Chapitre 2 ~

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Les paupières closes, Aileen commençait à revenir à elle. Se souvenant des évènements précédant son malaise, elle essaya de déterminer l'endroit ou elle se trouvait avant d'ouvrir les yeux. Une douleur lancinante lui martelait le crâne. Certainement causée par sa chute. Elle en était là dans sa réflexion lorsqu'elle entendit des voix qui lui étaient inconnues.

- Alors, est-elle réveillée ?

- Non, pas encore.

- Mais qu'attend-t-elle bon sang ! Elle n'a pas encore ouvert les yeux qu'elle ne nous cause déjà que des ennuis ! Réveilles-là Callum, il nous faut partir sans plus tarder !

Aileen décida qu'il était temps pour elle de se manifester. Elle appréhendait de découvrir l'identité de ces étrangers, mais il fallait bien qu'elle finisse par ouvrir les yeux. Ce qu'elle vit devant son lit la laissa muette de stupeur. Deux hommes. Imposants. Terrifiants même. Des guerriers barbares à n'en pas douter. La peur commençait à l'envahir devant ces deux géants qui se dressaient devant elle. Néanmoins, elle prit son courage à deux mains pour leur adresser la parole.

-Qui êtes-vous ? Et que faites-vous chez moi ?

Elle avait prononcé ces mots d'un ton sec, afin de leur signifier qu'elle n'était pas n'importe qui. Après tout, elle était ici chez elle, et elle comptait bien le faire savoir à ces grossiers individus !

-Navré milady, nous...

-Silence Callum. Madame, sachez que vous faites erreur. Vous êtes ici chez moi. Je suis dès à présent le maitre des lieux, et, que vous le vouliez ou non, vous me devez obéissance. Ne vous avisez surtout plus de me parler sur ce ton, car je pourrais fort bien me montrer moins clément avec vous !

Si le premier avait parlé sur un ton d'excuse, il n'en était rien pour le second. Il s'était exprimé d'une voix calme, mais autoritaire. Son ton était aussi imposant que lui, et il était évident que cet homme n'avait pas l'habitude qu'on le contrarie. Aileen le détailla un peu mieux, et s'étonna de sa couleur de cheveux. Presque rouges. Jamais elle n'en avait vu de pareils. Néanmoins le moment n'était pas propice à un examen plus détaillée. Profondément agacée par les manières de ce rustre personnage, elle reprit la parole d'un ton froid, qui en aurait glacé plus d'un.

-Je vous demande pardon ? Je crois que vous ignorez à qui vous avez affaire milord. Je suis Lady Aileen Campbell , et vous êtes ici dans la demeure de mon père. Je vous prierais de revoir vos manières avant de vous adresser à moi, surtout après vous être introduit sans permission dans ma demeure !

Ces paroles eurent le don d'énerver Gabriel. Doté d'un tempérament sanguin, ce dernier s'emportait facilement, et les personnes de son entourage se gardaient bien de le provoquer. Les yeux agrandis par la colère, les muscles tendus, il devait se retenir pour ne pas lui faire payer son insolence sur le champ. Lentement, prenant bien soin de lui laisser le temps de se rendre compte de sa stature imposante, il s'approcha d'elle. Se penchant par-dessus le lit, il approcha son visage si près de celui d'Aileen que celle-ci pouvait sentir son souffle lui caresser le visage. Ce fut d'un ton plus que glacial qu'il s'adressa à nouveau à elle.

-Ecoutez-moi madame, et écoutez-moi bien. Ce domaine m'appartient de manière légitime. Il m'a été enlevé de la manière la plus déloyale qui soit. Et aujourd'hui, je prends ce qui me revient de droit. Avisez-vous une seule fois de me tenir tête comme vous venez de le faire, et je vous assure que je vous en ferez passer l'envie ! Je suis le maitre, et vous m'obéissez. C'est ainsi et il n'y a rien à ajouter. Et maintenant, préparez vos effets, nous partons dans deux heures.

Aileen resta stupéfaite devant ses propos. Elle s'en trouvait comme paralysée. Si bien qu'une seule phrase pu sortir de sa bouche.

-Partir ? Mais où ? Quand ? Pourquoi ?

-Chez moi. Je dois informer mon père de cette victoire, et vous venez avec moi.

-Mais pourquoi ?

-Vous préférez rester ici ? A la merci de tous ceux qui voudront s'en prendre à vous ?

-Mais je...

-Il suffit. J'ai déjà été plus que patient avec vous. Soyez prête dans deux heures, ou vous partirez sans vos affaires.

Sur ces mots, il sortit, laissant une Aileen désemparée dans la pièce.

D'abord irritée par les propos du highlander, elle commençait maintenant à en prendre la pleine mesure. Le suivre ? Ce barbare ? Elle ne le connaissait pas, mais sa stature suffisait à effrayer un homme aguerri. Et ses manières ! Suivre un tel homme ne risquait-il pas de lui apporter plus d'ennuis qu'elle n'en avait déjà ? Cependant, le risque que William revienne à Kinloch était aussi présent. Et elle avait beau détester ce barbare aux cheveux rouges, elle sentait que jamais il ne lui ferait de mal. Oui, même si l'envie de le tuer la tenaillait, elle savait qu'elle serait en sécurité avec lui. Et puis, il paraissait évident qu'il ne changerait pas d'avis, et qu'elle devrait les accompagner de gré ou de force. Résignée, Aileen entreprit de préparer ses bagages.

***

Au loin, le soleil commençait à se coucher. Aileen soupira. Ses muscles éprouvés par la longue chevauchée la faisaient souffrir. En fait, tout son corps était endolori. N'ayant pas l'habitude de pareil voyage, elle s'en trouvait très éprouvée. Après tout, ils étaient en route depuis des heures sans la moindre halte. Elle n'en pouvait plus. Elle rêvait d'un lit ou elle aurait pu se jeter et dormir pour le restant de ses jours. Et le fait de n'avoir rien mangé depuis la veille n'arrangeait rien. Elle n'émit aucune plainte cependant, ne voulant pas s'attirer à nouveau les foudres de Gabriel.

De son coté, ce dernier était plutôt étonné. Il avait imposé à Aileen le même rythme de chevauchée que celui de ses guerriers. Il était surpris de constater ce cette dernière suivait le rythme, et n'émettait aucune plainte. Il devait lui laisser, cette femme ne manquait pas de courage. Voyant le soleil décliner, il décida de faire halte pour la nuit. Il se retourna alors afin de signaler l'arrêt au reste des hommes. Son regard s'arrêta sur Aileen qui faisait peine à voir. Les cheveux en bataille, l'air vraiment fatigué, elle n'avait vraiment pas l'air en forme. Cela lui apprendra à se dresser face à lui !

Il se rendit compte qu'elle chancelait sur sa selle, signe qu'elle n'allait vraiment pas bien. Un sentiment de remord inexplicable l'envahit. Après tout, elle avait fait une très mauvaise chute moins d'un jour plus tôt. Elle n'avait de plus certainement pas mangé depuis un moment. Sans comprendre pourquoi, il s'en voulu aussitôt de lui avoir imposé un tel effort. S'approchant du cheval d'Aileen, il réalisa que celle-ci oscillait dangereusement, risquant de plus en plus de tomber de sa selle.

Il eut juste le temps de la rattraper avant qu'elle n'aille s'écraser contre le sol. Décidément, c'était déjà la deuxième fois qu'il la portait et il ne la connaissait même pas depuis 24h. Il se sentait coupable de son état, ce qui l'énervait au plus haut point. Après tout, ce n'était pas son problème. Et puis pourquoi ne lui avait-elle pas signalé qu'elle était fatiguée ? La déposant doucement contre un arbre, il ne pu s'empêcher s'adresser à elle, même s'il savait qu'elle ne l'entendait pas.

- Idiote...

Il secoua aussitôt la tête. Décidément, cette femme ne lui apportait que des ennuis.


Highlander ~Where stories live. Discover now