Avant le procès : Rupture

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Ma voiture freine  brusquement devant le portail. Raymond surgit aussitôt, visiblement tendu.
— Monsieur… Madame Jimena est arrivée. Mais… elle n’est pas de bonne humeur.
— Et ?
Il baisse les yeux, se tait.
— Retourne à ton poste, Raymond.

J’entre dans la maison. Jimena est déjà installée dans le salon, jambes croisées, l’air hautain.

— Quel mal élevé, Ivan. Envoyer ton chauffeur à ta place… Sérieusement ?
— J’avais des urgences.
— Comme toujours. Dis-moi… c’était qui la victime, cette fois ?

Je marque une pause. Son sourire ironique me dégoûte.
Farida.

Elle ricane, puis fait un signe de main.
— Laisse. Tes domestiques ont déjà monté mes affaires dans ma chambre. Ça fait tellement longtemps, Ivan

— Tu veux boire quelque chose ?
— Non. Je préfère des nouvelles de Miriam et Eliott.

Je détourne le regard.
— Je ne veux pas en parler.
— Et pourquoi ? Oh… mais comment se sont passées les funérailles de ta chère maman ? Cette vieille folle qui s’est donnée pour mission de me séparer de Gil

Je serre les dents.
Jimena, stop. Tu ne prononces plus leur nom.
— Sinon quoi ? Tu vas m’éliminer comme Gil ? Comme ta mère ? Comme les autres ? Tu es exactement comme ton père, Ivan. Un meurtrier né.

Je claque la table de ma main.
— FERME-LA !

Je m’avance d’un pas sec, son visage ne tremble même pas.
— Ne me cherche pas, Jimena Sanchez. Si je t’ai ouvert ma porte, c’est uniquement parce qu’autrefois… nous étions une famille. Rien de plus.

Je reprends mon calme, rajuste ma veste.
— Excuse-moi. J’ai un rendez-vous important avec Louis.

Elle arque un sourcil.
Louis Desbeaux-Arts ? Je me souviens très bien de lui… Invite-le ici, un de ces jours.

Je prends mes clés.
— On verra. À plus.

En arrivant chez Louis, je constate qu’il n’est pas encore rentré. Laïssa, la domestique, m’explique qu’il a accompagné sa fille, Lola, à son cours de piano.

Je m’installe dans le salon. Quelques minutes plus tard, Laetitia apparaît, élégante, toujours impeccablement mise.

Ivan ?
Je me lève aussitôt.
— Madame Desbeaux-Arts… quel plaisir de vous revoir enfin.
Elle me détaille un instant, un léger sourire aux lèvres.
— Eh bien, la prison ne t’a pas changé. Toujours aussi… séduisant.
— Je n’ai fait que trois mois. Et j’étais totalement innocent.
— Ravie de te revoir, Ivan.

On s’embrasse rapidement sur les joues, puis on s’assoit.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Non, merci.
— Très bien.

À ce moment, son fils Raphaël déboule dans le salon, encore en short de basket, le front en sueur. Quinze ans, l’air insolent.

— Salut tout le monde.
— Attends une seconde, mon chéri… Tu n’as pas dit bonjour à ton oncle ?
Raphaël hausse les épaules.
— Ouais… mais il n’est pas censé être en prison ?
Raphaël ! Viens dire bonjour correctement.
— Désolé, j’ai besoin d’une douche. Salut.

Il disparaît dans le couloir.

— Il est en pleine puberté, soupire Laetitia.
— Ça va, je comprends, dis-je calmement.

LE  P R O C È S ⚖️ [ En Pause]Where stories live. Discover now