L'éclipse de l'aube : la malédiction oubliée

Chapitre 2 :

Alors que je débute mon premier jour de cours, je réalise avec horreur que je suis déjà en retard. Thalea, a dû partir plus tôt ce matin, me laissant quelques notes griffonnées à la hâte sur un bout de papier afin que je puisse me repérer au sein de cet immense château. Pourtant, malgré mes talents en orientation, je me retrouve à courir frénétiquement depuis maintenant quinze minutes à la recherche de la salle d'histoire.

Les plans n'ont jamais été un problème pour moi, mais ici, tout semble différent. Les couloirs labyrinthiques de ce manoir de pierre semblent se moquer de moi, déplaçant subtilement les repères que j'avais cru mémoriser. Chaque porte semble être identique à la précédente, chaque couloir s'étendant à l'infini dans une déconcertante symétrie. Je suis prise au piège dans ce dédale de pierre, ma frustration grandissant à chaque instant.

Tout à coup, je rentre dans quelqu'un. Je lève les yeux tout en bredouillant quelques excuses. Un jeune homme légèrement plus vieux, se tient face à moi. Ses prunelle bleus ont l'air de me regarder amusées, et l'espace d'un instant je cru me perdre dans cet océan.

- Tu es nouvelle ? C'est la première fois que je te vois.

Je me racle la gorge pour reprendre un peu de contenance, et lui réponds simplement d'un oui. Il baisse les yeux sur les affaires que je porte dans mes bras. Cahiers, stylos, et papiers de toute part.

- La salle d'histoire de la magie est par là. Viens je t'y accompagne.

Je le suis alors. Il a l'air de bien connaître les lieux. Sur le chemin, il continue la discussion :

- Au fait, moi c'est Elysium. Mais tu peux m'appeler Elys. Je suis en 3ème année ici, alors je connais bien les lieux. C'est toujours un peu difficile au début.

- Enchantée, moi c'est Lyra. C'est mon premier cours. Alors, je suis un peu stressée.

- Tout le château est magique. Si tu veux aller d'un point A à un point B, il faut simplement t'aider de la magie.

Je levais les yeux au ciel tout en soupirant. Décidément, cela n'allait pas me rendre la tâche facile. Thalea aurait pu me prévenir !

Au bout de quelques minutes, on arrive enfin devant la porte qui se trouve être la salle d'histoire. J'ai pris soin de noter discrètement chaque passage pendant notre trajet, pour pouvoir me repérer les prochaines fois.

Je toque à la porte après avoir remercié mon guide, et entre discrètement dans la salle. Mes pas sont presque étouffés par l'atmosphère solennelle qui règne en ces lieux. Tout autour de moi, des milliers de livres ornent les murs, témoins muets du savoir accumulé au fil des siècles.

Cependant, ma fascination pour la beauté de cet endroit est de courte durée. Je sens bientôt tous les regards se poser sur moi, comme si des milliers d'yeux invisibles me scrutaient avec insistance, attendant que je fasse quelque chose. L'attention soudaine qui m'est accordée me met mal à l'aise, et je sens une légère boule d'appréhension se former dans le creux de mon estomac.

La professeur me sauve en disant :

- Vous êtes nouvelle, c'est ça ?

- Oui, bredouillais-je.

- Bien, prenez une place. Et tâchez d'arriver à l'heure la prochaine fois.

Je m'installe alors sur la seule chaise disponible, au premier rang, et notre professeur continue son cours. Je me sens observée de tous les côtés, et j'entends chuchoter des "C'est qui ?", "Tu la connais ?", "On dirait une paysanne !", "Tu penses qu'elle a été pistonnée ?". J'essaie de ne pas y prêter attention, et me concentre sur le cours.