Chapitre 18 : Imprévisible

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— Fais avec, lançai-je pour éviter la discussion.

Je jetai ma cigarette au sol puis l'écrasai. Heather me regardait avec insistance. Elle n'était pas près d'abandonner, à mon plus grand malheur. Elle pouvait être très têtue quand elle le voulait.

— Je ne le prendrai pas mal, lâcha-t-elle comme pour me convaincre.

— Tu ne le prendras pas mal, je le sais... Tu auras pitié... et je préfère t'inspirer de la haine plutôt que de la pitié, déclarai-je, commençant à perdre le contrôle.

— Mais c'est bien la pitié... C'est de la compassion...

— Non... Pas du tout...

Parmi tous les sentiments qui puissent exister, la pitié était celui qui me dégoûtait le plus. La plupart des gens considéraient ce genre de choses comme humaines. Ils avaient tort, ça nous conduisait seulement à des problèmes.

— Cole... Cesse de te renfermer... Ça ne te fera que du mal... Je n'ai pas peur d'entendre ce que tu as à me dire.

— Seulement si tu m'épouses, l'avertis-je.

— J'aimerais te connaître avant de t'épouser... alors pourquoi veux-tu faire les choses dans le mauvais sens ?

— Parce que pour l'instant, tu me sembles être une femme comme les autres. Désolé Heather.

Je commençais vraiment à en avoir marre qu'elle remette toujours le même sujet sur le tapis. Je n'avais pas envie d'en parler. Qu'est-ce qu'elle ne comprenait pas ? Ça n'allait rien changer à sa vie.

Je m'apprêtais à partir, mais elle me retint en me prenant par le bras. Elle était vraiment acharnée et je ne comprenais pas pourquoi. Elle s'attachait bien trop à moi, mais j'ignorais si c'était un avantage ou non, surtout en ce moment.

Elle finit par prendre la parole, très déterminée :

— Tu crois pouvoir t'enfuir aussi facilement ? Prends-moi pour une femme comme les autres si tu veux. Je m'en fiche. Mais je sais et tu sais très bien aussi que tu te mens à toi-même. Tu veux prétendre que tu ne m'aimes pas vraiment parce que c'est plus simple comme ça... Moi aussi je ne voulais pas le reconnaître... Reconnaître que je t'aimais. Parce que c'était plus simple en effet ! Plus simple de prétendre que tu n'étais qu'un homme comme un autre, mais j'ai eu tort tout comme tu as tort...

Elle reprit son souffle pour continuer de plus belle :

— On n'épouse pas une femme qu'on n'aime pas. On ne se bat pas avec le père d'une femme qu'on n'aime pas. On ne pourrit pas la vie d'une femme qu'on n'aime pas si elle a le malheur de te quitter. On ne présente pas une femme qu'on n'aime pas à ses proches pour la première fois.

J'aurais tellement voulu lui dire qu'elle avait tort, mais dans le fond, son raisonnement était cohérent. Elle ne comprenait juste pas tout.

— Tu interprètes mal les choses, rétorquai-je comme pour esquiver.

— Non. Je n'interprète pas mal les choses, s'opposa-t-elle. Je ne fais qu'observer les choses ! Alors je veux que tu me dises tout et je te jure que je t'épouse immédiatement.

Je la dévisageai. Elle était vicieuse pour une gentille petite fille. Elle voulait absolument savoir la vérité, elle était prête à tout. J'aimais son acharnement. On pouvait se ressembler sur ce point.

— Tu dis ça sérieusement ou c'est une technique de manipulation ? lui demandai-je, dubitatif.

— Non. Je veux que tu me dises tout. Parce que je peux sérieusement envisager l'idée de t'épouser.

La Décadence des Flamants  - Tome 1Where stories live. Discover now