Chapitre 4 : Ne pas être chez soi

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Deaton :

L'ambiance dans l'habitacle est pesante. Éli n'a pas daigné dire un mot. Sa tête est posée contre la vitre depuis notre départ de Beacon Hills. Il doit se sentir tellement désemparé, démuni par ce qu'il est en train de vivre. J'ai tenté de discuter avec lui, mais il a simplement augmenté le volume de la radio. J'ai bien compris que ce n'était pas le bon moment. Noah m'avait dit que ce gamin était une pile électrique, un vrai bout en train, et une pipelette pour couronner le tout. Néanmoins, là, c'est tout le contraire. Beaucoup trop calme, imprégné dans ses pensées, bien trop silencieux. De temps à autre, je lui jette un coup d'œil et je remarque que ses yeux luisent. C'est tellement dur de perdre quelqu'un qu'on aime, alors voir mourir son père devant ses yeux, est juste une épreuve horrible. J'ai bien remarqué qu'il en voulait à Scott. La manière dont il le dévisage, dont il lui parle, montre bien qu'il jette la faute sur lui. Sur un coup de tête, je prends la décision de me garer sur le bas-côté. Nous sommes à quinze minutes de chez Scott.

- Éli ?

J'attends, mais il ne semble pas m'entendre. Je vais tenter autre chose.

- Hey, Éli ?

Je pose ma main sur son épaule histoire qu'il réagisse.

Éli :

Je sursaute puisque j'étais submergé dans mes pensées, plongé dans la rétrospective des bons moments passés à Beacon Hills. Je me remémore tout dans les moindre détails, jusqu'à en arriver aux multiples disputes que j'ai pu avoir avec mon père. À l'heure actuelle, je trouve que c'était débile et puéril. J'aurais dû profiter de lui tant que j'en avais le temps et être reconnaissant pour tout ce qu'il m'a apporté. Être un homme seul pour élèver un gamin de mon genre n'a pas dû être une mince affaire. Finalement tout s'est volatilisé en un claquement de doigt. Je me rends compte que tout est éphémère. Le pire, c'est qu'il n'a pas pris la peine de me dire au revoir et que je n'ai pas eu le temps de lui dire "je t'aime". Je regrette tellement de choses sur mes quinze années à ses côtés. J'ai laissé toute ma vie derrière moi et ça fait plus mal que ce que je le pensais... Les larmes dévalent mes joues tel des torrents.

- Hum, hum, fis-je la bouche pâteuse.

- Ça va ?

Il s'attend à quoi ? À ce que je sautille partout ? Il me désespère... Je hausse les épaules pour seule réponse.

- Éli, regarde moi.

Je fais un "non" de la tête. Il me les brise, celui-là ! Il ne peut pas me laisser ruminer tranquillement dans mon coin, sérieusement ? Je veux juste être seul car la vérité, c'est que je ne sais pas comment survivre à cette phase dans ma vie sans mon père. J'ai l'impression que je vais finir par m'asphyxier tellement mes poumons se compressent. J'ai cette douleur cuisante dans la poitrine.

- Hey, regarde moi, tente-t-il de nouveau en prenant mon menton et le pivotant vers lui.

Ses yeux s'adoucissent en remarquant mon visage meurtri par la tristesse, mes joues creusées par les larmes et mes yeux qui sortent de leurs orbites. Je renifle un bon coup dans un bruit répugnant.

- Je suis désolé pour tout ce qu'il t'arrive en ce moment.

Il glisse sa main dans ma nuque pour la frictionner tendrement. Ce geste me rassure. Il m'inspire confiance et j'ai l'impression que je vais pouvoir compter sur lui. Je suis tellement perdu que j'essaie de trouver n'importe quel réconfort, n'importe où.

- Je sais que tu penses que Scott est entièrement responsable, mais...

- Ne lui trouve pas d'excuse ! râlé-je.

Le destin d'ÉliWhere stories live. Discover now