Chapitre 4: Au-delà des cerisiers en fleur...je t'ai aimé

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La journée s'achève.

Les gens commencent tout doucement à partir, les enfants, fatigués, rejoignent leurs parents pour rentrer.

Les couples se disent au revoir s'offrant un dernier baiser avant de se quitter.

Moi, je reste encore au milieu des cerisiers, prenant les derniers clichés.

Je me sens satisfait mais triste à la fois, car demain je vais finir par détester de nouveau cette période qui m'a prouvé à quel point j'avais tort. Quand je revois les photos dans l'appareil, je me dis que ce serait inévitable, que je vais retourner au boulot, m'engrainer à nouveau avec le personnel de mes deux qui me prend la tête.

Et pourtant, en moi, des tas de souvenirs ont été ancrés dans ma tête.

Le souvenir de mon premier amour brisé, celui de mon enfance difficile avec l'image de ma mère à cette époque. Mais surtout celui de ce bel inconnu aux cheveux sapin qui m'avait fait buguer dans tous les sens du terme.

D'ailleurs j'aurais bien voulu le revoir.

Grâce à lui, un autre sentiment avait fleuri en moi.

Au début c'était purement contemplatif, à le voir bouger, à se plier au gré de la brise comme les joncs au bord de la rivière traversant les alentours du parc.

Il était à l'image d'Ueno. Magnifique, d'une contemplation mémorable et d'une beauté resplendissante. 

Ma poitrine bondit lorsque, dans mon objectif face au soleil couchant, à travers les cerisiers, je le revois. Ses cheveux suivent le même trajet que le vent et les branches des arbres pourtant calme, le visage éclairé par le crépuscule naissant dans le ciel bleu qui à commencé à laisser place au dégradé orangé. Je m'approche pour économiser le zoom de mon appareil photo, et capturer l'image de ce bel inconnu levant la tête vers cette étendue aérienne, l'air pensif.

Ou plutôt attristé.

Comme s'il avait perdu quelqu'un.

Je baissai mon outil de travail avant d'ouvrir mes yeux en grand.

Pourquoi grimpe-t-il sur l'un des cerisiers ?

Je le vois alors danser à nouveau cette fois à travers les branches, avec des gestes à la fois souples et vifs. Même son kimono ne s'accrochait pas à ces dernières.

Je n'ai pas décroché mon regard de l'arbre qui, étrangement, dansait avec lui.

Il rend le cerisier vivant...

Le polaroid dans les mains je prends les clichés de la danse que j'ai intitulé "la danse du cerisier" dans ma mémoire pour enfin imprimer dans mes souvenirs le visage tendre et léger du danseur.

C'est alors que je reçois une bourrasque en pleine figure, mêlée aux pétales rose pâle.

Et par enchantement, il arrive devant moi.

Je recule d'un pas, toujours l'appareil photo dans les mains, déglutissant de m'être fait repérer.

Va-t-il m'en vouloir pour l'avoir pris en photo ? Ou va-t-il me priver de la seule chose qui conserve avec soin les meilleurs souvenirs de cette saison que je déteste ?

Il regarde l'objet avec curiosité, comme s'il le découvrait pour la première fois.

Et il sourit.

Je ne m'attendais pas à ça, mais c'est mieux que rien.

"Tu aimes me photographier, n'est-ce-pas... ?" M'a-t-il dit par la suite.

Je reste muet, ce qui le fait rire.

Il prend mon appareil et regarde l'écran, affichant le dernier cliché. Mes joues prennent la couleur des fleurs de saison. Il prend alors ma main, m'attirant dans son jardin rose et entrant dans le mien.

"Je m'appelle Izuku, et toi ?"

Je le regarde comme la pierre la plus précieuse qu'il soit.

Ses émeraudes fixent mes rubis intensément comme Icare attiré par le soleil avant de s'y brûler. J'ai l'immense chance de sentir sa peau contre la mienne, aussi douce que du coton, d'humer le parfum fleuri qu'il portait encore sur lui comme une fleur à la rosée du matin. D'observer des lèvres toujours aussi charnues, mais surtout son sourire aussi éclatant que le tournesol des peintures de Van Gogh.

Je me présente à lui avec timidité. Son rire clair comme la rivière arrive à mes oreilles, et il relève le regard sur moi.

"Je préfère t'appeler Katchan, ça ressort mieux quand tu es timide comme ça." me dit-il à nouveau.

Ma langue ne veut pas suivre les signaux donnés à mon cerveau. Mais cela a l'air de l'amuser. Mais franchement, qui aurait imaginé que mon coup de foudre aurait l'apparence d'une fleur impérissable ayant pris forme humaine ?

La nature ne peut faire mieux que d'avoir livré cette personne à moi, un simple mortel.

Izuku. Tu es l'incarnation du printemps même, la personnification d'un arbre qui a traversé des milliers d'années sans périr du froid de l'hiver.

Tu es mon jardin secret, mon renouveau. Tu es mon inspiration, ma muse, mon printemps.

"... Et c'est grâce à ce garçon, bien que vous trouvez cela étrange, que désormais je photographie à cœur joie des photos de cerisiers en fleur, même au-delà de sa ronde de pétales... "


Article et photos de Bakugo Katsuki, reporter de la MightNewTimes

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J'espère que vous avez aimé cette histoire, je remercie KawaiiKitsune25 et NaviraZolcko pour leur béta 

Elle a été écrite à l'occasion de l'Hanami au Japon et, défi proposé par defisenpagaille Je vous invite d'ailleurs d'aller voir les autres participants 

J'espère vous retrouver dans d'autres histoires Matta ne!

Au-delà des cerisiers en fleurTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon