18.

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- Qu'est ce que c'est encore...

Le corps est presque frais. La nuée de vautours qui s'est envolée à leur approche les fixe d'un oeil mauvais, perturbée dans son festin macabre. Leur plat principal, c'est une fille.

Ce qu'il en reste.

Elle s'approche. Fait taire les autres soldats d'un geste à peine esquissé mais autoritaire. Le geste de celui qui sait être obéit.

Elle s'agenouille près du cadavre. Il est en mauvais état, le ventre ouvert, les os presque à nus. Certains hommes reculent, l'un se détourne pour vomir. La puanteur lui fait à peine cligner des yeux.

Elle reste simplement là, à la regarder.

Elle observe ce visage inconnu, d'un ovale délicat, ces yeux fermés à jamais. Ses cheveux noirs qui dansent doucement au vent. La lame courte qu'elle porte à sa ceinture, inutile à présent, car qui a déjà pu vaincre la mort ?

- Partons, Infante. Elle est morte, on peut plus rien pour elle...

La voix hésitante du soldat ne lui fait même pas tourner la tête. Elle se penche vers la jeune fille, dégaine son poignard et lui coupe doucement une mèche de cheveux, qu'elle enroule au pommeau de son arme. Dégraffe sa cape et la pose sur son corps fin. Le tissu s'imbibe de sang.

Elle se redresse et dévisage lentement ses hommes, un à un. Puis, d'un signe du menton, leur donne le signal du départ.

Seul l'un des soldats ose l'approcher ensuite. Celui qui parlait tout à l'heure, qui a présent se tait. Qui reste près d'elle en silence, simple présence, alors que son Infante laisse couler ses larmes.

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