#BOSS | Prologue ∞ REYN

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JOUR 0 | 14.02.06

∞ ∞∞ ∞

REYN

13 ans plus tôt

En ce soir de Saint-Valentin, les gradins de la patinoire sont bondés. L'ambiance est électrique et j'adore ça. Les fans crient mon nom en secouant des pancartes où il est noté « BP ». Nous sommes l'équipe de hockey des « Black Panthers », mais je suis le seul à porter ce pseudo. Niels est à mes côtés dans le couloir. On frappe nos gants, cogne nos casques et l'on entre fièrement dans la patinoire sous les hourras du public.

Une arène des temps modernes.

Les supporters de l'équipe adverse nous sifflent copieusement. Rien de nouveau. Les entendre crier des insultes justes parce qu'on affronte leurs joueurs me galvanise. À l'abri sous mon casque, je les regarde sans sourciller au travers de la visière intégrale qui protège ma belle gueule. Ma réponse sera de marquer le plus de points contre eux.

Je glisse sur la surface glacée, lisse et je revis malgré le froid qui s'infiltre dans mes poumons. Mon équipement rembourré – pourtant encombrant – arborant le numéro 47 en gros caractères se trouvant au-dessus de la panthère noire qui rugit ne me gêne plus depuis longtemps. La glace, les patins, la crosse et le palet sont toute ma vie.

C'est la seule chose qui m'anime – en dehors de tirer mon coup – bien sûr, c'est normal à dix-sept ans. Et encore ! Je prends mon pied lors des matchs qui sont bien souvent plus jouissifs qu'une baise avec des nanas qui n'attendent que ça. Je n'ai même pas besoin de draguer. Elles viennent minauder, se frotter pour me proposer de les honorer. Je leur accorde un peu de mon précieux temps.

C'est souvent une baise rapide. Et merci, au revoir. Juste pour arriver à bander, à balancer quelques coups de reins puissants et de décharger. Visiblement, ne pas leur apporter d'attentions pour les faire jouir ne les dérange pas, vu le nombre de gonzesses qui attendent leur tour.

Ce qui n'arrange pas mon ego.

Je suis beau, sportif, adulé et il n'y a pas meilleur que moi sur la glace pour marquer des buts.

Les clubs se battent pour m'avoir et cette année est décisive pour mon avenir. À mes dix-huit ans, je pourrai passer chez les professionnels. Je me dois de tout donner pour y arriver. Niels ainsi que Billy, notre capitaine, sont là pour me mettre en avant et me glisser des palets de choix. Il ne me reste plus qu'à me jouer de la défense. Je me lance, je patine, dépasse, réalise un crochet et tire quand le gardien tombe dans ma feinte pour finir à genoux en me laissant un trou de souris pour envoyer la rondelle.

Je viens de marquer. Encore une fois. Je lève les bras en l'air en tenant bien haut ma crosse. Je pousse un cri sauvage qui m'a valu ce surnom de « BP ». La panthère noire rugit. Un feulement rauque. Primaire.

L'arbitre siffle la fin du match et mes coéquipiers me portent en triomphe sur leurs épaules. On a gagné. C'est tout ce qui compte pour moi. L'entraîneur des Kings de Los Angeles se trouve dans les gradins. D'un signe de tête, on se salue. Le sourire qu'il m'adresse est engageant et je sais que j'ai accompli ce qu'il fallait pour le convaincre de me proposer un contrat pro.

Mais on verra ça demain. Là, les potes nous attendent pour fêter la victoire et boire jusqu'au bout de la nuit. Pourtant, maintenant que l'adrénaline a quitté mon corps, c'est la tristesse qui revient pour me bouffer le bide. Sous l'eau de la douche, à l'abri de ce nuage de vapeur chaude, mes larmes coulent sans que je tente de les retenir.

Mon cœur saigne et c'est ainsi depuis un an. Déjà un an.

Une main se pose sur mon épaule. Je me crispe. Mes muscles se tétanisent, je ne veux pas que l'on me voie aussi faible. Personne ne connaît mon secret. Il souhaite m'apporter son aide, mais Niels ne pourra rien accomplir pour réparer mon erreur.

Ce soir, je vais boire jusqu'à ne plus savoir comment je m'appelle. Je veux oublier son sourire, qui me hante dès que je ferme les yeux. Je craque. Putain, un an déjà... Si seulement j'avais su où cette soirée pour fêter la victoire allait nous conduire, j'aurais agi différemment. Mais on ne peut pas effacer l'ardoise ni revenir en arrière.

Le passé est gravé dans le marbre.

Et c'est avec son sang que les lettres ont été tracées sur cette pierre tombale...

BRENDA PIERCE 1989-2005

∞ ∞∞ ∞

➥ Le décor est planté, que pensez-vous de ce prologue ?

➥ Reyn est ce mec que tout le monde adule. Pourtant au fond de lui vit une tout autre personne. Noire. Mystérieuse. Coupable...

➥ Que s'est-il passé il y a un an d'après vous ?

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Bon dimanche, mes Love Boat, je vous embrasse

Kty.Edcall.Romance

Romance

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