Chasseuse

Trois esprits, un corps

Je flotte, c'est une sensation tout à fait étrange. J'ai froid mais c'est comme si je ne sentais rien. Je ressens un profond vide mais rien comparable à une douleur dans un muscle ou à un mal de crâne, non, c'était comme si j'étais reliée à ce qui m'entoure soit du vide, du noir, sans fin. J'ai les yeux ouverts pourtant je sens le besoin de les ouvrir. Suis-je morte ?

— Non ma puce...

— Maman... Ou suis-je ?

— Dans un espace infini de ton esprit.

— Comment est-ce possible ?

— Tu peux communiquer avec moi, comme je pouvais communiquer avec mes ancêtres... C'est l'un de mes dons que j'ai reçu grâce à toi et que tu possèdes. Cet endroit tu peux y venir si tu as besoin de te retrouver.

— Ai-je d'autres dons ? De ce que je comprends, je peux venir ici pour m'apaiser...

— En effet c'est ton chez toi en quelque sorte. Oh oui tu en as d'autres, mais tu les découvriras en temps voulu. Ma puce il est temps que tu te réveilles, tu t'affaiblis beaucoup trop...

— Une dernière question !

— Je t'écoute ?

— Est-ce que je peux parler avec Lara, elle me manque tant...

— Ma chérie, il faut que tu saches...

— MAMAN DERRIÈRE TOI !

Tout se passa si vite que j'étais persuadée qu'on avait appuyé sur la touche d'accélération de l'image. J'avais à peine cligné des yeux qu'un homme tout vêtu de noir était apparu puis j'avais même pas fini ma phrase qui l'avait pris par la gorge, et alors que j'allais lever la main vers lui la lame d'argent entre ses mains avait déjà fendu l'air jusqu'au cœur de ma mère. Puis j'avais hurlé et c'est comme si on avait remis le film à vitesse normale. Mon hurlement fut bientôt mélangé à mes larmes tandis que je regardai ma mère s'écrouler au sol, son regard plongé dans le mien.

— Trouve le. Vous êtes tous en danger.

Le vide autour de moi tourne de plus en plus vite, j'essaye de courir vers l'homme mais celui-ci disparaît en un éclair, je m'effondre à côté du corps inerte de ma mère. Je hurle, hurle à m'en vriller les tympans. Elle est morte une deuxième fois, et j'ai encore rien pu faire. Une rafale de vent explose sur mon visage suivit d'une autre et encore une autre. Le corps de ma mère disparaît petit à petit, je me retrouve à serrer du vide, mes yeux se ferment, et des milliards de couteaux me vrillent de partout, je ressens tout mon corps, enfin le lambeau de mon corps.

{Point de vue de Matthew}

Il nous a fallu plus de deux heures pour revenir sur mon territoire. Bien qu'inconsciente, il était impossible pour Alex ou l'un de mes compagnons de porter notre chasseuse car d'un simplement touché ils se prenaient une décharge électrique, quant à moi... Rien. Son corps était tellement brûlant qu'à plusieurs reprises, nous avons dû s'arrêter et vider nos bouteilles d'eau sur elle. Arrivé à l'entrée de mon village accueillant toutes les habitations de ma meute, tout le monde sentit l'odeur et l'aura différente de cette chasseuse. La plupart des regards étaient de l'indignation, de la colère, et même de la terreur.

— Pourquoi est-elle encore vivante ? Demanda Geoffrey d'un air sévère, c'est un homme d'une quarantaine d'années, il travaille dans la boulangerie de la meute.

— Parce que je lui réserve un sort bien pire. Dis-je d'une voix agressive pour clore tout débat.

Mon félin grogna à mes paroles, il voulait qu'une seule chose : la protéger, et je ne savais pas encore comment je devais mis prendre pour ôter cette envie.