Cœur inerte

L'horizon des évènements

À cet instant, le monde s'est déchiré en deux. 

L'espace d'un instant, je sus que ce silence plombant suite à mon annonce marquait déjà la mort de notre amour et que l'on ne pourrait plus revenir en arrière. On en était à un point de non-retour.  

C'était le début de la fin, de notre fin. Plus rien ne comptait autours de moi à part nous deux. À part lui, et sa réaction que j'attendais désespérément. 

La scène dont j'étais la piteuse spectatrice était douce comme du miel, bien que douloureuse, bien plus douce que tout le déroulé de notre relation jusqu'à lors. Je plongeais mes yeux humides dans les siens, aussi secs que son cœur. 

- Tu ne trouves rien à me répondre ? L'interrogeais je en retenant un sanglot.

- Qu'est ce que tu veux que je dise ? Cracha t-il.

J'aimerais que tu dises que tu m'aimes. Que tu ne veux pas me perdre. J'aimerai que tu me supplies, que tu te mettes à genoux. Que tu pleures, en me demandant quoi faire pour que je puisse oublier ma tentative de rupture avec toi. 

J'ignorais sa remarque en me relevant brusquement, époussetant ma robe noire pour me donner contenance. C'était dur de se dire que notre rupture était l'étape la plus calme de notre relation. 

Je pris le temps de l'admirer, son visage faiblement éclairé par la lumière tamisée qui s'échappait du lampadaire situé près du canal. Qu'est ce qu'il était beau, drapé dans cet arrière-goût d'amer. Il me dévisageait en retour, attendant que je prononce nos derniers mots.

- Je vais y aller.

- C'est pas moi qui vais t'en empêcher.

Pourtant, je n'attendais que ça. Je me tournais, dos à lui, et lui laissais une demi-seconde pour m'attraper l'avant-bras afin de me retenir, mais il n'en fît rien. C'était ça le problème avec lui : Il n'agissait jamais comme je l'espérais. 

- Adieu, murmurais je en m'éloignant. 

À partir de maintenant, plus rien ne serait jamais pareil. Je venais de me heurter à une décision où le machine arrière n'était pas envisageable, même impossible. Comme dans un trou noir, où la lumière se faisait aspirer après avoir franchit la barrière de l'horizon des évènements.