IV- Nolens volens

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Ton malheur était passé. "Les meilleurs jours sont devant nous" comme dirait la plupart des optimistes. Tu t'essayais à adopter une philosophie plus "épicurienne" et cela fonctionnait à merveille! Ta dernière mésaventure avec un seigneur suprême remontait il y a plus de trois mois, et desormais, le cour de ta vie eut repris son rythme habituel. Tu travaillais au restaurent avec toujours les même clients, le même trajet, le même bonnet pour dissimuler ton visage.
La routine que tu haïssais auparavant, celle que tu aurais troqué sans le moindre doute, fut au final ta plus grande source de réconfort.
C'était aussi comme ça dans ta précédente vie, tu voulais plus, toujours  plus.
Alors aujourd'hui tu souhaitais te complaire dans ta simplicité. Un appartement petit mais confortable, un métier agréable, une amie aimante, rien d'autre n'était nécessaire.  Tu jouais ce mentra comme une boucle infernale dans ton esprit.
Toutefois, essayer ne veut pas dire réussir.

Tu étais là, contemplant tes nouveaux achats compulsifs. Tu avais vaguement entendu dire que "Vox" était apte à se téléporter via les objets électriques, mais aucune source ne fut vraiment fiable. Puis, finalement, il n'y aurait aucune raisons pour que son intérêt pour toi n'ait perduré. Tu eus réfléchi un long moment avant de prendre ta décision, et elle se trouvait juste devant toi sur le canapé usée.
Impatiemment, tu deballais ton nouvel ordinateur. Ce n'était pas un engin de première génération, il portait la trace indéfectible d'une vieillesse et d'un précédent utilisateur. Qu'importe, il ne te fallait pas une machine de guerre, juste de quoi satisfaire ta petite dépendance.
Le carton volait sur ton plancher mal lavé, te laissant tater les touches de ton récent bien. Tu te retenais presque d'enfouir ton nez de coton pour en sentir l'odeur. Il était d'un noir simple, griffé très légèrement sur la vitre et il manquait également la "barre espace", rien de méchant, rien dont tu ne pourrais pas t'accomoder.

Tu l'allumais tandis qu'un son familier et agréable indiquait qu'il fonctionnait. Omnibulée, heureuse, tu entrais un mot de passe ainsi que ton prénom. Ces quelques minutes de paix furent agréables, tu redecouvrais comme une enfant la dopamine que créait internet sur ton cerveau. En un clique tu écoutais de la musique, dansant idiotement car personne ne te regardait et que parfois on ressent le besoin d'être ridicule. Ensuite, tu consultais tes réseaux sociaux, ne découvrant qu'un flux d'actualités aussi dérisoire qu'à l'accoutumé. Et pour finir, tu t'appretais à envoyer un message à Gabi pour lui faire part de ton bonheur.
Mais tu étais trop naïve et cela eut constamment raison de toi. Ton écran se mit à grésiller, affichant aléatoirement des pixels de couleurs étranges sans te donner l'occasion de battre des cils. Du vert, du rouge, du jaune et du bleu se mélangeaient jusqu'à exposer ta sempiternelle vidéo, "ton heure de gloire" comme l'appelait Judy. Au début cela te tétanisait, tu te retrouvais une fois de plus figée et béate sur cet extrait d'une minute tout au plus, cependant, ta stupéfaction se tamisait doucement. Son moyen de pression devint blasant, rien qu'en réalisant cela tu sentis tes épaules se décontracter.
Certes, cette capacité de manipulation le rendait terrifiant, néanmoins la manière dont il l'utilisait te rassurait quelque peu. "Une mécanique qui crépite, n'est-ce pas donc le summum de la puissance surnaturelle?" T'étais-tu hurlé sans passer la barrière de tes lèvres. Peut-être que c'est en voyant ta mine peu impressionnée que ta machine reprit son fonctionnement adequat. Une drôle de sensation, que tu n'eus pas remarqué jusqu'à présent, quittait la pièce exiguë, te permettant de prendre une grande inspiration que tu ne savais pas retenir. Tu soufflais, agacée, plus dérangée qu'apeurée par cette violation de ta vie privé. Ce serait faux  de dire que ton coeur ne battait pas comme le tambour de la guerre et qu'une perle de sueur ne coulait pas le long de ta tempe. Une poupée qui sue à grosses gouttes, voilà une jolie plaisanterie. À peine plus amusante qu'une télévision antropomorphe qui avait attendu patiemment que tu te connectes à un appareil.

{Vox X Reader} La Séquence Héroïque Donde viven las historias. Descúbrelo ahora