Aaron-Trouble Bipolaire

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Ce matin Aaron s'était levé de bonne humeur, d'ailleurs, on ne peut pas dire qu'il avait beaucoup dormi, le jeune homme n'en ressentait pas le besoin. Il se sentait comme sur un nuage où tout était parfait, peut-être un peu trop. Ça en devenait légèrement illusoire. Il se sentait euphorique depuis plusieurs semaines déjà, le jeune garçon savait que ça allait s'arrêter. Il n'a jamais connu de nuances dans ses émotions, il pouvait rester des semaines, des mois, même parfois des années dans un état de bonheur inestimable, et puis d'un coup tout devenait sombre, le contraste était bien réel et n'était pas installé avec douceur.
Il se prépara et se regarda dans la glace de son miroir, Aaron se sentait puissant, beau, son estime de lui était gigantesque, il avait l'impression de dominer le monde.
Il sortit, pris ses affaires et parti en direction du centre commercial. Pendant ses phases maniaques, il n'avait pas le ressenti du danger, d'ailleurs, il prenait souvent des risques sans les mesurer avant.
Aaron marchait sur la route, le sourire aux lèvres.
Arrivé à destination, il se dirigea vers le magasin.
Il fit le tour des boutiques, petit à petit son sac se remplissait d'objets achetés plutôt impulsivement...
Les fonds que le garçon gagnait dans ses stages rémunérés n'avaient plus vraiment d'importance, à ce moment-là. Il en avait perdu la valeur de l'argent.
Il passa à la caisse pour payer ses dernières affaires, mais au moment où il s'apprêtait à le faire, il sentit quelque chose en lui se briser. Aaron essayait de ne pas y faire attention, la peur de retomber dans une phase dépressive lui été régulier à partir du moment où il a commencé à se sentir bien.
Le caissier avait aperçu que quelque chose n'allait pas.
- Vous allez bien, jeune homme ?
L'adolescent essayait de reprendre ses esprits.
- Oui, juste un coup de fatigue.
Il baissa la tête dans le but de continuer ce qu'il était en train de faire, il fut surpris de ce qu'il avait acheté, comme s'il se rendait compte de l'impulsivité dont il avait fait preuve durant ses achats. Aaron sentit l'impatience des clients derrière et de l'homme qui montrait un léger énervement. Son cœur s'accélérait, tout était allé si vite, il devait trouver un moyen de sortir de cette situation.
- Je... Je suis désolé, j'ai besoin de faire demi-tour, il y a des articles que je ne veux plus prendre finalement.
Les gens derrière le regardaient mal, comme s'il avait fait exprès d'avoir perdu du temps.
- D'accord, passez une bonne journée.
- Merci vous aussi.
Il essaya de se faufiler dans l'immense queue de personnes, puis expira en sortant, il avait retenu sa respiration sans s'en rendre compte.
Aaron reposa tous ces achats sans exceptions, et partit le plus vite possible.
Le jeune garçon retourna chez lui, l'air attristé, il était vide, angoissé, déprimé... Alors qu'il avait fait l'allée en sautillant de joie.
Sa mère le vit et le trouva différent.
- Ça va ? T'as l'air triste ?
Il leva les yeux en l'air, le jeune garçon trouvait qu'elle était bien trop intrusive dans sa vie privée.
- Oui, ne t'inquiète pas.
- Il s'est passé quelque chose ?
Il commençait à être agacé par cet interrogatoire.
- Je te dis que je vais bien, maintenant, lâches moi.
La génitrice ne répondit pas.
Aaron culpabilisait d'avoir réagi de cette façon.
À vrai dire, son mal-être se caractérisait principalement par de la colère et de l'irritabilité.
Il monta en direction de sa chambre, s'allongea sur son lit, regardant le plafond.
Des larmes coulèrent, il bouillonnait intérieurement, il avait besoin d'évacuer cela...
Des millions de pensées traversèrent son esprit.
Jusqu'à qu'il ne puisse plus le supporter, il commença à s'énerver.
L'adolescent renversa tout dans son passage en criant de douleur mentale.
Lui qui voyait la vie en couleur il y a quelques heures, maintenant, c'était comme si tout était en noir et blanc.
Il se rendit compte du bazar qu'il avait mis, ce qui multiplia ses pleurs.
La mère du garçon avait entendu, elle rentra, même si elle savait qu'elle n'allait pas être bien reçue.
Elle ouvrit la porte, s'arrêta net, surprise de l'état de la pièce. Puis elle leva la tête et vit son fils, la tête posée sur son coussin mouillé par la rivière de sa tristesse.
- Aaron... S'il te plaît, parle-moi, je veux t'aider.
Il ne répondit rien pendant un instant, il se leva, les yeux rouges, les joues pleines de larmes et répondit.
- Tu ne peux pas comprendre.
- Pourquoi ?
Il y eut un silence, l'adulte repris donc la parole.
- Écoutes, je sais qu'on ne parle pas de grand-chose, à part des banalités de la vie quotidienne... Mais j'ai un truc à te dire.
Quand j'avais ton âge, je n'allais pas bien, j'étais instable émotionnellement, je pouvais être là plus heureuse du monde pendant des mois et d'un coup, ne plus ressentir de bonheur du tout.
Pendant les phases où je me sentais bien, j'étais considéré comme un danger pour moi-même, je prenais des risques comme si j'avais plusieurs vies, je me sentais au-dessus du monde.
Quand je n'allais pas bien, je restais dangereuse pour moi-même parce que je me faisais du mal pour atténuer la douleur mentale. J'ai développé en parallèle énormément d'addictions.
J'ai dû aller en hôpital psychiatrique pendant des mois... J'aurais dû t'en parler, pour pas que tu te sentes seul, je suis désolée...
Le discours de sa mère était comme un miroir en face de lui. La surprise d'apprendre cette histoire se mélangeait avec de la compassion pour celle-ci. Il voulait dire quelque chose, mais elle ouvrit la bouche avec peu d'assurance.
- Il y a autre chose... Aussi...
Il est possible que tu souffres du même trouble que moi, quand tu étais enfant, mon psychiatre m'a expliqué qu'il y avait une part de génétique dans cela. Il m'a émis la possibilité que tu sois prédisposé à vivre la même chose, qu'il fallait te prendre en charge s'il y avait le moindre doute... Pour éviter un diagnostique tardif.
L'adolescent se sentit blessé par ces propos, il réagit de façon impulsive, on lui avait toujours décrit la psychiatrie de façon négative.
- Je ne suis pas fou !
- Bien sûr que non ! La santé mentale, c'est tout aussi important que la santé physique, ça se complète.
Le jeune garçon s'assit sur son matelas, il avait l'air de réfléchir.
- Je pourrais m'en sortir ?
- Tu apprendras à vivre avec, tu auras des outils et sûrement des médicaments pour réguler tes émotions, te connaître...
- Ça ne répond pas à ma question.
- Oui, ça va aller mieux c'est promis.
Elle lui sourit, ils avaient une complicité, qui n'était pas apparue depuis des lustres.
Aaron se sentait compris, pour la première fois de sa vie.

Mercii pour votre attention 🫶
Le trouble bipolaire est un état pathologique grave qui provoque des hausses et des baisses d’humeur extrêmes qui influent sur la façon dont une personne pense, se comporte et fonctionne (Source :https://www.camh.ca/fr/info-sante/index-sur-la-sante-mentale-et-la-dependance/le-trouble-bipolaire).
Il est plus facile à diagnostiqué à l'âge adulte pour la maturité du cerveau (qui finit de se former vers 25 ans) mais des symptômes sont souvent observables à l'enfance et à l'adolescence.
J'espère avoir représenté ce trouble de façon correcte, si vous voyez des erreurs dans la représentation de ce trouble, n'hésitez pas à m'en parler.
Encore merci à vous ❤️‍🩹

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