16 - Petit-déjeuner surprise

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— Est-ce que tu peux me laisser un peu de place ?

— Tu as un siège, qu'est-ce que tu veux de plus ?

— Que ton bras cesse de me rentrer dans les côtes.

— Il est sur l'accoudoir, j'y peux rien !

— Et l'accoudoir est au milieu, Taehyung ! Il est autant à toi qu'à moi, alors pousse-toi !

Jungkook me fila un coup de coude, et prit l'accoudoir pour lui.

— Putain, t'es vraiment un-

— Un quoi ? Un connard ? coupa-t-il en me regardant droit dans les yeux. Je suis un connard qui t'a laissé tomber sans jamais te dire pourquoi ? Je suis un connard qui n'a jamais répondu à aucun de tes messages ?! J'ai tenu ma promesse, moi !

Je le dévisageai, exsangue.

Je n'avais aucune intention de m'expliquer ici, à huis clos, durant 15 heures, sans aucune échappatoire. Alors je me rembrunis, et tournai la tête pour regarder par le hublot.

J'allais vomir mon cœur. Jamais il ne resterait en place dans ma poitrine durant autant d'heures. Il était déjà si malmené depuis ce matin. Le destin semblait s'emparer de notre histoire et vouloir nous confronter. Mais je savais jouer avec le destin. Il m'avait affublé d'une vie de merde et jeté dans le mauvais corps, il n'aurait pas ma clémence.

Les trois premières heures furent calmes. Je m'endormis contre la vitre, certes, dans une position très inconfortable, mais c'était toujours 3 heures de moins.

Jungkook regardait un film sur le petit écran du siège, et restait droit comme un I. La difficulté s'installa lorsque ma vessie me pria de me lever au risque de se vider sur la moquette bleu marine. Je me levai alors, demandant l'accès à mon voisin de gauche d'un regard appuyé. Il se leva pour me laisser passer, et les allées étant étroites, je le frôlai de mon corps, son parfum se rependant jusqu'à moi. C'est le moment que choisit la chose pour me signifier sa vivacité, et je sentis le début d'une érection poindre.

Je me hâtai de rejoindre les toilettes et de m'enfermer dans la cabine exiguë. Je posai les mains de chaque côté du lavabo, et mon regard trouva celui de l'autre, face à moi. J'observai un instant le reflet du type. Grand, maigre, la peau basanée, un grain de beauté sous l'œil et un autre au bout du nez. Il était ridicule. Ridiculement laid.

Après m'être soulagé, je ne remontai pas tout de suite mon pantalon, et vérifiai ma plaie derrière mon genou. Je sentais mon cœur battre à l'intérieur depuis déjà un bon moment, et c'est avec horreur que je découvrais que ça suppurait. Je grimaçai de douleur et réajustai le bandage sans rien pouvoir faire avant d'arriver à l'hôtel. J'espérais seulement que ça ne s'aggraverait pas d'ici là.

Lorsque je regagnai ma place, Jungkook avait pris celle côté hublot. J'attendis qu'il veuille bien se décaler, mais il me regarda avec désintérêt, et reporta son attention sur les nuages.

— Bouge ! grognai-je.

— Prends la place côté couloir.

— Non, j'ai la place côté hublot, c'est toi côté couloir !

— On peut alterner, non ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que j'ai pas envie, Jeon, bouge de là !

Son regard s'attrista.

— Donc on s'appelle par nos noms de famille, maintenant ?

— Jungkook, reprends ta place, s'il te plaît, articulai-je exagérément de manière effrontée.

Il baissa les yeux, puis se leva pour me laisser passer.

Du fard sur les yeuxWhere stories live. Discover now