Écorchés vifs

Chapitre 1

Elle, je l'ai vue, j'y ai cru.

Elle était magnifique à sa façon.

Je l'ai cherchée, pendant des mois, qui m'ont parues des années, des siècles même.

« Ce fut comme une apparition » L'éducation sentimentale, Flaubert

Elle m'est apparue, et pendant un instant j'ai été soulagé de voir qu'elle était toujours parmi nous. Mais bien vite j'ai vu que ça n'allait pas. Elle pleurait, elle criait, elle se débattait, contre quoi ? Je suppose qu'elle combattait ses démons intérieur.

J'étais stupéfait de la voir ici. Après tous ces efforts que j'avais fait pour garder contact, après son départ si redouté, pour qu'on reste aussi proches qu'avant.

Quand elle a coupé les ponts j'ai insisté. Quand elle a disparu j'ai tout fait pour la faire revenir.

Et enfin elle était là.

Elle ne pleurait plus. Son regard était vide. J'ai eu un mauvais pressentiment. Un énorme poids s'est installé dans ma poitrine, mon coeur se serrait. Je ne respirait plus. Quelque chose clochait. Elle se tenait là devant moi. Elle me regardait, mais elle ne me voyait pas. Elle n'était qu'à quelques mètres de moi et pourtant je sentais la froideur et la distance entre nous.

Tout s'est passé si vite.

Une voiture est passée, elle a reculé. La voiture n'a même pas eu le temps de freiner.

Une seconde elle se tenait en face de moi, celle d'après elle était propulsée dans les airs.

J'étais paralysé. Je n'arrivait pas à y croire. C'était un cauchemar.

J'ai voulu crier mais aucun son n'est sorti de ma bouche.

Puis j'ai repris le contrôle de mes jambes et j'ai couru pour découvrir son corps meurtri, juste à temps pour voir ce grain d'espièglerie se perdre dans ses yeux.

Elle a ressenti quelque chose, j'en suis sûr, ça devait être la première fois depuis près de 3 ans.

Je savais qu'elle se faisait du mal pour sentir quelque chose ; je n'avais jamais compris comment ça fonctionnais avant, à vrai dire je ne l'avais jamais vraiment comprise.

Mais ça n'importait plus maintenant. Elle était morte. Je ne verrais plus jamais son sourire qui illuminait mon monde, ni ses yeux dans lesquels on se perdait.