Beyond The Seas

Chapitre 12 - Confiance

Quelques minutes plus tard, Blackwell avait conduit tant bien que mal la jeune femme dans ses quartiers, lui précisant qu'elle serait en sécurité.

- Pourquoi n'avez-vous pas appelé à l'aide, ou alors crié ?! Lui demanda sèchement l'homme alors qu'il la laissait retomber mollement sur l'un des fauteuils.

Cécilia, encore secouée par l'incident dans la cale, sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Les mots restaient bloqués dans sa gorge, étouffés par la peur et la confusion qui l'assaillaient.

- J-Je ne sais pas. Balbutia-t-elle enfin, sa voix tremblante trahissant son état d'émotion. J'ai eu peur ...

Cécilia, tremblante, l'esprit embrumé par la peur mais aussi par le choc, peinait à exprimer sa crainte. Puis, d'une voix tremblante, elle demanda à Blackwell pourquoi l'un des siens s'en était pris à elle.

Après quelques secondes qui parurent une éternité, Blackwell soupira profondément, comme s'il comprenait les tourments de la jeune femme.

- Restez ici. Déclara-t-il d'un ton plus doux, presque compatissant, avant de se diriger vers la porte.

Cécilia, trop terrifiée à l'idée de rester seule dans ses quartiers, prit une profonde inspiration et rassembla son courage. D'une voix tremblante, elle demanda à Blackwell de rester un moment.

- Je préfère ne pas rester seule ... pouvez-vous rester avec moi ? Murmura-t-elle, sa voix trahissant son anxiété.

Blackwell s'arrêta, surpris par la requête de la jeune femme. Son regard scrutateur semblait peser chaque mot, chaque geste de Cécilia.

Un instant de silence s'installa, lourd de tension et d'incertitude. Puis, après un bref moment de réflexion, Blackwell acquiesça d'un signe de tête résolu.

Les mots de son bras droit lui revinrent en tête. Il lui avait conseillé d'aborder Cécilia avec plus de bienveillance, cependant, la bienveillance, lui, il ne savait pas faire.

Il avait cependant conscience que pour allier la jeune femme à sa cause, il allait devoir jouer sur ses traumatismes. Il savait, qu'au fond d'elle, Cécilia entretenait une profonde haine envers son père.

- Soit. Consentit-il sobrement, sa voix empreinte d'une étrange bienveillance.

Blackwell s'était alors installé à son bureau, observant la jeune femme de ses yeux clairs et perçants. Cécilia essayait tant bien que mal de se remettre de ses émotions, l'épuisement prenant doucement le contrôle sur son esprit.

Évidemment, elle sentait le regard sombre du pirate sur elle, mais à ce moment-là, Blackwell lui importait peu.

Soudainement, plusieurs coups furent frappés à la porte, faisant sursauter la jeune femme. Un rapide coup d'œil inquiet vers le pirate lui permit de comprendre qu'aucun danger ne la guettait.

- Entre ! Ordonna Blackwell fortement.

C'était Floyd, son second :

- Capitaine, Sirius est mort. Il annonça d'une voix grave.

Sans une once de remord, Blackwell ordonna durement :

- Qu'il soit jeté par dessus bord.

Cécilia, témoin de cet échange glacial, sentit une onde de terreur parcourir son être, réalisant la brutalité impitoyable qui régnait parmi ces hommes. Floyd hocha la tête, son visage reflétant à la fois la résignation et la loyauté envers son capitaine. Sans un mot de plus, il quitta la cabine, laissant Blackwell et Cécilia seuls.

Dans un silence tendu, Cécilia fixa Blackwell, son regard empli d'appréhension mêlée de détermination.

- Que comptez-vous faire de moi ? Demanda-t-elle d'une voix faible mais résolue, ses yeux cherchant des réponses dans ceux du capitaine.

Blackwell la regarda longuement, ses pensées voilées derrière une expression impénétrable. Puis, d'une voix calme mais chargée de menace contenue, il répondit :

- Ce que je ferai de vous dépendra de la réponse de votre père.

Un frisson parcourut l'échine de Cécilia alors qu'elle comprenait qu'une lettre sanglante adressée à son père avait été écrite par Blackwell.

- Mon père... Murmura-t-elle, sentant le poids de la culpabilité peser sur ses épaules. S'il est comme vous le décrivez, il ne viendra pas, vous le savez ?

Blackwell inclina légèrement la tête, ses yeux scrutant chaque mouvement de la jeune femme.

- Tout comme vous savez que si vous ne m'êtes plus d'aucune utilité, vous mourrez. Déclara-t-il d'un ton dur, empreint de colère contenue. Cependant, je doute que le grand William Wentworth recule face à moi.

Cécilia déglutit difficilement. Les mots que l'homme employait étaient durs, mais la jeune femme gardait la tête haute.

- Choisir qui meure et qui vit, tel est votre pouvoir ? Demanda-t-elle, sa voix tremblante de peur et d'incertitude.

Blackwell hocha la tête. Oui, tel était son pouvoir, un pouvoir lourd de responsabilité.

- J'ai entendu parler de vous ... avant d'être ici. J-Je veux dire qu'en Angleterre on parle souvent de vous comme étant un puissant pirate. Tout ce que j'ai pu voir de vous jusqu'à aujourd'hui, c'est que vous vous fichez de la vie de chacun, vous tuez comme si de rien n'était ! Elle gronda d'une voix forte, la voix secouée par quelques sanglots.

- Vous auriez préféré que je le laisse s'en prendre à vous ? C'est peut-être votre genre après tout ... Il s'énerva tout en haussant la voix.

Cécilia regretta rapidement ses paroles, préférant baisser rapidement la tête à l'approche furieuse de son geôlier. Blackwell serra les poings, piqué par le fait qu'elle ne le réduise qu'à la description de son propre père.

- Vous ne me connaissez pas, je me trouve d'ailleurs bien clément vis à vis de vous. Continuez à tester ma patience, et mes hommes se feront un plaisir de vous faire connaître le même sort que votre amie Judith.

Cécilia serra les dents, hors de question qu'il ne la livre à ces barbares !

- D'ailleurs, je n'ai pas retrouvé la lame dans votre robe après les bains. Peut-être serait-il bien de commencer par là et me la remettre ? Il gronda, le regard furieux.

Immédiatement, les joues de la jeune femme devinrent rouges de honte. Comment l'avait-il su ?

- J-Je ne vois pas de quoi vous parlez ! Elle s'empressa de répondre, serrant fermement les pans de sa chemise en lin.

- Je n'aurai aucun remord à vous fouiller pour la retrouver.