Eclats

35.

Pourquoi tu comptes ? Tu comptes les jours, tu comptes tes rêves, tu comptes les secondes de silence et les heures d'illusions. Tu comptes pour ce en quoi tu crois et ceux en qui tu espères, mais pour combien de temps encore...

Quelque chose s'est brisé ce jour là. Tout est allé trop vite, bien trop vite pour toi, toi qui voulait simplement aimer, comme avant. C'est bien trop réel, bien trop écoeurant à présent.

C'est vraiment toi, cette fille là ? La fille qui a fermé les yeux en l'embrassant, celle qui n'osait pas regarder sa folie en face ? C'est toi, bien sûr que c'est toi, mais c'est difficile à accepter. Difficile d'y réfléchir avec attention, avec justesse et intelligence. Que reste-t-il du brouillard flou de tes pensées ? Tu t'es dépassé. Trop. Ce n'était pas un rêve pourtant, et ça aurait dû le rester, un simple rêve un peu fou.

Regrets. Douleur amère de comprendre que l'on n'est pas plus que ce qu'on croyait, mais bel et bien ça, oui, cette pensée trop brute, trop dure pour être exprimée. Tu as besoin d'amour. Mais à n'importe quel prix ? Au prix de l'abandon de soi pour une autre, celle qui ne bouge pas lorsqu'il agit aussi maladroitement que toi, aussi inconscient que toi ? Au prix des regrets, de l'incompréhension amère, du dégoût de soi-même ? Au prix de la colère vaine et de la peur ancrée que ça recommence, de ne pas pouvoir dire non, de ne pas vouloir dire non... Au prix de trop de questions que tu cherches à fuir pour faire semblant de l'oublier et de ne pas y croire.

Cette fille qui s'est laissé aller ? Cette fille qui n'a pas réfléchi, cette fille qui a agit en voulant croire que ça n'avait pas d'importance ? Cette fille, ce n'est pas toi... Ça ne peut pas être toi. Ça ne pouvait pas être toi.

Jusqu'à ce qu'il soit là.