Chapitre 5 : Ashley

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Je ne connaissais pas la ville, ni aucun lieu prisé. Je marchais à l'aveugle seulement guidée par Marilyn. De toute façon, je n'étais que guidée par ma faim et n'importe quoi ferait l'affaire. Même un bol de cacahuètes serait bien ! Quoique... peut-être pas vraiment. Peu importe, je le suivais en espérant qu'il m'emmène dans un endroit sympa et que nous pourrions passer le temps agréablement à discuter de tout et de rien, en particulier de musique.

Contrairement à Jeordie, il était plutôt silencieux et c'était à moi de trouver d'intéressants sujets de conversation. Ça ne me gênait pas pour autant. Il m'avait l'air de quelqu'un d'amical et ayant un bon fond, j'étais persuadée de pouvoir parler de tout avec lui.

— Je suis désolée que ton concert ait été déprogrammé, lâchai-je avec une pointe de déception.

— Ce n'est rien, me rassura-t-il. C'est très fréquent. Ils préviennent au dernier moment et nous évincent aussitôt. On s'y habitue à force...

Ceci pouvait expliquer pourquoi il ne m'avait rien dit. Je fus soulagée de l'apprendre, même si quelques doutes persistaient.

— J'aurais pu voir tes talents de musiciens, lançai-je plus que curieuse. D'ailleurs... Je ne sais même pas de quoi tu joues.

— Disons que mon meilleur instrument est ma voix. Même si je sais faire de la guitare, un peu de basse, et j'écris pratiquement toutes les paroles.

J'étais sans voix. C'était bien plus que tout ce que je savais faire. Encore que, je ne l'avais entendu ni chanter ni jouer. Peut-être qu'il n'était pas très doué. Qui sait ?

Avant même que je ne puisse réagir, nous entrâmes dans un fastfood quelconque. Dans le fond, je m'y attendais. Il n'allait tout de même pas me proposer un restaurant cinq étoiles, et puis, c'était bien plus convivial ainsi. Aucune prétention.

— Alors que vas-tu prendre ? me demanda-t-il.

— Classique. Hamburger, frites et coca.

Mon estomac ne cessait de se tordre dans tous les sens pour me faire comprendre à quel point il devait être nourri. C'était vraiment insupportable et j'espérais qu'il ne se mette pas à gargouiller parce que j'aurais soudainement l'air d'une belle andouille.

Immédiatement, Il commanda pour moi et insista pour payer à ma place, mais je n'étais pas démunie et je pouvais très bien le faire de moi-même.

Une fois servis, nous nous installâmes sur une table assez éloignée, dans un coin, à l'abri du regard des autres, pour pouvoir discuter en paix.

— Tu connaissais Los Angeles avant de venir ici ? m'interrogea-t-il.

Pour une fois, j'étais contente qu'il lance un sujet de discussion, assez étonnant de sa part.

— Absolument pas, enfin, j'en ai entendu parler parce que je n'étais pas loin, répondis-je sincèrement. Je vivais à Anaheim et je suis venue ici en espérant pouvoir décrocher un contrat avec une maison de disque.

— J'ai quitté la Floride pour la même raison, rétorqua-t-il.

La musique nous rapprochait à un point inimaginable. J'étais désormais plus qu'impatiente de découvrir ses morceaux pour confirmer notre comptabilité musicale.

— Tu sais quoi ? J'ai une excellente idée. Tu pourrais participer à nos concerts, me proposa-t-il.

Mon visage avait sûrement pris une toute autre expression : les yeux écarquillés et la bouche béate. Cette invitation était si brusque que je ne savais à peine comment réagir.

— Vous manquez vraiment de quelqu'un ? lâchai-je plus qu'étonnée.

— Non, pas vraiment mais on ne dit pas non à un petit coup de pouce.

À peine je venais d'arriver que je me trouvais des amis aux mêmes passions et que nous allions même partager celles-ci. N'était-ce pas trop rapide ? Je n'en avais aucune idée, mais pour l'instant je voulais juste en profiter.

— Ça sera avec plaisir, acquiesçai-je avec un grand sourire, impatiente.

J'ignorais de quoi il s'agissait. Pourtant, j'étais persuadée que ça allait me plaire. Dès qu'on me parlait musique, et encore davantage la musique que j'aime, j'étais toujours partante.

Il répondit alors à quelques messages sur son portable, amusé.

— Sacré Jeordie, murmura-t-il comme s'il ne voulait pas que je l'entende.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Il nous en veut ?

Pourquoi posais-je cette question ? Je me foutais de son avis. Si j'avais envie de traîner avec Marilyn, ça ne regardait que moi. Jeordie avait l'air bien plus que collant dans le genre, et bizarrement, ça ne m'étonnait pas du tout.

— Bien sûr qu'il nous en veut, affirma-t-il avec une pointe d'enthousiasme, mais ce n'est pas grave. C'est plutôt amusant dans le fond.

Nous en rîmes en chœur. Pourtant nous savions que Jeordie allait nous faire la morale et allait râler une bonne demi-heure contre chacun d'entre nous. Tant pis, j'étais persuadée que la moquerie était de partie.

Tant pis.


Villains With The Scabbed WingsWhere stories live. Discover now