Julie-TSA

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Si vous ne connaissez pas la terminologie, veuillez ne pas vous renseigner, vous pouvez essayer de deviner au fur et à mesure de l'histoire. (vous comprendrez à la fin pourquoi je vous conseille de ne pas le faire.)

Il était l'heure d'aller en cours, Julie pris une grande inspiration, elle avait la boule au ventre, rien qu'à voir la foule devant le collège...
Passer devant autant de gens renforçait son sentiment de différence, la jeune fille avait l'impression d'être une extraterrestre dans ce monde.
Elle traversa l'entrée le plus vite possible pour retrouver son groupe d'amies.
Elles rigolaient ensemble, Julie se rapprocha du groupe et entendit le sujet de discussion, elles se moquaient de certaines personnes, juste par plaisir. L'adolescente n'était pas en accord avec ce genre de discussion, le smalltalk ou les moqueries ne l'intéressait pas. Un seul sujet la passionnait : le monde du cinéma. Les gens étaient surpris de ses connaissances à propos de cela. Julie rêvait d'avoir un groupe d'amis avec qui elle pourrait en parler sans s'arrêter.
Seulement, elle ne voulait pas déranger, ni être rejetée, alors elle sourit à leurs paroles.
Quand les jeunes filles parlaient, Julie était en analyse, essayant de déchiffrer, les sous-entendus, les expressions faciales, les temps de parole...
Chaque conversation lui coûtait une énergie terrible, surtout quand elle n'était pas en accord avec ses valeurs.
Par conséquent, l'adolescente avait toujours été décrite comme timide. Julie préférait se faire discrète pour ne pas qu'on la trouve bizarre.
Tout d'un coup, elle fut coupée de ses pensées par l'une des filles du groupe ;
- Toi, tu en penses quoi de cette clocharde ?
Voyant l'attention portée sur sa réponse, elle paniqua, elle détestait critiquer, la fille qu'elles visaient était différente, certes, mais ne méritait pas d'être traitée de cette manière.
- Je suis d'accord avec vous, après...on peut parler d'autres choses.
- Ouais, dit plutôt que tu n'en as rien à faire de ce qu'on dit.
Voyant les filles rigoler, elle fit de même. Mais cela ne leur convenait pas, elles s'arrêtèrent.
- Sympa...
Julie ne comprenait pas leurs réactions, elle ne voyait pas ce qu'elle avait fait de mal, elle avait pourtant fait ce qu'il fallait, copier leurs réactions, être toujours d'accord, sourire et rigoler même aux blagues qu'elle ne comprenait pas...
- Désolée, je n'aurais pas dû dire ça...
La cloche sonna juste après cette parole, elles allèrent donc se ranger. La jeune adolescente n'avait pas eu de réponses, elle culpabilisait sans comprendre ce qu'elle avait fait de mal.
Le professeur arriva et la classe se dirigea vers la salle de classe. Le groupe d'amies s'asseyaient. Comme d'habitude, Julie se retrouvait seule. L'adolescente ne leur en voulait pas, elle avait fini par s'habituer à être traitée de cette manière, pensant que c'était normal.
Le cours passait lentement, et Julie était déconcentrée, elle se sentait surstimulée. Elle était éblouie par la lumière, ses vêtements la serraient.
Mais le pire restait les bruits. Elle entendait tout à la même hauteur, tellement que ça devenait compliqué de se concentrer sur les paroles du professeur. L'horloge, les chuchotements, les bruits de stylo, le vidéoprojecteur...
C'était trop pour elle, Julie se sentait de plus en plus mal, sans parler de migraine que provoquait cette accumulation d'informations...
La jeune adolescente demanda donc d'aller aux toilettes, le professeur accepta sans y faire attention.
Julie sortis de la classe, elle avait des vertiges, son cœur battait à un rythme intensif.
Elle s'enferma dans les toilettes, se boucha les oreilles et ferma les yeux, elle se sentait apaisée, tellement qu'elle aurait pu y rester des heures, malgré l'odeur des produits chimiques qui lui attaquaient les narines.
Quelques minutes, plus tard, la sonnerie retentit, elle n'avait donc pas besoin de retourner dans le cours.
Julie aurait aimé que ses amies s'inquiètent de son état, mais au même moment où elle sortit, elle les aperçut se diriger vers un banc en riant à tout éclat.
La jeune fille sentait ses yeux se remplir d'eau, elle ne se sentait pas à sa place ici, nulle part d'ailleurs. Elle se sentait coincée entre la normalité et la différence.
Évidemment, elle fonctionnait de façon atypique, mais elle était si douée pour le masquer, quitte à empiéter sur sa propre santé.
Julie s'assit dans un coin de la cour, voyant tout le monde s'amuser.
Elle vit un groupe de deux personnes s'approcher d'elle.
Quand ils firent assez proche, elle reconnut la fille, c'était celle que ses amies détestait, mais qu'elle admirait.
- Salut ! Tu fais quoi toute seule ?
- Euh... Je... Rien.
- Pourquoi t'es partie de la classe tout à l'heure ?
Demanda le garçon.
- Je ne me sentais pas bien, un peu trop de bruit, je pense.
- On comprend. On voulait te dire quelque chose.
Les deux adolescents s'assirent à côté d'elle.
- On est tous les deux neurodivergents, c'est-à-dire qu'on a un fonctionnement différent de la majorité des personnes. D'ailleurs, c'est pour ça que tu as dû entendre des gens parler sur nous de façon négative. On se moque souvent de nous parce qu'on a arrêté de le cacher. Maintenant, on est mieux tous les deux, on peut parler des sujets qui nous obsèdent, on se comprend.
- Désolée, qu'on soit méchant avec vous.
Le garçon tourna la tête en direction du groupe de fille.
- Tu traînes avec elles ?
- Oui.
- Et tu te sens toi-même ?
- Pas vraiment, mais ce n'est pas grave.
- J'imagine que quand tu rentres chez toi, tu dois être totalement replié sur toi, épuisée avec toutes ces difficultés sociales, et sensorielle.
- Oui... Mais comme tout le monde.
- On pensait pareil, mais non, pas comme tout le monde.
La fille commença à parler.
- On s'était dit... Que... Peut-être, on pourrait t'enlever un poids... Tu pourrais avoir des amis qui t'accepterais comme tu es, avec qui tu aurais moins besoin de cacher ta différence.
- Je ne pense pas que ça existe...
- Nous.
- Oh, je vois... Mais comment vous pouvez savoir que je suis comme vous ?
- On s'en est douté, quand on est soi-même concerné, c'est plus simple de l'identifier.
Tu sais, quand on parle de notre spécificité, les gens ont un cliché préconçu, ils ne nous croient pas.
- Pareil...
- T'as un sujet qui te passionne ?
- Oui, mais ça vous ennuierais.
La fille répondit en rigolant.
- Il m'a bien parlé des animaux aquatiques pendant des heures alors ne t'en fais pas.
Ils rigolèrent, et Julie aussi, mais cette fois son rire était sincère.
- Ok... Moi, c'est le cinéma qui m'intéresse...
Ils étaient attentifs alors elle continua.
Julie se sentait légèrement mieux, avec eux. Malgré les difficultés sensorielles, elle s'autorisait à être un peu plus elle.

Bon, je vais vous dévoiler ce que veut dire TSA !
Ça signifie "trouble du spectre autistique."
Le spectre autistique est caractérisé par 3 grands piliers : Les difficultés sociales (communication, le non-verbal, les codes sociaux...), les difficultés sensorielles (hypersensibilité et/ou hyposenbilité) et les intérêts restreints et répétitifs: (routines, angoisse face au changement, intérêt spécifique (passion obsessive pour des sujets ou loisirs)...)
J'ai fait exprès de représenter cette différence neurologique avec une fille. Tout simplement parce que beaucoup de personnes voient l'autisme sous la représentation d'un petit garçon blanc qui fait une crise dans un magasin. Seulement, il peut passer plus inaperçu, l'autisme peut-être verbal et sans déficience intellectuelle.
Les filles autistes ont tendance à passer à côté du diagnostic, car elles ont des très bonnes capacités d'adaptations. (qui peuvent les emmener vers un burn-out)
Il est essentiel de briser les préjugés sur cela, pour éviter les retards de diagnostics. Car le simple fait d'avoir le nom, peut avoir un impact positif énorme sur la personne.
Encore merci d'avoir lu jusque-là, c'est grâce à vous qu'on va faire la différence ❤️‍🩹

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