Chapitre 3

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Denki détestait porter des vêtements formels. C'était inconfortable, trop chaud et ça le grattait. Pourquoi devait-il porter ce genre de tenue rien que pour accueillir un professeur? C'était un peu exagéré à son goût. En plus, ça faisait déjà quelques minutes qu'il était forcé à rester debout pour attendre. Il n'était pas non plus l'homme le plus patient du monde, ce qui énervait légèrement son père. Denki ressemblait à un enfant de cinq ans à qui on n'arrêtait pas de dire de se tenir tranquille. C'était désespérant. Heureusement, un membre de la famille Jirou allait arriver et remédier à tout ça.

En parlant du loup, les portes s'ouvrirent grand sur un garde. Il était suivi d'une jeune femme à la chevelure noire coupée court et aux reflets violets. Elle avait le dos droit, le menton levé, les mains croisées devant elle et une démarche plus que digne. Denki ne put s'empêcher d'ouvrir grand les yeux.

— Votre majesté, Kyoka Jirou, professeur! Annonça le garde.

Elle s'approcha du roi et s'inclina devant lui, ne faisant pas attention aux autres personnes présentes dans la salle. Quand elle eut fini sa révérence, elle se remit aussi droite qu'un piquet.

— Je suis enchantée de vous servir, votre majesté.

— Eh bien... Je m'attendais à quelqu'un de plus vieux, sans vouloir vous vexer.

— Mes parents et mon grand-frère ont été sollicité pour un travail très important et ils ne pouvaient pas se libérer.

— Hum, très bien. Tant que vous êtes une Jirou, tout va bien. Entrons alors dans le vif du sujet! Mademoiselle Jirou, je vous présente Denki Kaminari, mon fils.

Kyoka tourna les yeux vers le prince et fut aussi étonnée que lui. Sa première pensée en le voyant fut:"Tiens, l'idiot du marché. C'est vraiment lui, le prince?". Ce dernier fit deux pas en avant et exécuta une courbette pour la saluer. Le roi reprit vite la parole, devançant son fils, qui allait sûrement dire une imbécillité.

— Mademoiselle, je remet mon fils entre vos mains expertes. Je suis sûre que vous pourrez en faire quelqu'un d'exceptionnel.

— Comptez sur moi, votre majesté.

— Sur ce, je vais disposer. Le prince va vous accompagner jusqu'à votre chambre ainsi que dans la salle d'études. Vous commencerez les cours quand ça vous plaira. Nous discuterons de vos honoraires quand vous aurez fait le point sur... le niveau intellectuel de mon fils.

— Oui, votre majesté.

Le roi quitta alors la salle, laissant Denki, Shoto et Eijiro en compagnie de Kyoka. Le silence ne se fit pas prier pour s'installer, ce qui était légèrement gênant. Enfin, pour le prince. La professeure était habituée à ce genre d'accueil lors des premiers abords avec l'élève. Quant aux deux autres qui accompagnaient Denki, ils ne savait pas quoi dire pour briser cette gêne.

— Et si vous me montriez la salle d'études? Demanda Kyoka sans préambule.

Elle était sympathique. Même pas un salut pour le prince. En plus, il n'y avait même pas l'ombre d'un sourire sur son visage. Ça, c'était un vrai professeur. Denki en avait déjà des frissons. Comme il se devait d'obéir aux ordres de son père, il montra le chemin à la nouvelle venue, avec un sourire. Si elle ne voulait pas être aimable avec lui, il allait l'être avec elle. Après tout, c'était une demoiselle, malgré son statut de professeur. En plus, c'était la jolie fille du marché qui l'avait laissé en proie à ce marchand de fleurs belliqueux. On devait toujours être aimable avec les filles, aussi méchantes soient-elles. C'était la règle d'or du prince Kaminari.

Dans les couloirs, Kyoka ne disait rien, se contentant de regarder autour d'elle, sans écouter ce que Denki disait. Il était d'un ennui mortel. Et dire qu'elle devait rester dans ce palais avec lui. Mais elle se devait de le faire. C'était la dernière ligne droite avant de pouvoir enfin être libre. En pensant à cela, la brune baissa les yeux vers ses mains religieusement croisées devant elle. La marque sur le dos de sa main ne semblait pas vouloir s'atténuer. Kyoka espérait en finir vite avec ce prince pour pouvoir s'en aller.

— Voici la salle d'études.

Denki poussa les battants de la porte pour que la professeure voit l'intérieur. C'était une grande salle avec deux tableaux. L'un était un tableau noir tandis que sur l'autre était épinglée une carte grandeur nature de tous les royaumes connus. À côté de ces deux tableaux se trouvait le bureau du professeur. À quelques mètres devant celui-ci était placé un autre bureau plus petit, réservé à l'élève. Et contre les murs se trouvaient des étagères garnies de livres. Le prince n'avait jamais vraiment affectionné cette salle.

C'était dedans qu'il étudiait avec sa perceptrice étant enfant. Il avait un bureau beaucoup plus petit. Denki ne pouvait plus compter le nombre de coups qu'il avait reçu sur la tête. Est-ce que ça allait être la même chose avec cette Kyoka Jirou?

— C'est parfait. Maintenant, pourriez-vous me montrer où se trouve ma chambre?

Elle ne perdait pas le Nord, celle-là. Elle était aussi froide et inexpressive que Shoto. Ces deux-là deviendraient amis, pour sûr. Après avoir pris quelques couloirs, les deux s'arrêtèrent devant une porte.

— Voici votre chambre, Jirou. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ma chambre est juste dans le couloir d'à côté.

— Merci.

Sans rougir. Cette fille était vraiment la version féminine de Shoto. Elle l'énervait déjà. Kyoka entra dans sa nouvelle chambre et referma aussitôt la porte, laissant Denki dehors. Puis, elle souffla. Il fallait qu'elle reste courageuse et qu'elle accomplisse ce pour quoi elle était venue. Son séjour dans ce château n'allait pas être long. Elle avait jusqu'au bal d'hiver. Soit six mois à peu près. Elle aurait le temps de tout mettre en place. Mais d'abord, elle allait se lâcher. Kyoka avait gardé toutes ses émotions enfouies en elle devant la famille royale.

Sa main lui faisant extrêmement mal. Elle s'était retenue de la serrer contre son cœur et pleurer à chaudes larmes. Maintenant qu'elle était seule, elle pouvait tout faire sortir. La jeune femme glissa contre la porte, les larmes roulant doucement sur joues. Des sanglots silencieux s'échappaient de ses lèvres tremblantes.

De l'autre côté de la porte, Denki ne comprenait vraiment pas cette fille. Aucune demoiselle n'avait résisté face à ses charmes. Elles étaient toutes incapables de retenir un sourire ou un gloussement quand il disait de belles choses. Il y en avait même qui rougissaient! Cette Kyoka était vraiment une professeure. Il s'en alla vers son bureau où ses deux amis l'y attendaient.

— Alors, cette petite visite guidée? Demanda Eijiro en déposant un livre sur la table.

— C'était plutôt bien. Excepté le fait qu'elle soit aussi froide que notre cher Shoto.

— Il n'y a rien de mal à ça. Répliqua le concerné.

Denki s'assit sur son fauteuil et soupira. Ça allait être compliqué de travailler avec elle. Ça se voyait à des lieux qu'elle n'avait aucun humour. Shoto aussi était assez préoccupé par cette fille. Mais contrairement au prince, il ne se souciait pas de son sens de l'humour. Le bicolore sentait qu'elle n'était pas normale. Et il comptait bien découvrir ce qu'elle cachait.

Apprenti princeWo Geschichten leben. Entdecke jetzt