Chapitre 14

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Keran

— Aucun commentaire, dis-je à mon blond quand je le retrouve dans le coin cuisine.

Il lève les bras au ciel.

— Aucun. Je ne dis rien. Absoooolument rien. Après tout, c'est toi qui gères.

Je lève les yeux au ciel. Je ne gère rien du tout. Zeline fait ce qu'elle veut. Ma responsabilité s'arrête à...

Je soupire et m'assure quand même d'une chose en lui envoyant un message.

[Uber ou Taxi, pas de métro le soir]

Un « lu » s'affiche dessous mais je n'obtiens aucune réponse.

— Elle est avec Amber. Elle ne craint rien.

Comme si ça pouvait me rassurer.

— Amber ? T'as pas peur qu'elle lui dise la vérité ?

Nouveau texto de ma part.

[Fais attention à ce que tu lui racontes et qu'elle ne découvre pas qui tu es]

Bien entendu là où je n'attends pas de réponse elle m'envoie :

[J'essaierais de tenir ma langue dans le métro]

Je me contiens pour ne pas l'insulter.

— En tous cas, ça confirme ce que je disais, elle est attirée par les filles.

— Eric, j'ai dit : pas de commentaire.

Il rit.

— Tu l'as vu ? Ça n'est plus la Zeline de notre enfance.

La branlette ça rend sourd non ? c'est bien connu. Mais pas aveugle. Il n'a pas tort pour ce soir. Mais il n'y a qu'à voir Gaby, dans sa chambre, et sa collection de jean dans sa penderie, pour se rappeler que c'est elle. C'est encore et toujours une gamine.

Qu'importe qu'elle puisse avoir des formes ou un corps de femme.

— Allez on y va. Jerry va nous attendre.

Il enfile sa veste tout en continuant son monologue :

— Ok, elle est loin d'avoir la taille mannequin mais...

— Tu t'apprêtais d'ailleurs à me dire quelque chose avant qu'elle ne te perturbe, coupé-je.

— Jerry voulait finir la nuit dans un club.

Je le dévisage un instant, il fait face au miroir de l'entrée et réajuste sa crinière blonde en arrière avec un air faussement innocent.

— En quoi ça serait un problème ?

— C'est juste qu'en ce moment t'es un peu ramolo... t'as perdu ta joie de vivre ! Ton goût pour la folie !

C'est bon j'ai compris. Il n'a pas tort. Je me suis laissé enfermer dans une sorte de routine à la con qui tournait autour de Zeline. Et surtout il faut que je me fasse à l'idée que ce n'est pas mon attitude qui la poussera à partir. Si elle pouvait le faire, elle serait déjà à des milliers de kilomètre d'ici. Je pousse Éric vers l'entrée en riant :

— Allez on y va.

— Et tu t'empêtres avec Tina... ? Se hasarde-t-il à rajouter.

— Ta gueule !

Il explose de rire. Moi aussi.

J'ai bien fait de me laisser guider par les mecs. Après un resto bien arrosé et quelques heures à jouer au poker – où j'ai lamentablement perdu – je les suis dans une soirée.

The Shadow Of Your HeartDove le storie prendono vita. Scoprilo ora