Chapitre 18 - Sauvetage

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Cécilia ne sut combien de temps elle était restée là, à dormir il lui sembla reprendre conscience à quelques reprises, lui laissant simplement le temps d'ouvrir les yeux puis de les refermer. La dernière fois qu'elle eut cet élan de conscience, il lui sembla qu'il pleuvait, que l'eau tombait vigoureusement sur son corps froid et inanimé.

La pluie tombait avec une intensité croissante, martelant la terre autour d'elle et la trempant jusqu'aux os. Cécilia sentait chaque goutte froide pénétrer sa peau, l'envahissant de sensations désagréables alors qu'elle luttait pour retrouver pleinement ses esprits.

Dans son état de semi-conscience, elle sentit des mains puissantes l'étreindre et la soulever de terre. Cécilia ressentait instinctivement la présence familière de Blackwell qui la portait à travers la jungle. Bien qu'elle ne puisse pas le voir, ses sens étaient en éveil, reconnaissant chaque mouvement, chaque geste de celui qui la tenait fermement dans ses bras.

Malgré la pluie battante et l'obscurité qui enveloppait leur environnement, Cécilia se sentait en sécurité dans les bras de Blackwell. Sa respiration régulière, ses pas assurés et la chaleur rassurante de son corps lui insufflaient un sentiment de réconfort dans cet océan d'incertitude.

Elle se raccrochait à cette certitude, à cette conviction profonde que Blackwell était là pour la protéger, pour la ramener en sécurité loin des dangers qui rôdaient dans la jungle.

Le réveil plongea Cécilia dans un état de confusion. Ses paupières s'ouvrirent lentement, révélant une pièce sombre et inconnue. La jeune femme cligna des yeux plusieurs fois, tentant de chasser les brumes du sommeil et de se familiariser avec son environnement.

La chambre était sobrement meublée, éclairée par la lueur tamisée d'une bougie vacillante. Les murs étaient ornés de tentures sombres, tandis qu'un tapis épais recouvrait le sol de bois. Rien dans cette pièce ne lui était familier, et une pointe d'angoisse commença à s'insinuer dans son esprit.

Cécilia se redressa lentement, la tête lui tournant légèrement. Elle porta la main à son front, cherchant à apaiser le léger malaise qui l'assaillait. Elle retint son souffle en remarquant la silhouette assise sur le fauteuil à l'autre bout de la pièce. Malgré la pénombre, elle devinait la stature imposante de Blackwell. Son cœur s'emballa à cette vue inattendue, mêlant un sentiment de soulagement et une pointe d'appréhension.

Cécilia observa attentivement le visage de Blackwell, éclairé faiblement par la lueur de la pièce. Habituellement marqué par la dureté et la fermeté, son expression semblait différente dans le sommeil. Les traits tendus de son visage semblaient s'être relâchés, conférant une douceur inhabituelle à ses traits.

Elle remarqua la tranquillité qui émanait de lui, contrastant avec l'image habituelle d'un homme dur et impitoyable. Une émotion étrange remua dans le cœur de Cécilia alors qu'elle contemplait cette scène, un mélange de curiosité, de compassion et peut-être même d'admiration.

Cécilia observa le léger mouvement de Blackwell dans son sommeil, ses traits se crispant légèrement alors qu'il semblait plongé dans un rêve agité. Cette expression fugace ramena à son esprit les nombreux défis et dangers auxquels ils avaient été confrontés ces derniers jours.

Elle se demanda ce qui pouvait bien troubler le sommeil de cet homme, habitué à affronter les périls de la mer avec une détermination inébranlable. Dans cet instant de vulnérabilité, elle réalisa que, malgré leur différence de statut et les circonstances qui les avaient réunis, Blackwell était tout aussi humain qu'elle, avec ses propres peurs et ses propres luttes intérieures.

Un sentiment de compassion s'empara de Cécilia alors qu'elle observait cet homme endormi. Elle se surprit à ressentir de l'empathie pour lui, lui souhaitant secrètement la paix et le réconfort dans ses rêves tourmentés.

Secouant brusquement la tête pour chasser cette pensée de son esprit, Cécilia se rappela brutalement de sa situation précaire. Elle n'avait pas le luxe de s'apitoyer sur le sort de Blackwell, ni le droit de s'attarder sur des sentiments de sympathie à son égard.

Alors qu'elle s'apprêtait à se lever du lit, Cécilia s'immobilisa, surprise par la découverte d'un nécessaire de soin à côté du lit. Son regard se posa sur ses mains, et c'est alors qu'elle remarqua les traces de sang séché sur sa peau pâle. Elle frissonna, réalisant soudain qu'elle avait été blessée.

Avec précaution, elle inspecta ses bras et ses jambes, découvrant plusieurs égratignures et une coupure peu profonde. La douleur commença à se manifester, confirmant la réalité de sa blessure. Se souvenant vaguement de sa chute dans la jungle, Cécilia ressentit une pointe d'inquiétude. Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Que c'était-il passé avec Edward ?

À peine Cécilia posa-t-elle les pieds à terre qu'une douleur lancinante la traversa, lui arrachant un râle de douleur. Le bruit laissa Blackwell dans un sursaut, sortant immédiatement de son sommeil. Il se redressa d'un bond, alerte, prêt à affronter toute menace qui aurait pu se présenter.

Son regard sombre balaya la pièce, cherchant la source du bruit. Lorsqu'il repéra Cécilia, debout mais visiblement souffrante, son expression se durcit.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il d'une voix grave, se rapprochant rapidement de la jeune femme pour évaluer son état.

Cécilia serra les dents pour réprimer la douleur qui lui vrillait le corps. Elle avait du mal à se tenir debout, mais elle ne voulait pas montrer sa faiblesse au pirate.

- J-Je ne sais pas... Balbutia-t-elle, tentant de dissimuler sa douleur.

Blackwell posa une main ferme sur son épaule, la forçant à s'asseoir sur le bord du lit.

- Laissez-moi voir ça, il ne faut pas que votre blessure s'aggrave. Insista-t-il, son ton autoritaire ne laissant place à aucune réplique.

Cécilia hésita un instant, puis elle se résigna à lui montrer sa blessure. Avec précaution, elle souleva sa robe pour révéler une entaille sa jambe.

Ç-Ça n'est pas si douloureux que ça en a l'air ... Mentit-elle, espérant dissimuler l'ampleur de sa blessure.

Le regard perçant de Blackwell plongea dans le sien, comme s'il pouvait lire à travers ses mensonges. Après un moment de silence, il soupira et se leva pour chercher des fournitures médicales.

Cécilia hésita un moment, mais la fermeté dans le regard de Blackwell la convainquit de s'asseoir sur le lit. Elle se laissa donc glisser avec précaution sur le matelas, sentant la douleur lancinante irradier de sa jambe blessée à chaque mouvement.

Blackwell s'agenouilla devant elle, son expression sérieuse alors qu'il examinait attentivement la blessure. Avec des gestes précis, il nettoya délicatement la plaie, ignorant les gémissements de douleur de Cécilia. Son visage était proche du sien, et elle pouvait sentir la chaleur de son souffle sur sa peau.

- Vous être plus résistante que je l'avais imaginé, j'ai mis du temps à vous retrouver. Murmura-t-il, son ton autoritaire laissant transparaître une pointe de préoccupation.

Cécilia détourna le regard, submergée par un mélange d'émotions contradictoires. D'une part, elle se sentait mal à l'aise d'être dans une telle proximité avec Blackwell, mais d'autre part, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine gratitude envers lui pour avoir pris soin d'elle.

Elle se mordit la lèvre pour réprimer la douleur alors qu'il continuait à désinfecter et à panser la blessure. Une fois qu'il eut terminé, il se redressa et croisa les bras, son regard scrutant le sien avec intensité.

Cécilia prit une inspiration avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres :

- Que s'est-il passé ? Pourquoi avons-nous été attaqués ?

Blackwell laissa échapper un soupir, son expression se durcissant légèrement avant de répondre d'une voix grave :

- Nous avons été attaqués par Edward Queen, un homme que je connais trop bien ... j'ai comme qui dirait exterminé sa flotte il y a quelques années. Cet homme est dangereux, il n'est pas corsaire, enfin, il ne l'est plus depuis longtemps. Queen a été traqué par de nombreux corsaires britanniques pour trahison, vol, meurtres et mutinerie, votre père était l'un d'eux.

Cécilia déglutit difficilement, réalisant la gravité de la situation. Elle se sentit soudainement prise dans un tourbillon d'émotions contradictoires, partagée entre la peur et le soulagement d'être en vie.

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