Le néerlandais sentit très clairement son cœur louper un battement. Ce n'était donc pas qu'une expression ; cela pouvait vraiment arriver ailleurs que dans les films de Noël et les romans à l'eau de rose. Il aurait juré que, l'espace d'une demi seconde, son cœur avait cessé de battre. Les mots du monégasque, associés à son regard perçant, l'avaient traversé telle la foudre pourfendant un pauvre arbre qui n'aurait rien demandé.

Ok, il délirait complet. Il fallait absolument qu'il se ressaisisse. Heureusement pour lui, il était le roi de la répartie.

- Sinon, je devrais le récupérer par la force, il répliqua automatiquement.

Ce fut au tour de Charles d'être soufflé. Bien fait pour lui. Il profita de cet instant de battement pour se saisir du poignet du monégasque et récupérer son téléphone. Devant le regard faussement outré qu'il lui jeta, il ne put s'empêcher de rire et de tendre un bras pour lui pincer une côte. Le brun se recroquevilla légèrement sur le côté, par réflexe, et laissa échapper un rire à son tour.

Un chatouilleux ? Intéressant. Max se promit de conserver précieusement cette information dans un coin de son esprit.

- On va commencer la conférence !

Les deux pilotes se tournèrent immédiatement vers la petite femme brune qui venait de prendre la parole au micro. Ils se réinstallèrent bien confortablement au fond du canapé, se retenant de rire, sous les yeux amusés des autres pilotes présents qui n'avaient pas loupé une miette de la scène. Il était évident pour chacun que ces deux-là s'étaient rapprochés depuis plusieurs mois ; seulement, ils n'étaient habituellement pas si démonstratifs dans leur comportement l'un envers l'autre.

Seul Pierre ne fut pas amusé. Il fronça les sourcils, se remémorant instantanément la manière dont le champion du monde s'était interposé entre lui et son ami deux semaines auparavant en Espagne. Quelque chose lui échappait, mais impossible de savoir quoi.

Un premier journaliste prit la parole, lançant les hostilités.

Pour notre duo préféré, la suite de la conférence ne fut que jeux de regards et sourires échangés, à l'image d'un flirt adolescent. Max s'y découvrit d'ailleurs un nouveau passe-temps : analyser tous les petits tics corporels du monégasque. C'était, à son goût, bien plus passionnant que d'interagir avec les médias. Sa jambe gauche qui tremblotait légèrement lorsqu'il s'ennuyait, sa manie de toucher le bord de sa casquette et de baisser la tête lorsqu'il était gêné, ses fossettes accentuées par un petit sourire lorsque leurs regards se croisaient... Il était incapable de se concentrer sur autre chose que le charme évident de l'homme à ses côtés.

Son attention doubla au moment où Charles se tortilla légèrement pour extraire son téléphone de sa poche. Lorsque l'écran s'alluma, il ne put s'empêcher d'y jeter un coup d'œil par curiosité. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit que, par-dessus son fond d'écran représentant les membres de sa famille, ses propres points au championnat étaient affichés.

Max Verstappen, 158pts. Classement : 2ème.

Le néerlandais sourit en détournant le regard. Il ne savait pas si le fait que le pilote Ferrari garde un œil constant sur sa position au classement était adorable ou affreusement représentatif de la rivalité qui les liaient.

Inconsciemment, il penchait plus pour la première option.

- Ma question est pour Max. Pensez-vous pouvoir gagner sur ce circuit ?

L'interpellé soupira, longuement. Fini de rêvasser, le devoir l'appelait. Agacé par l'aspect ridicule de la question qui lui était adressée, il répondit :

GAME - Charles Leclerc/Max VerstappenWhere stories live. Discover now