Scandale

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Je suis là, figé, tout défile sous mes yeux comme dans un film au ralenti.
Enzo !!!
— Non Mustapha, attends, je t’en prie...
— Pousse-toi de mon chemin !
— Aïe...

Il continue d’avancer, furieux, les poings serrés. Enzo tremble, incapable de bouger.
— Papa, je vais tout t’expliquer...
— Comment as-tu osé ?!

Un coup sec. Enzo s’effondre sur le sol. Puis un autre, encore, encore... Le sang éclabousse, les invités crient, certains tentent de s’interposer. Le vacarme est insoutenable.

Je hurle à m’en arracher la voix.

L’homme ensanglanté s’avance vers moi, le regard fou.
— Maintenant, c’est à ton tour...

— Hey Ivan, réveille-toi !

Je sursaute. La voix douce de Jimena ramène la lumière. Je cligne des yeux, haletant, trempé de sueur. Elle est là, assise sur le bord du lit.
— C’est toi... qu’est-ce que tu fais là ?
— Je t’ai entendu crier. Encore ce cauchemar, pas vrai ?

Je me passe une main sur le visage.
— Oui... ce maudit rêve, toujours le même.
— C’est parce que tu n’arrêtes pas d’y penser.

Je détourne le regard.
— Sors de ma chambre, Jimena. Je dois me préparer. J’ai beaucoup de travail aujourd’hui... Et ce soir, la fête. Tu y seras, j’espère ?
— Évidemment. Elle sourit doucement. Mais je passerai d’abord au restaurant, voir comment ça se passe.
— Ça s’est plutôt bien passé ces derniers jours, tu ne trouves pas ?

Elle hoche la tête, un sourire rassurant aux lèvres.
— Oui. Je te laisse te préparer. À ce soir.

Elle s’éclipse, et je reste seul, encore secoué par ce cauchemar qui refuse de me lâcher.

J’arrive à l’entreprise. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de rendez-vous.

— Monsieur, ma secrétaire Lucia s’approche avec son carnet. Tout est prêt pour aujourd’hui.
— Merci, Lucia. Et concernant la nouvelle recrue ?
— Oui, elle a été embauchée. C’est une avocate internationale, très compétente. Makaya Mberi, vingt-sept ans.
— Bien, parfait. Vous serez présente à la fête, n’est-ce pas ?
— Oh oui, monsieur.

Je hoche la tête et entre dans mon bureau.

Je suis sur mon ordinateur, concentré à revoir certains dossiers, quand le téléphone fixe sur le bureau sonne.
Je décroche.
— Allô.

— Qu’elle vienne.

Je raccroche et poursuis ce que je fais. Quelques minutes plus tard, on frappe à la porte.
— Entrez…

La porte s’ouvre doucement. Son parfum se répand dans l’air avant même que je ne lève les yeux. Et quand enfin je la regarde, je reste figé un instant. Une femme. Une femme noire à la peau d’un marron clair lumineux, soignée de la tête aux pieds. Ses cheveux parfaitement arrangés, un tailleur élégant, un maquillage discret mais impeccable. Une beauté naturelle, maîtrisée, presque troublante. Je garde mon calme, mais au fond de moi, je sens une étincelle.

— Bonjour, Monsieur Charlemagne.

Je hoche la tête.
— Prenez place… euh… Madame ?

Makaya Mberi.

— Oh, pardon. J’avais retenu votre nom, ma secrétaire m’en a parlé, mais je suis un peu embrouillé aujourd’hui.

Elle esquisse un léger sourire.
— Ce n’est rien, je comprends.

Je reprends, le ton plus sérieux :
— Bien. Nous avons perdu Monsieur Antoine Roger, qui faisait partie de l’équipe. Il est décédé il y a trois semaines. C’est lui qui défendait cette affaire délicate. Il ne nous reste qu’un mois pour préparer la défense. Croyez-vous que vous puissiez relever ce défi ?

LE  P R O C È S ⚖️ [ En Pause]Where stories live. Discover now