épisode soixante-quatre

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– Absolument pas, je réponds. Mes grands-parents tenaient une boutique d'antiquité dans le quartier universitaire. Mon père est le premier de la famille à faire de longues études.

– Et vous, comptez-vous également suivre de longues études ?

Ambre s'étouffe avec son verre d'eau mais je préfère l'ignorer.

– À vrai dire, je ne suis pas certaine de ce que je vais faire l'année prochaine, je réponds poliment. Certainement pas des études de sciences, ça c'est sûr. Je pensais peut-être aller en fac d'histoire ou de lettres en attendant d'y voir un peu plus clair... Ou peut-être des études de théâtre.

– Aujourd'hui cela ne mène à rien d'étudier ce genre de choses.

– Peut-être, je réponds. Mais l'ambition n'a jamais une caractéristique de famille. Mes grands-parents ont éduqué mon père avec quasiment rien. Quand on tient une boutique d'antiquités, on apprend vite que souvent, la richesse matérielle n'importe que peu. Et parfois, ce sont les objets les plus insolites qui sont les plus précieux. Mon père a grandi avec cette idée et il m'a transmis cette manière de penser. Avoir de l'argent c'est bien, cela permet de ne pas se retrouver avec un prêt étudiant sur 20 ans, mais avoir de l'argent pour avoir de l'argent, cela n'a pas d'intérêt.

– C'est facile à dire lorsqu'on a grandi avec cet argent, me contredit Francis.

– Peut-être, je réponds. J'ai totalement conscience d'être privilégiée, c'est pour ça que je n'ai aucun problème avec l'idée de donner cet argent. Si ma meilleure amie, dont la mère est une simple employée de bureau, a des problèmes financiers, elle sait qu'elle peut compter sur moi et qu'elle n'aura pas à m'en être redevable. J'ai de l'argent, elle non, alors c'est normal qu'on se répartisse nos richesses.

Et voilà comment on plombe l'ambiance chez des droitards...

La suite du repas se déroule quasiment dans le silence. J'insiste pour aider à débarrasser mais il semblerait que l'employé de cuisine dans cette maison soit Nathaniel. Même un putain de dessert, ils ne peuvent pas se lever pour se servir eux-mêmes...

BANG !!

Je sursaute et manque de renverser mon verre d'eau alors que le père de Nathaniel, qui paraissait calme l'instant d'avant, frappe du poing sur la table avec une violence inouïe.

– NATAHANIEL !

– O-Oui...

– Combien de fois je vais devoir te répéter de ne pas oublier les PETITES CUILLÈRES quand tu mets la table ?! COMBIEN ??

Sérieusement ? Tout ça pour ça ?

La dernière fois que mon père m'a crié dessus de cette façon c'est parce que... bah en fait il l'a jamais fait.

Cette scène ne fait que renforcer mon pressentiment vis à vis de cet abject individu.

– C'est déjà la deuxième fois cette semaine !

Bah desserre ta cravate, bouge ton cul et va chercher ces cuillères toi-même connard ?

Heureusement, je me suis contentée de le penser. Je doute qu'il aurait apprécié qu'une gamine comme moi n'ose lui parler ainsi.

– Excusez-le, Mademoiselle, dit-il en se tournant vers moi. D'ordinaire, mon fils sait mettre la table correctement.

– Ce-Ce n'est pas si grave, je réponds, hésitante.

– Si ça l'est ! Un jeune homme qui a reçu une bonne éducation connait un minimum l'art de la table.

Le mec qui a rien fait à part mettre ses pieds sous la table et il ose dire ça ? C'est officiel, je préfère largement les parents de Castiel (quoi que... laisser leur fils se débrouiller seul H24 pour privilégier leur taff, c'est bof bof).

this is me trying || Amour SucréWhere stories live. Discover now