I- Alea jacta est

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La seule chose qui te caractérisait parfaitement, ce fut ta malchance constante. Si de l'eau se renversait sur le sol, tu serais certaine de glisser, si quelqu'un jetait un ballon un peu trop fort, tu savais qu'il te retomberait dessus comme si la gravité avait fait de toi son centre. La malchance était ton quotidien, une meilleure ennemie que tu domptais à petit feu.
Peut-être était-ce grâce à celle-ci que tu te trouvais en enfer, "le cercle de l'orgueil" de ce que tu eu entendu, mais cela importait peu désormais. L'enfer c'est l'enfer, l'étage dans lequel tu résidais ne changeait rien à cela.
Au moins, le pentagramme détenait ses avantages, tel la facilité à se procurait toutes sortes de produits illicites sur terre. La drogue en faisait partie, mais tu ne t'y risquerais pas, tu réussirais probablement à faire une overdose et causer ta double mort. Non, cette fois-ci, quand il sera l'heure de ton trépas, tu feras en sorte que cela soit épique, exceptionnel, bien loin du premier!
À ce moment là tu avais à peine seize ans, tu étais juste une jeune fille qui jonglais mal avec la vie et qui ne parvenais pas a garder la bonne ligne vers le droit chemin. À vrai dire tu ne te souciais pas beaucoup des conséquences avant d'ouvrir les yeux sur un ciel rouge. L'enfer, c'est l'enfer, il ne fallait pas exiger la lumière des étoiles ni celles des constellations. C'est dommage, tu avais toujours souhaité voir une aurore boréale, toutefois, la seule chose qui rayonnait ici bas fut la lueur du paradis qui semblait te narguer.
Aujourd'hui, tu arrivais dans ta vingtaine et tu étais devenue, dans ce lieu de perdition, l'adulte morose que tu aurais été dans ta peau d'humaine. Que ce soit là ou ailleurs, il n'y eut aucunes différences, seulement quelques regrets.
Tu avais naïvement cru que ta fidèle malchance se serait lassée de toi avec la distance, elle se faisait discrète depuis ces dernières années après tout. Que pouvait-elle bien te faire subir de plus? En vérité tu l'eu découvert assez vite.

Un bâtiment en flamme, une évacuation loupé et un pauvre petit diablotin qui criait par delà une fenêtre. Tu n'étais pas forcément une personne courageuse, tu te serais probablement décrite comme "lâche" dans une discussion anodine. Mais cette fois-ci tu n'eu pas écouté ta peur, ni la plus logique de tes pensées, tu as juste commencé à escalader l'immeuble en direction du troisième étage. C'est quelque chose que tu savais faire mieux que personne, ton enfance se rythmait à base de jeux puérils avec tes voisins lors des agréables soirées d'été. Sauter de toit en toit possédait la même facilité que plonger ta cuillère dans une soupe, tu maîtrisais, tu excellais. Tes mains furent glissantes à cause de la chaleur, cependant, tu parvenais toujours à te hisser de balcon en balcon. L'adrénaline t'entourait dans une étreinte serrée, te permettant aisément d'atteindre la sous-espèce de démon qui t'attendait plein d'espoirs. Il était tout petit, léger comme une plume. Il montait sur ton dos, enroulant sa queue fourchut sur ton bras, comme si il avait peur que finalement tu décides de le laisser tomber sur le béton sal. Ces frissons d'angoisses, cette odeur fragile de désespoir, tout cela te fut familier, un mauvais souvenir qui s'entremêlait avec ta peau. Tu voulais chasser ces bribes de ton esprit sans pour autant en être capable.
La descente fut plus longue que la monté, peut-être parce que le tumulte dans tes veines s'apaisait, ou alors, tu prenais enfin conscience du bourbier dans lequel tu rentrais tête baissée. Tout le monde te fixait, ébahis, reconnaissant et dégoûté. Il ne fallait pas se méprendre, certaines belles âmes chantaient aussi ici malgré qu'elle ne soient pas derrière les grandes portes dorées. Elles étaient juste celles qui se faisaient devorer en premier. Les agneaux t'admiraient et les loups ne désiraient que te déchiqueter.

Tu avais atteint le trottoire pavé les genoux tremblants, bien plus instable que lors de ton aventure idiote. Le garçonnet se précipitait dans les bras de sa mère qui restait béate et figée, celle-ci te murmurait quelques mots inaudibles à tes oreilles. Leurs yeux à tous ressemblaient à une douche froide, surprenante et désagréable. Tu sentais déjà ta respiration devenir instable.

- Mademoiselle venez ici!

Tu sentais un bras squelettique attraper tes épaules et te tirer brusquement. Tu avais tenté de lutter fébrilement, seulement la poigne fut trop forte et ton corps toujours tristement engourdie. Les choses se deroulaient trop vite pour ton esprit encore agité, tu avais l'impression qu'on eut saisit ton crâne pour le secouer, rien n'était limpide à par ta propre incompréhension.

Tu papillonais des cils pour réaliser que tu étais devant une caméra avec l'unique Katie Killjoy, qui enfonçait ses ongles dans ta chaire pour t'empêcher de bouger.
C'est vrai, tu étais en face de la 666 News Studio, une piètre coïncidence.

- Tom, tu nous reçois? Je suis en direct avec la jeune fille qui a bravé le feu pour sauver cette petite chose. Dis moi chérie, qu'est ce que ça fait d'être un héros parmis toute la pourriture de l'humanité?

Tu détectais de la moquerie dans son ton, de la condescendance dans son expression, tu n'aimais pas cela. Tu n'aimais pas passer à la télé sans qu'on ne te donne l'occasion de dire "Non".

- Chérie, tu es sourde? Ses doigts te griffaient mais tu connues pire.

- Il n'y a pas de héros j'ai juste était effrayée. Maintenant lâchez moi!

Tu t'étais dégagée de ses serres d'un coup vif, et si ta peau avait été aussi fine qu'auparavant, certainement le sang coulerait sur une longue traînée. Il n'en fut rien, désormais tes os ne connurent comme couverture qu'une sorte de chiffon étrange, une matière indéfinissable.
Dans une vie ou dans l'autre, tu restais une poupee desarticulée, bonne a jeter une fois l'âge de raison passé. Tu étais un jeu avec lequel on aimait parier, un jeu qui se taisait, un jeu qu'on manipulait à sa guise. Il ne te manquait que les fils pour devenir la parfaite marionnette. Cependant, même si tes jambes contenaient un semblant de coton et de muscles mortels, tu courrais vite, assez vite pour disparaître dans une ruelle sombre.

Ton souffle fut saccadé, exempte de tout rythme cohérent, s'harmonisant dans un concerto avec ta flutte cardiaque. "Ce n'est rien" te répétais-tu sans savoir si tu le prononçais réellement. "Pourquoi en faire tant de grabuge? Ce n'est rien, juste une broutille qui va disparaître dans le néant"
À l'instant où tu parvint à canaliser tes émois, un vibrement insupportable fit trembler ta cuisse. Machinalement, tu saisis ton vieux téléphone brisé, rendant le contenu du message à peine lisible.

-"C'est toi?" Questionnait Gabi en t'envoyant un lien.

Puis, le moment final que tu redoutais tant s'acheminait ici.
C'était une vidéo de toi, affrontant les flammes à travers le chaos.
"Ses membres sont en tissus!" Clamait un commentaire, et tu roulais des yeux, car il avait juste et faux à la fois.
"C'est stupide!" Déclarait un autre, et à celui-ci tu ne donnais pas tort.
Tandis que tu faisais défiler le flux d'actualités, de nouvelles phrases se formaient, elles paraissaient affluer comme si tous les pêcheurs eurent décider de remarquer le petit extrait pathétique. Jusqu'à présent, l'idée de la célébrité ne t'étais jamais venu en tête.
Tu pinçais ton cou, espérant te reveiller de cet affreux cauchemars. Rien ne pouvait aggraver la situation, du moins c'est ce que tu te dis avant de voir qu'un seigneur suprême eut partagé ton "exploit".
L'incontournable Velvet donnait un titre à l'événement:

"La Séquence Héroïque"

{Vox X Reader} La Séquence Héroïque Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang