Chapitre 5 - Erwan

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Cinq kilomètres neuf-cents

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Cinq kilomètres neuf-cents. Dix-huit virages. Huit à gauche et dix à droite. Et ça, à faire dix-huit fois... Dix-huit tours pour approcher mon but ultime spécifique au circuit de Silverstone.

Je suis comme un fou à l'intérieur de moi dès que mes pieds frôlent la piste du Grand Prix. Tout le travail que j'ai accomplie durement ces dernières années, c'est pour vivre ce moment, une vingtaine de fois dans l'année. De mars à novembre, je ne vis que pour ça. Je me laisse très peu déconcentré quand on a des Grand Prix qui s'enchainent. Je fais de la moto tous les jours, peu importe le temps et en fonction de la météo, on change les pneus mais il ne passe pas un jour sans que mon cul se pose sur la scelle d'une moto ou presque. Cette petite parenthèse avec Néna était exceptionnelle. Je peux paraitre comme un mec qui aime la chair des femmes, ce qui est vrai, mais très peu pendant la période des Grand Prix. Je dois rester focus, dormir suffisamment, m'entrainer correctement pour réussir à performer. Donc des parties de jambes en l'air comme on a connu, cela reste exceptionnel et je dois y mettre un terme.

Ce dimanche, j'oublie tout. Je n'ai pas le téléphone avec moi. Je me permets tout de même de passer un peu de temps avec mes parents qui sont venus rien que pour moi car je sais qu'ils n'aiment pas me voir rouler à haute vitesse sur un circuit. Toute ma famille est là. Même Érine qui est plus attentive au pilote italien qui lui fait des yeux doux chaque fois qu'il la voit ici. Loin de moi de vouloir contrôler la vie privée de ma cousine, je sais qu'ils se parlent régulièrement. Bref.

Je n'ai pas fait le meilleur temps lors des qualif' mais je suis tout même sur la première ligne pour le départ. Maintenant, c'est à moi de tout donner pour finir premier. J'ai moins d'une heure pour faire mes preuves, environ quarante minutes pour tout donner et finir premier.

Quand je suis sur la ligne de départ, ça me prend aux tripes. L'adrénaline est mon meilleur ami, mais aussi mon meilleur ennemi. Ça peut nous donner le peps qu'il nous manque ou au contraire, tout faire foirer.

Les grid-girls quittent la piste, l'heure approche, je respire profondément et je fais le vide dans ma tête. Plus rien n'existe à part cette piste que je maitrise et dont j'ai revu chaque virage des centaines de fois. Je les connais par cœur, dans l'ordre, je n'ai plus qu'à accélérer pour donner le meilleur de moi-même. Et ça, je sais plutôt bien le faire sans me vanter. Je jette un discret coup d'œil à droite et à gauche. La concentration est au maximum chez mes adversaires. Sur cette première ligne, on vise tous le même but. Accéder à la catégorie MotoGP l'an prochain. On vise les points, les meilleures performances mais surtout, nous donnons le meilleur de nous-mêmes pour nous faire remarquer et espérer être recruter en MotoGP. Je sais que deux constructeurs ont pris contact avec mon manageur en vu de signer dans la catégorie reine. Les places sont chères et je donne tout pour vivre mon rêve.

Je sens la tension monter. Nous ne sommes plus qu'à quelques secondes du grand départ.

Cinq... quatre... trois... deux... un... c'est partie. Plus rien ne compte à part d'être premier. Je donne tout, j'accélère dans les lignes droites et prends tous les virages correctement. Je suis pour l'instant pas le premier mais je suis second. Je regarde vers la droite puis je m'engage pour le dépasser en ligne droite au bout d'un certain nombre de tours. J'arrive à le dépasser dans un virage par l'intérieur au final et je reste premier jusqu'à ce que je passe la ligne d'arrivée. Trente-huit minutes. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour faire les dix-huit tours et passer cette putain de ligne d'arrivée en première position, même si j'ai l'impression d'avoir roulé seulement cinq minutes. De toute manière, je ne visais rien d'autre que cette première place. Ça peut faire de moi un mec trop sûr de lui mais j'ai travaillé très dur pour l'obtenir. Rien ne me garantit que dans deux semaines en Autriche, je serai encore premier. Je franchie la ligne en levant mon index gauche en l'air en lançant un regard vers ma famille et Ayden surtout. Ce connard me suit quand il le peut.

Croire en nous - Tome 2 : La TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant