CHAPITRE 32

6 0 0
                                    

Mercredi 21 octobre 2020, 11 h 20

Appuyés sur le capot d'une épave de voiture, Connor, Lucrèce et Frédéric étudiaient la carte avec attention. Un peu plus loin, Miranda montait la garde. Les jumelles jouaient dans une flaque d'eau, tandis que Macron se dégourdissait les pattes et se soulageait dans un petit parterre d'herbe.

Le groupe était arrivé dans la ville depuis quelques minutes. Il ne restait plus qu'à trouver le laboratoire pour lequel ils étaient venus, ainsi qu'un abri pour la nuit. Comme la jeune femme s'y attendait, la ville était loin d'être sûre. Ils avaient déjà croisé une aubergine à l'angle d'une rue, ainsi que quelques choux de Bruxelles en embuscade dans une ruelle. Même de là où elle se trouvait, elle pouvait clairement voir des racines qui se mouvaient dans les aérations d'une bouche d'égout. La ville était assez grande et devait receler de nombreux dangers dans le même genre.

Pour autant, elle était plus préoccupée par la visible tempête qui se préparait que par leurs dangereux colocataires. Le ciel s'était fortement assombri tout au long de la dernière heure et le vent soufflait de plus en plus fort. Il ne faisait que pleuviner pour l'instant, mais ils ne devaient pas s'attarder.

Depuis l'apocalypse, les cataclysmes naturels étaient devenus aussi dangereux que les légumes. À cause de la Marée Rouge, la pluie causait souvent de grandes inondations qui limitaient toute visibilité. Les tempêtes, elles, faisaient voler les nombreux débris jonchant le sol dans toutes les directions, au point de plusieurs fois causer des espèces de mini-tornades qui participaient au ravage des ruines qui composaient leur quotidien. Plus inquiétant, il n'était pas si rare que les bâtiments, déjà fragilisés par le tsunami, s'effondrent sous la puissance du vent, parfois sur la tête des rares survivants qui y avaient trouvé refuge. Ça ne lui été jamais arrivé, mais ils avaient croisé les cadavres de deux personnes sous des décombres une fois, ce qui lui avait servi de leçon.

Le feulement caractéristique de Macron la tira de ses pensées. Elle se tourna vers le chat. Le poil hérissé, il grondait sur quelque chose devant lui. Il donna un grand coup de patte dans un brin d'herbe avant de reculer à la hâte. Miranda s'approcha pour voir ce qui le mettait dans cet état, et aperçut une racine serpenter entre les herbes.

— Bon minou.

Elle se retira et rejoignit le groupe, non sans avoir fait signe aux jumelles de revenir près d'elle.

— On doit partir, dit-elle aux autres adultes du groupe. La zone n'est pas sûre, il y a des racines qui se rapprochent. Vous avez trouvé un itinéraire ?

— Oui, répondit Connor.

— Non, le contredit Frédéric.

Les deux hommes se dévisagèrent un long moment, aussi surpris l'un que l'autre. Lucrèce leva les yeux au ciel et soupira.

— On a deux choix, expliqua-t-elle. Soit on passe par le centre-ville au risque de croiser des saloperies sur la route. Soit on contourne par-là, montra-t-elle avec son doigt, mais au risque de devoir passer par ce gros magasin-là. C'est un centre commercial.

— On ne sait pas combien de personnes sont mortes à l'intérieur, insista Frédéric. Ça pourrait être bien pire que de passer par le centre-ville. La ville n'est pas gigantesque, on pourrait avoir plus de chances de passer inaperçus.

— Ou de se retrouver coincés par un bâtiment effondré, ou une pile de voitures, ou une citrouille, grogna Connor, qui de toute évidence avait déjà énoncé ces arguments. On a aussi besoin de ressources, le centre commercial pourrait nous aider à refaire un stock.

Miranda hésita. Frédéric avait raison : le centre-ville semblait l'option la plus sûre, même s'ils devaient contourner quelques obstacles en chemin. Néanmoins, Connor marquait un point. Leurs ressources diminuaient dangereusement. Refaire quelques provisions lui semblait tout aussi important, encore plus s'ils étaient amenés à rester sur place pendant quelque temps. Avec les jumelles, et maintenant Lucrèce, ils seraient rapidement en manque de nourriture. Il fallait aussi prendre en compte l'arrivée prochaine de l'hiver, et quoi de mieux que des magasins de vêtements pour trouver de quoi tenir chaud ? S'ils continuaient de monter vers la Norvège comme c'était prévu, ils allaient rapidement en avoir besoin. De plus, ses chaussures étaient tellement usées qu'elle pouvait sentir les rugosités du sol sous ses pieds. En trouver des neuves ne pourrait pas faire de mal.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 10 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Macédoine | Roman post-apo avec des légumes géantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant