épisode soixante-douze

Depuis le début
                                    

– Bon, ça vous dit d'aller vous promener ?

Nous quoi ?

Non.

NOOOOOONNNNN !!!

– Ginny tu viens aussi, insiste ma mère.

ENVOYEZ-MOI A NEW YORK PAR PITIÉ !!!

Quelques minutes plus tard, je pleure sur le sort de mes pauvres converses cloutées qui doivent subir les affres de la balade dans les champs. Je hais ces gens qui m'infliger une telle torture !

– Ah... L'adolescence ! s'exclame mon oncle d'un ton moqueur. Tu verras Petite-Ginny, un jour tu apprécieras l'air de la campagne !

J'en doute.

Le seul air que j'aime, c'est celui pollué de la ville.

– Du coup, les vieux d'à-côté ont enfin accepté de te vendre leur ferme ?

Je lève les yeux en écoutant la discussion de mes oncles. Qu'est-ce que j'en ai à faire de leurs transactions sérieux ? Je maudis ma mère pour avoir osé m'infliger une telle punition ! Parce que oui, qui dit repas de famille, dit écouteurs confisqués.

– Pourquoi vous voulez absolument le terrain des voisins ? s'étonne ma mère.

– Leur terrain est bio, par conséquent on n'a pas le droit d'utiliser certains pesticides, bougonne mon oncle. A cause de ces écolos de merdes, nos rendements sont moins bons. Ils sont vieux et vont bientôt passer l'arme à gauche, leurs fils sont des espèces de phénomènes de foires qui préfèrent coudre des vêtements comme des pisseuses plutôt que de reprendre la ferme de leurs parents.

– Puisque c'est qu'une question de temps, pourquoi insister maintenant ? demande mon frère, les sourcils froncés.

– Le prix de l'immobilier est en baisse en ce moment, autant en profiter.

Je lève les yeux au ciel, me rappelant soudainement pourquoi je déteste cet endroit. Toutes ces guéguerres ridicules sont l'une des nombreuses raisons qui ont amené ma mère à quitter mon incapable de père, et tant mieux pour nous tous ! Il doit traîner dans le coin mais jusqu'à présent, je ne l'ai jamais croisé. Je suppose qu'à l'heure actuelle il doit être en train de trimer dans un champ ou jouer de la bouteille au bar du coin.

– Vous voulez voir le terrain ? demande l'un de mes oncles.

– C'est dans le coin ? demande ma mère par politesse.

– Oui, c'est sur la route.

Je lève les yeux au ciel, comptant les secondes qui me séparent de mon retour à la maison.

Les yeux rivés sur mes Converses, que je tente de dépoussiérer toutes les deux minutes, je n'écoute guère les éloges de mes oncles sur le fameux terrain dont ils parlent.

– Non mais regardez-là celui-là ! s'exclame-t-il. Sérieusement ? Qui porte une veste pareille ? On le croirait sortit tout droit d'une comédie musicale !

– Moi c'est surtout ses cheveux qui m'interpellent ! enchaîne oncle numéro 2. Sérieusement, on dirait une fille avec ses cheveux argentés !

Le temps que j'analyse toutes les informations, une voix surprend tout le monde :

– Tiens ! Salut Ginny !

Je relève les yeux et manque de tomber avant de me rattraper in extremis sur la manche d'un long manteau victorien.

UN MANTEAU VICTORIEN ???

– LEIGH ? je m'exclame.

Je tourne la tête et découvre, avec effroi, venant vers nous :

this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant