient tous les deux, il était inutile d'en rajouter encore.
Même si ces menaces l'effrayaient de plus en plus.


Highlander ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant