LE P R O C È S ⚖️ [ En Pause]

Avant le procès : Rupture

Un silence s’installe. Je pianote distraitement sur mon téléphone.
— Ivan ?

Je relève les yeux.
— Oui ?
— J’aimerais… qu’on se voie plus souvent. J’ai besoin de tes conseils pour lancer mon nouveau projet.

Dehors, une voiture freine brusquement devant la maison.

— Pas de soucis, réponds-je avec un sourire léger.

— On est rentrés, maman ! cria Lola en franchissant la porte, suivie de près par Louis.
— Ah, Louis… Ivan t’attendait, dit Laetitia d’un ton neutre.

Louis croise mon regard, hoche la tête.
— Bien… Ivan, viens. On parle dans mon bureau.

Je le suis, la tension déjà palpable.

Une fois à l’intérieur, il s’installe lourdement derrière son bureau.
— Pourquoi ce ton froid, Louis ? On dirait que tu ne voulais pas me voir.

Il me fixe.
— Tu veux que je te dise quoi, Ivan ?

Je m’assois en face, le cœur serré.
— Alors ?

— Tu l’as tué. Et je le sais. Ton histoire au téléphone hier… c’était du vent.

Je fronce les sourcils.
— Donc tu me crois capable de ça ?

Il claque sa main sur le bureau.
— Et ta mère ?! C’était aussi un accident peut-être ? Un autre de tes « meurtres parfaits » dont la police ne saura jamais rien ?

— Je croyais qu’on était amis… Tu devrais me soutenir, pas m’accuser.

— Non, Ivan. J’suis désolé, mais là tu vas trop loin. Je ne peux pas rester l’ami d’un meurtrier.

Je le fixe, glacé.
— Ah oui ? Et Diana alors ? Ta maîtresse… disparue comme par magie. Ton fils, ton propre fils, qui vit dans la misère… Tu n’es pas mieux que moi.

Louis se lève d’un bond.
— Je t’interdis de prononcer son nom !

— Aujourd’hui, Jude doit avoir quoi… dix-huit ans ?

Ses mâchoires se crispent.
— Peu importe. C’est le passé. Je ne veux plus en parler, compris ? Et je ne veux plus être ami avec toi. Point.

Un silence lourd tombe entre nous. Puis il lâche, froid :
— Je veux mes un million cinq. Tout de suite.

Je ris, amer.
— Sérieusement ? Et si je te dénonçais pour la disparition de Diana ?

— Vas-y. Mais n’oublie pas… quelqu’un d’autre paye déjà pour elle en prison. Tu es pathétique, Ivan. Un malade. Un psychopathe.

Je me redresse lentement, les poings serrés.
— Ça… tu vas me le payer.

— Dehors. Et ne remets plus jamais les pieds ici.

Furieux, je sors du bureau et traverse la maison. Dans le couloir, Laïssa me rattrape discrètement.

— Ivan… je suis là. Tu peux compter sur moi, comme toujours.

Je baisse la voix, sans ralentir.
— Bien. Tu me tiens au courant de tout ce qui se passe ici.

Elle hoche la tête.

Je monte dans ma voiture, le sang bouillonnant, et démarre en trombe.

Je m’arrête devant le café Margarethe.
Le moteur se tait, mais ma colère bouillonne encore.

À l’intérieur, l’odeur du café fraîchement moulu m’accueille. Je choisis une table au fond, dos au mur, comme toujours.
Par chance, c’est la même serveuse.

— Bonjour, Monsieur. Que désirez-vous ?
— Un café au lait.

Elle s’éloigne. J’ouvre distraitement le journal posé là, mais mes yeux ne lisent rien. Le tintement de la clochette résonne à chaque client qui entre ou sort. Un décor banal. Parfait pour se fondre dans la masse.

Elle revient.
— Monsieur, votre café.
— Attendez… puis-je savoir votre nom ?

Elle hésite.
— Laurence, Monsieur.

Un sourire léger étire mes lèvres.
— Laurence… J’ai une proposition pour vous. J’ouvre bientôt mon restaurant en ville, le Raymiz. J’aimerais que vous y travailliez. Tenez… ma carte.

Elle la prend, un peu surprise, un peu méfiante.
— D’accord… merci, Monsieur.

Je bois tranquillement, certain qu’elle acceptera. Personne ne refuse Ivan. Je laisse l’addition réglée et un généreux pourboire.

Plus tard, enfin chez moi, l’épuisement me tombe dessus. Jimena m’attend, comme une ombre.

— Tu en as mis du temps, Ivan…
— Tu veux toujours rouvrir le resto, n’est-ce pas ?
— Oui, dans un mois. Ça t’intéresse ?
— J’suis ton partenaire. On en parlera demain.

Elle fronce les sourcils.
— Tu ne dînes pas avec moi ?
— Non, Jimena. Pas faim.

Je file dans ma chambre. L’obscurité m’accueille, plus douce que ses reproches. J’attrape mon téléphone et compose un numéro familier.

— Ali ?... J’ai besoin de toi.
Une nouvelle mission commence.