Des points de vue different

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Chaque pas que je fais vers mon lit semble me détacher un peu plus du chaos, mais je sais que Noah reste là, dans mon esprit, comme une présence glaciale et silencieuse qui refuse de s'éloigner.

Pdv Noah

Je la regarde s'éloigner, marcher vers lui.
Enzo l'appelle, presque possessive. Elle s'arrête, échange quelques mots avec lui avant de le suivre. Et moi, je reste là, immobile, le regard rivé sur eux.

Je sens mon bras pulser sous le bandage, la douleur remonter jusqu'à l'épaule, mais c'est rien comparé à ce que je ressens là, maintenant. Une pointe dans la poitrine. Pas à cause de la blessure. À cause d'eux.

Elle disparaît avec lui dans la chambre, Je serre les mâchoires, inspire lentement.

Bien sûr qu'elle est avec lui.
Pourquoi j'en suis surpris ? C'est logique, non ?
Il la protège, elle reste à ses côtés, elle a confiance en lui. Et moi... moi je suis juste celui qu'elle gifle, celui qu'elle repousse. Celui qui c'est occupé d'elle quand je pensais qu'elle ce laisse mourir quel con je suis...

Je passe une main dans mes cheveux, laisse échapper un soupir amer.
Mon bras me fait mal, ma tête tourne, et j'ai cette colère sourde qui me ronge.
Je me sens idiot. Jaloux, vexé, épuisé.

Je jette un dernier regard vers la porte close, puis je tourne les talons.
J'ai besoin d'air.
De silence.
Et surtout... d'oublier ce que je viens de voir.

Je pousse la porte du hangar, l'air frais de la nuit me fouette le visage.
Mon bras me lance, le bandage tire un peu, mais je m'en fous.

Marco est là, adossé contre un mur, clope au bec, les yeux perdus dans le vide.
Quand il m'aperçoit, il arque un sourcil.

— Eh ben, t'as une sale gueule, chef.

Je m'avance sans répondre, fixe la cigarette entre ses doigts.
— File-m'en une.

Il me regarde comme si j'étais fou.
— Pardon ? Toi ? Noah, le mec qui gueule dès qu'il sent une clope dans la baraque ? Non, oublie, tu vas pas commencer, fais pas l'imbécile.

Je garde le silence, le regarde droit dans les yeux.
— Depuis quand tu refuses quoi que ce soit à ton chef ? J'ai besoin de décompresser, juste une.

Il secoue la tête, un rictus amusé aux lèvres, puis finit par soupirer.
— T'es vraiment en train de perdre les pédales, mon pote.

Il me tend une cigarette. Je la prends, la cale entre mes lèvres, essaye d'allumer avec le briquet qu'il me tend.. sauf que ma main blessée tremble.
Je peste entre mes dents.

Marco rigole doucement.
— Laisse, va.

Il s'approche, craque son briquet et me l'allume.
Je tire une première bouffée, l'air faussement sûr de moi. Et aussitôt, je m'étouffe. Je tousse comme un gosse, plié en deux, incapable de respirer correctement.

Marco part dans un fou rire, un vrai, incontrôlable.
— Oh putain, regarde-toi ! Le grand Noah, mercenaire de la Rose Noire, terrassé par une clope !

Je lève les yeux vers lui, les larmes aux yeux à force de tousser, puis je finis par esquisser un sourire.
— Ferme-la, Marco.

— Ouais, ouais... mais t'es pas crédible, mec. Laisse les clopes à ceux qui savent s'en servir.

Je lâche un rire, à moitié étranglé, et je me redresse.
La fumée me pique encore la gorge, mais au fond, ça m'a fait du bien.
Un peu de légèreté dans cette foutue soirée.

Je tire encore une bouffée, tousse un peu, puis souffle la fumée lentement.

— Alors... c'est quoi ton problème ce soir, Noah ? demande Marco entre deux rires encore retenus.

Je secoue la tête, frustré, le regard perdu dans la nuit.
— Tu veux vraiment savoir ?

— Oui. J'ai jamais vu le Noah énervé comme ça...

Je serre le briquet dans ma main.
— Y a une fille... Je... je l'aime, ou du moins... je suis attiré par elle. Et je veux la protéger.

Marco me fixe, un peu surpris, mais pas autant que moi à admettre ça à voix haute.
— Et ?

— Le problème... c'est qu'elle... elle sort avec un autre mec.

Marco rigole nerveusement, mais je sens qu'il comprend la gravité.
— Putain... toi qui est toujours sûr de toi, là t'es complètement... désarmé.

Je souffle un rire amer, les yeux fixés sur l'horizon.
— Ouais... désarmé, complètement. Mais je peux pas la laisser seule... Pas maintenant.

— Hmm... ok. T'as le cœur bien accroché, toi...

Je hoche la tête, la mâchoire serrée. La colère est toujours là, mais maintenant mélangée à la jalousie et à l'inquiétude.
— Ouais... et ça fait mal. Mais je vais gérer.

Marco secoue la tête en souriant, puis me laisse là, le silence de la nuit autour de nous.
Moi, je reste là, fumée entre les doigts, en pensant à elle, à Enzo, et à tout ce bordel qui ne fait que commencer.

Je tire une dernière taffe, encore une fois, et écrase la cigarette au sol.

— Plus jamais... murmuré-je pour moi-même. C'est vraiment dégueulasse.

Je me redresse, secoue un peu les bras pour faire passer la tension et le bras douloureux, puis je tourne les talons. La nuit est silencieuse autour de moi, et je sens encore l'adrénaline de tout à l'heure couler dans mes veines.

Je rentre à l'intérieur, ferme la porte derrière moi, et me dirige vers ma chambre. Chaque pas résonne, mais dans ma tête, c'est déjà le calme relatif. Je m'allonge, ferme les yeux, et essaie de mettre de côté tout ce chaos... au moins pour quelques heures.

Les jours passent lentement. Je reste reclus dans ma chambre, le bras bandé, le corps encore endolori. Je ne veux voir personne. Chaque fois qu'on frappe à ma porte ou que quelqu'un entre pour me demander comment ça va, je fais semblant de dormir ou je grogne, pas d'humeur à parler.

Je me repose, laisse ma colère et ma frustration s'éteindre peu à peu, et chaque soir, je me surprends à penser à elle. À Livia. À ce que j'ai ressenti quand je l'ai vue avec Enzo. Je serre la mâchoire, je pense à autre choses mentalement, mais je sais que ces jours de repos ne suffiront pas à effacer ce que je ressens.

Alors je reste là, allongé, à écouter le silence, laissant le temps faire son travail, tout en gardant mes pensées fixées sur elle, et sur ce que je pourrais faire une fois rétabli.

No way Not Tome 1Where stories live. Discover now