épisode quarante-huit

Depuis le début
                                    

En faisant un détour vers le rayon d'occasion, je suis immédiatement attirée par leur collection de livres anciens. Je passe délicatement la main sur les ouvrages avant de m'arrêter sur l'un d'entre eux. Il s'agit d'une vieille édition en langue originale du célèbre Alice aux pays des merveilles. Je sais que Ginny adore le film mais qu'elle n'a jamais lu le livre. C'est pourquoi je l'ajoute à ma pile de livres.

Je me mets à sourire en découvrant juste à côté le livre d'une de mes pièces de théâtre préférées, à savoir le célèbre Fantôme de l'Opéra, je l'ai déjà mais ne résiste pas à l'envie de le prendre, ayant une idée bien en tête.

C'est la vibration de mon téléphone dans ma poche qui me rappelle à l'ordre. Voyant l'heure avancer, je me dirige vers la caisse pour payer, remerciant le salaire indécent de papa de me payer mes folies. Prise d'une impulsion soudaine, je fais également un détour vers la boutique de vêtements, me demandant quand est-ce que Rosalya s'est ainsi infiltrée dans mon esprit.

***

Les yeux rivés sur l'écran de ma tablette, je lis les instructions d'une nouvelle recette. Puisque mon très cher père a décidé d'officiellement me présenter à sa petite-amie de dix ans sa cadette avant de partir en urgence pour une opération qui ne doit pas durer "plus de deux heures" mais s'éternise depuis maintenant cinq heures, je ne peux pas compter sur ses talents médiocres de cuisinier pour impressionner sa belle.

La sonnerie attire mon attention, j'abandonne ma tablette pour appuyer sur la commande de l'entrée, ouvrant le portail. J'ouvre la porte et accueille avec le sourire le plus convaincant possible l'invitée. Hélène est une femme beaucoup trop jolie pour être avec un vieil homme comme mon père. Bon, en réalité, il n'est pas si vieux que ça vu qu'il m'a eu à genre 20 ans, mais quand même ! Qu'est-ce qu'une femme aussi douée de ses mains, d'esprit et de corps fait avec un type hyperactif de presque 40 ans qui passe son temps à ronchonner ? Parce qu'il faut pas croire, c'est de lui que je tiens mon caractère hein !

À vrai dire, je connais déjà Hélène, ce qui rend cette confrontation encore plus étrange. À l'époque, elle n'était encore qu'une jolie petite interne aux grands yeux bruns, d'ailleurs je crois qu'elle l'est toujours, ou peut-être a-t-elle enfin été titularisée, je ne sais pas, j'ai pas osé demandé à mon père. Enfin bref, nous avons même partagé un moment très désagréable ensemble il y a deux ans. Un taré s'est introduit dans le centre-commercial en plein mois de juin et a tiré dans la foule [NDA : mais si vous savez, l'attentat qui a tué la femme d'un certain professeur d'université]. J'étais en train d'attendre dans la salle des urgences que mon père termine une procédure quand les premières victimes sont arrivées. J'ai assisté Hélène sur une trachéotomie, pas le genre d'activité qu'on partage normalement avec sa belle-mère de 25 ans ! Mais le type a survécu et je sais quoi faire si un type se fait renverser devant le lycée par un semi-remorque qui obstrue ses voies respiratoires...

– Ton père n'est pas là ? demande-t-elle.

Je secoue la tête négativement, les lèvres pincées.

Nous nous observons en silence avant qu'Hélène ne secoue la tête et se mette à pouffer.

– Tu crois qu'il a repoussé son intervention pour éviter ce dîner ? demande-t-elle.

– C'est fort probable, je confirme.

– Il est pas possible, soupire Hélène avant de refermer la porte d'entrée derrière elle. Bon, c'est quoi le programme ?

– Je cherchais un truc à cuisiner en attendant votre arrivée, je réponds en haussant les épaules.

– Bien ! Je peux t'aider ?

this is me trying || Amour SucréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant