Chapitre 5 - Le large

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Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que les jeunes femmes avaient été confinées dans l'obscurité étouffante d'une pièce exiguë sur le Black Weapon. Leurs seuls repères étaient les faibles lueurs solaires filtrant à travers les interstices des planches de bois qui formaient leur geôle, sur le navire des pirates.

Perdues dans cette temporalité indistincte, captives au cœur même d'un vaisseau pirate, la notion du temps s'estompait dans leur esprit tourmenté.

L'une des captives, la délicate rousse nommée Judith, avait été emmenée, arrachée à leur groupe déjà ébranlé. Son départ avait sapé leur fragile espoir, laissant un vide oppressant.

Kesiah et Cécilia tentaient de maintenir une lueur d'espoir, de réconforter Joan et l'autre jeune femme, Aurinda, en proie à l'angoisse.

Cette captivité forcée les avait rapprochées, offrant un baume à leurs âmes meurtries. En de telles circonstances, la solidarité féminine se révélait précieuse, une rare lueur d'humanité au sein de cet enfer maritime.

- J'espère qu'elle reviendra bientôt ... Murmura Aurinda, lovée dans un maigre lit de fortune.

Le silence accueillit ses paroles, seul le regard approbateur de Cécilia traduisit son consentement, tandis qu'elle se redressait avec une détermination grandissante.

- Peut-être, en allant lui parler, pourrait-on obtenir notre libération ... Il y a un enfant parmi nous, un homme respectable ne saurait faire de mal à un enfant ! Sexclama-t-elle, serrant les poings avec férocité.

Joan baissa le regard, cherchant refuge dans les bras de sa sœur. Kesiah l'étreignit tendrement, secouant la tête avec résignation.

- Je crains qu'il n'y ait pas de solution à notre problème. Peut-être devrions-nous simplement accepter notre destin. Avança-t-elle d'une voix empreinte de doute et de résignation.

Aurinda ne put retenir son indignation :

- Quel genre de sœur es-tu ? Quel genre de personne accepte que sa jeune sœur de treize ans soit souillée et humiliée par ces monstres ?! Gronda-t-elle avec véhémence.

Kesiah se redressa, les larmes perlant sur ses joues rougies par l'émotion.

- Ma sœur est ce que j'ai de plus précieux au monde. Oui, j'ai évoqué l'acceptation de notre sort, mais jamais avant d'avoir épuisé toutes les voies pour l'éviter. Sachez que personne sur ce navire ne portera la main sur ma sœur. Il faudra me passer sur le corps.

Joan s'agrippa à sa sœur, tandis que cette dernière la réconfortait dans un torrent de larmes. Cécilia observa silencieusement la scène, consciente de son devoir de rester lucide.

- Personne ne périra. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour survivre et surmonter cette épreuve. Ayez confiance en cela Déclara-t-elle avec une détermination inébranlable.

D'un pas décidé, elle frappa à la porte, puis la martela pour exiger qu'on lui ouvre. Son attente fut récompensée par l'apparition d'un géant, qui la toisa avec mépris. Malgré son trouble face au mastodonte, Cécilia se ressaisit à l'écoute des sanglots de ses compagnes restées derrière elle.

- Je désire parler au capitaine, immédiatement ! Ordonna-t-elle d'une voix qu'elle voulut ferme.

L'homme la scrutait d'un regard indifférent, mais finit par acquiescer, l'attrapant par le bras pour la conduire hors de la cale.

Les pirates vaquaient à leurs tâches, indifférents à sa présence. Cécilia chercha des yeux son amie sans succès, tandis que le géant l'entraînait vers une imposante porte de bois.

Beyond The SeasWhere stories live. Discover now