Chapitre 1: Au-delà des cerisier en fleur...je t'ai rencontré

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J'ai toujours détesté le printemps. Comme tous les ans, pour de multiples raisons.

Et je suis là, moi, Bakugo Katsuki, mon appareil photo en main, le masque au visage dû à cette putain d'allergie à ce pollen de merde qui polluait mes narines au milieu du parc Ueno à Tokyo pour l'Hanami. 

Je suis journaliste pour un petit magazine local. C'est mon premier boulot et je tiens à le garder malgré les aînés ingrats que je me coltine. Et ce connard de patron, que je retiens d'ailleurs, m'a demandé de prendre des photos pour l'événement en ce mois d'avril.

Pour moi, c'est une plaie sans fin.

J'ai déjà pris sur moi avec mes crétins de potes et mes vieux pour mon anniversaire il y a une semaine et il faut maintenant que je fasse partie de cette foule de gens qui viennent s'extasier devant des fleurs qu'ils voient tous les ans à cette période.

Pour moi, ces fleurs m'ont maudit.

Allez savoir pourquoi.

Ça se voit peut-être pas, mais avant j'étais en couple. Avec un gars sympa aux cheveux rouges pétant. Deux ans. Deux putain d'années avec l'épineux de service et son concept de virilité à la con. Et je ne sais pour quelle satanée raison, il a décidé de me quitter l'année dernière à cette période. Et pour qui ? Pour une tête d'abruti blond à l'humour douteux.

Peut-être a-t-il pensé que la floraison allait me réconforter.

Pas le moindre du monde.

Et je lui ai bien fait comprendre qu'il était inutile de revenir à mon appart après avoir brûlé ses affaires dans une poubelle.

Je commence mon shooting en me mettant dans un coin isolé de tous, prenant ces clichés en soupirant sous mon masque. La brise printanière n'arrange pas mon allergie avec toutes ces pétales qui virevoltent dans l'air. Mais en tant que pro, je ne peux qu'avouer que c'est le merveilleux spectacle qui m'est donné d'observer.

Ça va faire de belles photos. Mais juste pour eux.

Je photographie les arbres colorés de délicates nuances rose pâle, mais également des familles, des couples, des enfants s'amusant à faire des tas de pétales pour se les balancer dessus. Chaque cliché respire la joie.

Je soupire en me disant que je n'ai passé qu'une heure à faire cela.

Mais à la minute où je m'apprête à reprendre, un garçon passe devant moi, portant un kimono de saison d'une couleur verte discrète décoré des pétales roses cousus par-dessus. Ses cheveux longs et d'un autre vert plus foncé volent au gré des fleurs qui se détachent de ses sœurs. Son regard reflète la plus belle des prairies vertes. Mais à mes yeux c'est un champ d'arbres de cerisiers qui apparaissent.

Les cerisiers de notre monde sont roses, les miens sont fleuris de vert.

Et que dire de ce grain de peau ?

Blanc et léger tel le vent qui poussent les pétales vers d'autres horizons. Ces taches de rousseurs, les graines faisant devenir à cet arbre une élégance humaine sans pareil. Ce garçon dont je ne connais le nom est pour moi une personnification même de cet arbre robuste si doux et parfumé.

Je dégaine mon appareil avant de me rendre compte de sa réelle beauté.

Les déferlantes d'images que je prends sont toutes différentes les unes des autres.

De profil, de face, même de dos montrant une carrure fine et robuste comme son bois sombre et solide au multiple usage. Je fais mine de m'approcher discrètement, avant même de m'apercevoir que je peux même sentir le parfum si fleuri et sucré de la divine fleur rose. À croire qu'elle a été créée par les divinités elles-mêmes pour le plaisir du commun des mortels.

Car ce garçon, n'était pas humain, il était tout simplement divin.

Aussi magnifique que cet arbre majestueux.

Et sans crier gare, alors que je le contemple à travers l'objectif, il tourne la tête vers moi.

Au lieu de me cacher de ma gêne, on s'observe, on s'apprivoise. Le vent souffle lentement et fait voler de nouveau les somptueuses tâches rosées parfumées. 

Et il sourit. 

Il me sourit. 

Sous cette pluie rose. 

Je me perds dans ces lèvres étirées qui me sont destinées. Et d'un coup de vent mon masque s'enlève en même temps que le pollen frappait mes canaux nasaux. Je tousse avant d'éternuer au moins cinq minutes avant de prendre mon anti-allergie. Les gosses rient en m'entendant éternuer à tout va, mais lui, il s'approche en m'adressant un regard inquiet.

Oh putain de bon Dieu ! Ses yeux brillent de mille feux !

Et les corolles des fleurs les subliment autant qu'ils subliment ces dernières!

Je déglutis de le voir si près de mon visage.

Mais avant même qu'il ne puisse prononcer un mot, les gens qui l'accompagnent lui intime de les rejoindre. Je souffle de soulagement, le cœur frappant fort dans ma poitrine. Quelques minutes plus tard, il se met à danser. Il danse sous ce manteau de coton rose comme une nymphe.

Magnifique.

Je n'aurai pas trouvé mieux.

Des pas légers, muets, entraînants. Autant de qualificatifs qui permettent de l'observer avec comme seul son le bruissement de ce tapis de fleur tombé de leurs branches.

Son kimono se confond avec leur chute si gracieuse et voluptueuse...

Une œuvre d'art.

Je prends les clichés de cet inconnu aussi inspirant que beau, une muse pour qui voudrait écrire des poèmes, pour les auteurs qui décriraient cette beauté sa naissance des bourgeons, une Mona Lisa de la culture nipponne.

Il danse au rythme du tourbillon de pétales qui s'empare de ses courbes tel un serpent.

Et moi je suis hypnotisé par sa prestation.

Un régal pour les yeux, tout comme ce spectacle entièrement de rose vêtu.

C'est alors qu'il s'arrête, essuyant son front pour en laisser profiter les jeunes pousses à ses pieds, avant de repartir vers ses proches. Je regarde mon appareil avec cette merveille sur l'écran. Les différentes images de cette magnifique personne sous toutes les coutures et que je prendrai grand soin à développer.

Son corps, son visage. Et ses yeux.

Une divinité a dansé devant moi en ce jour de floraison des cerisiers.

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Au-delà des cerisiers en fleurOnde histórias criam vida. Descubra agora