Une condamnée [En Pause]

➰ Chapitre 5: Inerte ➰

~ 19h03

Je suis allongée sur leur table froide, vêtue de leur espèce de grande chemise blanche. Ils serrent les ceintures me maintenant à la table, et une femme me place des électrodes sur tout le corps. J'ai froid, de plus en plus froid.

Première décharge électrique. Elle me secoue violemment.
Deuxième décharge électrique, plus intense que la précédente. Je hurle de douleur, j'ai mal, horriblement mal.
Troisième décharge électrique. Je convulse, je sens mon corps m'abandonner, mes paupières se ferment.

~ 10h

Je me réveille difficilement dans la salle de récupération. J'ai du mal à ouvrir les yeux, une migraine m'assomme. J'essaye de me relever mais mes jambes ne bougent pas, je lève le drap qui me recouvre, laissant apparaître mes bras et mes jambes, couverts d'entailles, de marques et de bleus. Je passe mes doigts glacés dessus, frémissant à mon propre contact, j'ai mal. Je continue et touche mes jambes, je sens mes doigts posés dessus mais c'est comme si ils étaient engourdis.

Comment des adultes peuvent infligé ça à des ados ? Et même pire, à des enfants ! J'ai toujours subis ces "séances de tortures" depuis mon plus lointain souvenir... Au débuts je pensais que tout le monde subissait ce sort là, mais je me suis vite rendue compte que j'étais la seule. J'ai aussi vite compris qu'il fallait éviter d'en parler au risque de vous faire prendre pour une folle.

Vu l'heure qu'il est, je ne vais sûrement pas aller en cours aujourd'hui, ni demain d'ailleurs... Je me relève débranchant les machines reliées à moi sans déclencher les alarmes, je vous jure au bout de seize ans d'existence vous faites ça comme une pro' !
J'enfile mon jeans noir, mon gros sweat noir, mes converses noires toujours, mets mon casque sur les oreilles, prend mon sac eastpak, et mon skate sous le bras puis enfin sors de la "chambre".

Je traverse le long couloir à la lumière verte, aucune fenêtre et aucun contact avec le monde extérieur, comme si personne ne devait connaître l'existence de ce qui se passe ici. Nous sommes à l'étage le plus bas, celui que personne ne connaît, celui dans lequel aucune personne normale n'a jamais été, celui où l'on entend des cris de douleurs de tout les côtés, celui où l'on pratique tous ces "tests" possibles et inimaginables mais seulement à des personnes de moins de vingt-cinq ans. Je me dirige vers l'ascenseur, la musique à fond dans les oreilles pour ne pas entendre ces cris que moi même j'ai poussé la veille. Mais j'ai le malheur de regarder sur le coté. Dans la chambre, un homme ayant un masque et une blouse tient une scie à la main tout en maintenant un des orteils d'une petite fille âgée d'au plus, quatre ans. Je me mis à courir, comme pour échapper à cette torture, qu'on affligeait gratuitement.
[Tu n'aurais pas pus la sauvée de toute façon...]

Arrivé dans l'ascenseur, j'appuya sur le bouton pour le faire revenir au rez-de-chaussée. Je souleva une de mes manches laissant apparaître mes veines rouge beaucoup plus vives que d'habitude, et les multiples cicatrices de coupures de cette nuit, elles sont parfois très grandes et profondes. Une larme coula sur mon visage, ce qui me fis baisser ma manche en vitesse.

Sortie du bâtiment, je mis mon skate à terre et roula, toujours la musique à fond jusqu'au bois en face de chez moi. J'ai besoin de la compagnie de George. Je n'aurais pas le courage de le dire à #E' cette fois.

Arrivée près de George, je m'assoie les jambes tendues face à lui. Je lui parle de cette nuit, des images me reviennent dont plusieurs où les masques blancs, comme je les appelles, me placent des électrodes. Une autre où ils me frappent au ventre et regarde combien de temps je mets avant de cracher du sang.