Chapitre 5 : Les mots bleus

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— Je pensais qu'après ce que tu avais subi, tu te tiendrais à carreau.

Mon cœur s'arrête pendant une seconde. Je me retourne avec lenteur en essayant d'inventer mille excuses à ma présence dans ce couloir. Rien ne me vient, simplement parce que je n'imaginais pas échouer.

À quelques mètres de moi, Anoki me lorgne d'un œil mauvais. Il a la posture du mec en rogne qui hésite entre me bouffer ou me jeter entre les griffes du dirlo.

— Footing nocturne, réponds-je avec mon insolence habituelle. Quel bien fou, tu devrais essayer. Ça te détendrait et tu as l'air d'en avoir sacrément besoin.

Il fronce les sourcils et son regard cascade le long de mon corps. Quand il plante ses iris perçant dans le mien, j'ai l'impression troublante qu'il vient de lire dans mon âme.

— On t'a appris l'approche furtive et la dissimulation d'odeur. C'est intéressant à savoir.

— Tu n'as pas idée de l'étendue de mes compétences. Mes parents sont Alphas, je te rappelle.

Je parle rarement des heures d'entraînement intensives prodiguées par mon paternel pour me rendre plus forte, intouchable, surpuissante.

À son image.

— Qu'est-ce que tu fous ici ? enchaine-t-il, agacé. Ne me balance pas une connerie, ton sarcasme me tape sur le système.

C'est qu'il est susceptible.

— J'explore, rétorqué-je sans tressaillir. J'ai le droit de me faire une idée des merdes qui m'attendent. Et toi ?

Rares sont les loups-garous capables de me surprendre, y compris les Exécuteurs. Celui de ma meute n'a jamais réussi. Mon père m'a trop bien formée. Du moins, je le pensais jusqu'à maintenant.

— Moi aussi, j'explore, prétend-il avec un sourire carnassier.

— Arrête de me fixer comme ça.

— Si tu retournais dans ta piaule, Crimson ?

— J'ai un prénom, c'est Alix. Je te le rappelle, parce qu'on ne peut pas être aussi beau et posséder également de l'intelligence. La vie n'est pas si bien faite, désolée.

Il ne bronche pas et ses iris continuent de me transpercer avec la douceur de lames en argent. Il m'énerve, bon sang ! Pourtant, je ne me repentis pas de mon faux sourire.

— Retourne dans ta chambre, ordonne-t-il.

— Sinon quoi ? Tu vas m'y traîner de force ?

— L'idée me plaît bien.

Il avance d'un pas léger. Son pouvoir m'englobe tout à coup, m'enfermant dans une bulle où il est difficile de respirer. Bordel, il est doué. Pas étonnant que les gardes le craignent. Foutu Exécuteur.

— Que cache cette tour ? demandé-je pour reprendre contenance. C'est le genre de lieu qui me fera regretter de l'avoir trouvé, c'est ça ?

Son rire acerbe coule ne moi comme du miel. Ce son plein de mépris réussit l'exploit de paraitre sexy à l'oreille.

— Je ne suis pas certain que tu le regretteras, en réalité, lance-t-il en s'arrêtant, les mains dans les poches.

Je prends son comportement pour une sorte de trêve, et j'en profite donc pour insister :

— Pourquoi ?

— Parce qu'il y a des regrets qu'on ne peut pas avoir en entrant dans certains endroits.

La malédiction du dieu-loupWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu