Émile-Phobie scolaire

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Le réveil sonna, dès son écoute, Émilie sentit une sensation d'étouffement dans sa poitrine. Elle s'empressa de l'éteindre, elle n'avait qu'une envie : se rendormir pour ne plus penser à cette réalité qui l'épuisait. Ce qui la mettait dans cet état, c'était les cours, une chose insignifiante pour beaucoup, un enfer pour elle.
Plus le temps passait plus l'angoisse montait en elle, pensant déjà à la journée qui l'attendait.
Elle se demandait souvent ce qui n'allait pas chez elle, pourquoi cela lui demandait autant d'efforts comparer aux autres personnes de son âge. Il lui arrivait souvent de se dévaloriser et de penser qu'elle était tout simplement plus faible que les autres. D'ailleurs, la jeune fille entendait toujours la même chose.
"Ce n'est pas si compliqué d'y aller, tu abuses."
"Pas-si-compliqué"
Trois mots qui la mettaient hors d'elle.
Elle enfila sa tenue pour la journée et finit de se préparer, non sans mal.
Il était l'heure.
Son teint blanc inquiéta sa mère qui lui demanda.
- Tu vas bien ?
Si elle répondait honnêtement, la réponse serait évidemment négative, mais elle se contenta de dire ;
- Oui, je suis juste un peu barbouillée ce matin.
Émilie rentra dans la voiture.
Le trajet était silencieux, l'adolescente avait la tête tournée vers la vitre, appréhendant l'approche de son établissement, rien qu'en y pensant, un frisson d'angoisse lui parcourut chaque partie de son corps. Jusqu'à maintenant, elle avait réussi à dépasser cette sensation de mort imminente, ne voulant pas décevoir ses parents avec des absences, elle s'en rendait malade et chaque journée qui se rajoutait dans la semaine la rendait encore plus mal quand il fallait y retourner...
Cette fois, c'était trop, dès la vision de son établissement, ses peurs se transformèrent en une avalanche de pensées angoissantes. Son cœur suivait la cadence, ainsi que sa respiration. Elle était oppressée, bloquée. Cette crise d'angoisse était encore pire que d'habitude, tellement qu'elle cru mourir.
La mère d'Émilie, se questionna sur le temps que la jeune fille prenait pour descendre de la voiture, elle voyait que quelque chose clochait, elle voulait en savoir plus ;
- Tu ne descends pas ?
Elle aurait voulu y répondre, elle aurait voulu se montrer forte, mais elle était dans l'incapacité d'ouvrir la bouche, la seule chose qui pouvait être considérée comme réponse, était ses larmes qui commençaient à couler sur la surface de ses joues.
Sa génitrice était confuse, elle voyait que sa fille n'allait pas bien en ce moment, elle se sentait impuissante et avait l'impression de toujours répéter des paroles, qui n'était pas appropriées.
Elle ralluma le moteur de la voiture, temps pis pour aujourd'hui, même si c'était à contrecœur, elle voyait bien que sa fille n'était pas en capacité d'y aller.
Aussitôt, Émilie reprit ses esprits, sa crise d'angoisse disparue lentement laissant seulement place à des larmes de culpabilité.
L'adulte aurait voulu la rassurer, lui dire qu'elle était là pour elle, mais elle ne put rien dire.
L'ambiance était froide, sans paroles, aucune des deux ne savait quoi dire.
La jeune fille ne supportait pas cette tension, alors elle prit la parole avec une voix tremblante qui trahissait la tristesse qu'elle ressentait ;
- Désolée, j'aurais dû y aller.
Après un silence, la mère de l'adolescente répondit :
- Ce n'est pas grave, tu iras demain.
Cette phrase ne rassurait pas Émilie qui appréhendait déjà que cela se reproduise à nouveau.
Mais elle se tut, pour le reste du trajet.
Arrivées à destination, elles descendirent de la voiture de façon synchronisée,
Elles rentrèrent dans leur domicile.
Émilie se dirigea directement vers sa chambre, mais sa mère l'interpella :
- Tu vas où comme ça ?
- Dans ma chambre, je vais réviser pour mon contrôle de demain et commencer à rattraper les cours que je vais manquer aujourd'hui.
- Tu ne veux pas faire une pause ?
Cette proposition étonna Émilie ;
- Une pause, c'est bien la première fois que je t'entends dire ça.
- Oh, arrête de tout dramatiser, tu ne m'as juste pas l'air en forme, par rapport à ce qui s'est passé..
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que sa fille la coupa.
- ne t'en fais pas, je vais bien, je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai eu un blocage.
Elle ne laissa pas sa mère y répondre, elle lui tourna le dos, se dirigeant vers sa chambre à pas fermes.
La jeune fille s'assit à son bureau et commença à sortir ses cours, peu convaincue du travail qu'elle allait fournir.
Elle se sentait nerveuse, à peine, elle avait commencé à remettre le nez dans ses cours, qu'elle commençait à ressentir ce qu'elle avait senti avant.
La simple utilisation de ses cahiers était compliquée.
Elle n'en pouvait plus.
Elle essayait d'essuyer ses larmes dès qu'elles quittaient le recoin de ses yeux.
Mais, au même moment, la mère d'Émilie rentra.
Et aperçu la détresse de l'adolescente, elle s'assit sur le lit d'Émilie et, après une inspiration, dit :
- J'ai pris ma journée aujourd'hui, pour toi.
- Quoi ? Mais pourquoi ? Tu n'as pas besoin de faire ça, je te dis que tout va bien.
- Arrête de répéter que ça va, tu étais encore en train de pleurer quand je suis arrivée, je suis d'accord pour dire que tu dois être fatiguée vu le nombre d'heures que tu dors, mais il n'y a pas que ça.
Il y eut un silence, qui s'expliquait par la confusion d'Émilie, qui n'avait rarement vu sa mère lui parler de cette façon.
- Je peux essayer de t'expliquer, mais tu risques de ne pas comprendre...
Voyant l'attention de sa mère fixée sur ce qu'elle allait dire, elle reprit ;
- Le problème, c'est l'école. Rien que de prononcer ce mot, j'en ai la chair de poule. Se lever tous les matins est une épreuve, ainsi que rester dans un établissement en ayant l'impression que je n'en ressortirais jamais. Et le pire, c'est que je ne peux pas l'expliquer, je n'ai pas de problème de harcèlement, c'est vrai que les notes et la pression scolaire sont des problèmes majeurs de ma vie jusqu'à présent, mais je ne comprends juste pas...
À peine le dernier mot prononcé, elle regretta d'en avoir parlé de cette façon
- Désolée, j'exagère, ça doit juste être une phase, je pense...
- Merci de m'avoir expliqué, c'est vrai que j'ai du mal à trouver les bons mots, et j'ai tendance à projeter des résultats sur toi... Mais tu as besoin d'aide, je pense que tu devrais... Peut-être... Voir quelqu'un ?
Au premier abord, cette idée ne convenait pas à Émilie, car cela voulait dire que ce n'était pas qu'un moment compliqué, qui allait passer avec le temps ou un peu plus d'efforts, mais au fond d'elle, elle savait qu'elle avait besoin d'aide.
-D'accord, je veux bien essayer.

Merci pour votre lecture, j'ai représenté une version de la phobie scolaire (imaginée avec renseignements sur ce trouble)
La phobie scolaire est un trouble anxieux qui cause une intense anxiété à l'idée d'aller à l'école.
Si vous êtes concernés, je vous envoie tout mon courage, vous n'êtes pas seuls, vous pouvez chercher de l'aide en en parlant à un adulte de confiance, à un ami, à une ligne d'écoute anonyme (filsantejeune.fr, 0 800 235 236...), ou avec un professionnel si vous en avez la possibilité.

Vous pouvez proposer en commentaire des thèmes que je pourrais aborder  prochainement, ainsi que des prénoms.
Vous êtes libres de témoigner en commentaire,
Merci pour votre attention 🫶

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