3 : Nouveau pas en avant

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TW : blessure importante


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Il était rare que Jurençon prenne des décisions irréfléchies. En réalité, toutes l'étaient, même le jour où il avait réveillé Tybalt Estaffes dans un élan de détresse. Après tout, il avait ressassé l'idée pendant plus d'une année, si lancinante que même lors des missions les plus dangereuses, elle ne s'effaçait jamais totalement de son esprit. Elle lui avait même paru plus forte, lorsqu'un moment de faiblesse faisait trembler sa main sur son épée, ou qu'un détail de son plan dérapait, comme pour lui signifier qu'apprendre d'un Hélios lui serait hautement instructif pour être inarrêtable.

Si bien que lorsqu'il retourna dans le labyrinthe des Bannis six mois plus tard, il avait un véritable plan en tête pour ne pas s'effondrer comme il l'avait fait la première fois. Les mots de l'Estaffes avaient remué dans sa tête pendant un certain temps, malgré tout le soulagement que le demi-Hélios avait eu à rester avec ses amis dans l'Élite.

Mais ce soir-là, il venait de rentrer d'une nouvelle mission périlleuse après trois mois d'absence loin de l'Élite, dans les montagnes des géants, avec qui subsistait un différend dont Jurençon n'avait pas totalement compris l'origine. Fort heureusement, il n'avait eu comme ordre qu'à récolter des informations, usant de son titre de prince du royaume astrien et de haut membre de l'Élite pour présenter les respects du roi et de l'école aux géants avec qui il avait eu à côtoyer. Il avait fait des rapports réguliers, transmis à des nymphettes élitiennes, avant que Louis Serra ne lui envoie une dernière missive lui signifiant l'arrêt de la mission, une fois que Jurençon aurait mis la main sur un artéfact de l'Élite, que les géants avaient dérobés aux ogres après que ceux-ci l'ait eux-même volé au Premier Élitien quatre siècles plus tôt, le soir qui avait marqué la sombre histoire de la galerie des Chandelles dans l'école.

L'objet aurait pu paraître banal à bien des personnes mais Jurençon avait d'instinct perçu sa puissance. Il s'agissait d'un simple médaillon, qu'il n'avait pas réussi à ouvrir, mais dont l'apparence finement ouvragé laissait au moins deviner qu'il était précieux, à défaut de dévoiler la magie qu'il pouvait contenir.

La mission avait dérapé au moment précis où il avait mis la main dessus. Probablement parce qu'il ne s'était pas douté que l'objet soit considéré comme important aux géants au point qu'ils tentent de l'écrabouiller. Si bien que le demi-Hélios avait fuit de manière précipitée, semant rapidement ses opposants après avoir tout de même déposé un coffret rempli de diamantors pour tenter de réparer l'offense apparement commise.

Ce qui ne lui avait pas permis d'éviter la flèche qui s'était plantée dans son bras.

Le Pré-Élitien n'avait pas pu la retirer jusqu'à son retour à l'Élite. Il avait compris dès l'instant où il avait été touché que son os avait été fracturé et qu'un nerf avait été endommagé, au vu de la douleur qu'il avait ressenti quand la flèche s'était enfoncée dans sa chair. Et au vu du sang qui s'était longtemps écoulé le long de son bras, il était presque certain qu'une veine avait été touchée.

Ce n'était pas la première fois qu'une telle situation lui arrivait, d'autant qu'il avait appris de ses erreurs depuis, puisque lorsqu'il avait reçu une blessure semblable à ses 17 ans, il avait retiré la flèche d'un geste vif en pensant atténuer la douleur. À la place, le bout recourbé de la pointe avait davantage élargi sa plaie, et il s'était aussitôt retrouvé au sol, en pleurs, voyant son sang s'échapper à larges flots. C'était l'une des rares fois où Jurençon avait craint de mourir, et il savait que s'il ne s'était pas trouvé ce jour-là en présence de Tristan Boidoré, qui était avec lui lorsque son épreuve s'était mal déroulée, la situation aurait pu tourner au désastre. Le jeune homme lui avait fait un garrot avant de le traîner jusqu'au cabinet du docteur Soupont, qui s'était véritablement énervé pour une fois. Lorsque le médecin le sortir d'affaire, il lui fit plusieurs longs discours sur les précautions à prendre face aux blessures récoltées en mission. Juliette d'Argent, qui était alors l'apprentie du docteur depuis seulement un mois, lui avait à son tour fait un sermon, en lui signalant que si une veine était touchée, il était mieux d'atteindre avant de retirer la flèche, qui permettait tout de même d'éviter une hémorragie comme celle qu'il avait vécu. S'il était loin d'un endroit où être soigné, il pouvait couper les deux bouts de la flèche pour qu'elle ne le gêne plus par son ampleur, et poser un garrot au-dessus de la blessure avant de retirer le bois qui avait transpercé sa peau précautionneusement, et d'y appliquer un bandage serré et propre.

L'Arbre des mauvaises décisionsDonde viven las historias. Descúbrelo ahora