Médecin du coeur

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22h, Fairview, appartement de Gabrielle

24 avril, cette date qui me hantait. Il y a 6 ans, elle avait été là avec moi pour célébrer. Le lendemain, elle n'était plus qu'un souvenir, une âme innocente de plus que la faucheuse avait injustement volée au monde.

Je n'ai jamais aimé fêté mon anniversaire. Je n'ai jamais vraiment aimé les fêtes non plus pour être honnête. Mais elle, elles les adorait. Des fois je me demande encore, comment on avait était apparentées.

Un frisson me parcouru alors que je tira sur ma cigarette presque terminée, et je rapprocha ma veste en cuir près de mon corps. Malgré le fait que ce soit le début du printemps, il faisait assez chaud pour être dehors en soirée, et j'avais attendu avec impatience ce moment depuis le début de la matinée. Me couper du monde, à l'écart de tout, juste moi et mes pensées qui me torturaient depuis mon réveil.

Fairview n'est pas une très grande ville. Il y avait un centre commercial, deux bars, une boîte de nuit et principalement l'université. Fairview se situait à une bonne heure de route de New York et était un total contraste à cette dernière. Il y avait très peu de bruit dans les rues, à part pour les quelques connards privilégiés qui utilisaient l'alcool comme source de soulagement et passaient leur nuits à rôder dans les avenues sombre et à s'évanouir sur les trottoirs.

Je ne pouvais pas vraiment leur en vouloir. Moi-même m'était retrouvée à noyer ma peine et stress dans la nicotine. Je n'aimais pas particulièrement le goût ou l'odeur, mais la sensation qu'elle me procurait était comme si l'on m'enlever un poids des épaules.

Et quand je dis un poids, je veux dire un camion-benne qui transporte le poids de Hulk en cailloux.

C'est lourd.

Je tira une dernière latte avant d'écraser le mégot dans mon cendrier fleurs DIY que maman m'avait offert l'an passé, et ouvra le mail que mon professeur m'avait envoyé à l'instant.

Merde, merde, merde.

C'était la liste des admis au concours de fin d'année. J'avais charbonnée comme une malade tout le semestre pour espérer voir mon nom écrit sur la liste. Mes cernes couleur arc-en-ciel était le produit d'une vingtaine de nuits passées à relire mes cours, à apprendre des listes interminables de termes à syllabes plus longues que ce mot dans Mary Poppins et à rédiger des dissertations plus sophistiquées les unes que les autres.

Ouais, j'en avais morflé.

Je me tenais la, comme une idiote, téléphone entre les doigts, tremblante à l'idée de ne pas figurer sur l'écran.

Bordel. Ressaisis-toi Gabrielle.

Ce n'est qu'une admission!

Non. Putain. C'est toute ma vie qui est en jeu là!

Bon j'exagère peut-être un peu.

Je n'ai même pas le temps d'angoisser de plus belle quand j'intercepte l'appel entrant de ma meilleure amie, Beverly.

- "Ta vu le mail de Trussaud?" Je l'entends à travers l'appareil.

- "Ouaip."

Je l'entends souffler comme si c'était évident.

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