Destruction apaisante

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Souvenirs 

Ma tête pesait plusieurs kilos. Je m'étais appuyée sur le dossier du canapé mais rien y faisait, j'avais l'impression de me noyer sous le poids de ma tête. Au moins, ça m'empêchais de penser, c'était déjà ça. Je le voyais du coin de l'œil m'observer, un sourire dans les yeux. Il fumait dans son bang dans un rire, flanqué entre les cadavres de bières et une ligne de Molly à moitié entamée. Complétement défoncé, il n'avait même pas remarqué que je convulsais sous l'effet des drogues. De toute façon, ces merdes le rendait stupide. Je sais pas si c'est le fait qu'il soit HPI ou qu'il a juste trop peur de voir une psy pour se faire diagnostiquer d'anxieux chronique, mais ce mec avait vraiment un cerveau à moitié fonctionnel. Il se plaignait sans cesse de trop penser, tout le temps. Il lui arrivait de débattre sur des sujets qui dépassait sa pensée, de me décrire en détails des peurs totalement irrationnelles, avant de soupirer d'exaspération et de faire mine de rien en se roulant un joint. 

Je prenais des drogues pour être intéressante, et lui en prenait pour devenir con. Quand on y pense, c'est plutôt ironique. Mais vraiment injuste.

Il se releva d'un geste maladroit avant de traverser la pièce pour s'assoir à côté de moi. On s'était organisés une soirée défonce, sachant pertinemment qu'on allait finir l'un dans l'autre avant l'aube. On avait misé sur un accord à l'amiable sans prise de tête : On s'appelait quand on voulait baiser, et ça s'arrêtait là. Je ne l'avais jamais vue sobre, et honteusement, je me surprenais à en avoir envie.

- Arrête de me mater, s'esclaffa t-il. 

- Je te trouve beaucoup trop confiant alors que sobre t'arriverais même pas à me regarder dans les yeux. 

Comme il ne trouva rien à redire à ma pique, il prit mon visage entre ses mains et caressa mes joues. 

- Je te jure que je passerais au bar où tu bosse cette semaine, on verra si j'arrive pas à te regarder dans les yeux. 

Je ris, me faisant tout de même la réflexion qu'il avait mis du temps à répliquer. Il garda mon visage entre ses doigts fins, alors je me demandais comment il arrivait à soulever ma tête alors qu'elle était lourde comme du plomb. Notre relation était plus qu'ambiguë. Nous n'étions pas en couple, nous n'avions aucun engagement l'un envers l'autre, et pourtant, on se voyait tous les soirs, me faisait délaisser tous mes plans culs pour passer tout mon temps avec lui.

- Beaucoup de paroles, mais très peu d'actes, le provoquais je.

Il rapprocha alors mon visage du siens et cella nos lèvres.

À mes yeux, on avait la meilleur des relations. On baisait, on se droguait, et ça s'arrêtait là. On ne se devait absolument rien. J'avais besoin d'une relation simple, sans aucune complications, et c'est exactement ce que j'avais actuellement. C'était parfait. 

Cœur inerteWhere stories live. Discover now