Prologue :

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La guerre, cette sombre et implacable faucheuse, déchire les terres autrefois paisibles de notre pays. À travers les villes et les villages, le feu dévore les maisons, les cris de douleur se mêlent aux hurlements des sorts, et l'odeur nauséabonde de la mort imprègne l'air.

Des familles sont déchirées, des vies sont fauchées, et chaque jour apporte son lot de désolation et de désespoir. Les rues sont jonchées de décombres, les corps des innocents gisent sans sépulture, et la peur règne en maître sur ceux qui osent encore espérer un avenir meilleur.

Dans ce tourbillon de chaos et de destruction, l'humanité elle-même semble vaciller sur le bord de l'abîme. Les valeurs autrefois chères à nos cœurs sont balayées par la furie des soldats, et la compassion se perd dans le tumulte de la violence.

- Cours, Elia ! Cours ! Ne t'arrêtes pas ! Je vais les retenir quelques instants !

La jeune fille court à perdre haleine dans les rues dévastées de sa ville natale, les larmes embrouillant sa vision alors que la fumée noire s'élève dans le ciel. Les cris des victimes et le fracas des combats résonnent tout autour d'elle, tandis que l'odeur âcre de la destruction imprègne l'air. 

Elle ne se retourne pas, car elle sait déjà ce qui se trouve derrière elle. Les démons, ces créatures sinistres, dont la silhouette imposante et les cris perçants glacent le sang dans ses veines. Drapés de ténèbres, leurs contours indistincts se confondant avec l'obscurité de la nuit. Leurs yeux luisants d'une lueur malsaine, leurs crocs acérés luisant dans l'ombre, prêts à déchirer tout sur leur passage. Les cris aigus qui s'élèvent derrière elle résonnent dans son esprit, faisant écho à sa propre anxiété. Ils sont comme des lames acérées, tranchant l'air de leur intensité glaciale, et Elia sent un frisson glacé lui parcourir l'échine.

Des larmes coulent le long de ses joues. Ils ont tout saccagés : sa famille, sa ville, ses amis. Il ne restait plus que lui. Et avec le peu de courage qui lui restait, elle fit volte face. A deux, on était plus forts. C'est ce qu'elle avait retenu de tout ça.

- Qu'est ce que tu fais ? Je t'ai dit de courir !

Alors que la tension atteint son paroxysme et que le combat fait rage tout autour d'eux,  elle attrape délicatement la main de son compagnon. De l'autre, elle repousse une attaque du démon avec une habileté impressionnante. Leurs regards se croisent, empreints d'une intensité qui transcende les mots, comme s'ils savaient que chaque instant passé ensemble pourrait être leur dernier.

Un bruit sourd retentit alors que le démon revient à la charge, ses griffes acérées prêtes à déchirer la chair et à semer la mort sur son passage. D'un geste vif et déterminé, Elia repousse l'attaque avec une force déconcerte.

Soudain, une lumière brillante éclate dans l'obscurité, l'arc d'Elia apparaissant dans sa main tendue, prêt à l'action. Elle est déterminée. Elle décoche une première flèche. Et elle vient se planter entre les deux yeux du démon. Mais cela ne lui fait absolument rien. Ils le savent pertinemment. Ils sont complètement impuissants.

Le jeune homme sent sa main se libérer de celle de sa compagne, tandis que ses yeux s'obscurcissent entièrement, absorbant toute lumière pour ne laisser place qu'à un abîme sans fond. Il sait ce qui vient, ce pouvoir qu'il redoute tant, mais qu'il ne peut plus retenir.

- Aerendir, nan ! Reviens !

De la fumée noire commence à s'échapper de ses mains, serpentant dans l'air tel un serpent venimeux prêt à frapper. Ses veines s'assombrissent à travers sa peau, comme si l'ombre elle-même cherchait à l'engloutir.

Mais avant qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit, le démon disparaît dans un tourbillon de ténèbres, laissant place à l'homme responsable de tout cela : Astaroth. Son regard impénétrable, empreint de malice et de pouvoir, se pose sur le jeune homme, un sourire cruel étirant ses lèvres.

L'éclipse de l'aube : la malédiction oubliéeWhere stories live. Discover now