Chapritros 6 - Baston Réussie

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Il prit son bâton, vainqueur, et le lui tendit. Elle tira dessus, ce qui le fit légèrement perdre l'équilibre, mais il se reprit et vint s'asseoir près d'elle doucement. Elle se mit en tailleur.

L'ombre du buisson les cachait à nouveau du soleil bien chaud d'une fin d'été.

Il l'admira. Oui, c'était là le bon mot. Il admira ses pics trempés, le lacet du col de son haut blanc dont le noeud avait survécu la séance de violence, ses longs cils noirs qu'il aimait tant.

Elle lui tendit la main. Il posa la sienne dedans. Elle la prit et observa ses doigts, ses griffes noires et pointues. Il fut gêné.

"Elles sont pointues. Je dois les limer, je sais. Je n'en ai pas eu le temps dernièrement."

"Oh, moi je les aime bien comme ça."

Elle mit sa main à côté pour la comparer.

"Vanilla m'a demandé de les limer y a pas longtemps, alors les miens sont très courts. Elle insiste beaucoup dessus, je pense que les siens poussent encore plus vite et elle se met la pression à elle même. Et à moi aussi du coup."

C'était signe de bonne hygiène et de soin, d'avoir les griffes les plus courtes possible. Et ça demandait un limage presque quotidien, ce qui semblait encore trop demandant et inutile pour les deux hérissons de 15 ans.

Elle compara leurs tailles en mettant leurs paumes moites l'une contre l'autre. Sombreness envia la délicatesse de la patte si fine et rose de son amie. Il observa sa couleur sombre et son majeur rouge, qui suivait les formes de ses autres marques rouges.

Il serra les doigts, les enlaçant dans ceux d'Amelis. Elle le laissa faire. Elle lui sourit, chaleureusement, ce qui fit remonter ses joues et fit chavirer le coeur du hérisson noir qui déjà essayait difficilement de rester calme.

"J'aime bien nos mains ensemble. La mienne est toute petite et elle se sent englobée et protégée dans la tienne."

Il tenta une blague :

"Sûrement que la mienne se prépare à recevoir un coup à l'arrière train."

"Tu peux dire cul tu sais."

Répondit Amelis, qui ria immédiatement à l'expression abasourdie de Sombreness, qui réagissait toujours pareil aux mots familiers qu'elle aimait lui sortir. Justement pour sa réaction.

Elle baissa le regard et soupira.

"C'est bizarre parce que j'ai trop envie qu'on s'embrasse."

Il tourna la tête et regarda les arbres devant eux. Il essaya de paraître calme mais sentit son coeur battre plus fort et son visage rougir. Heureusement qu'il avait la peau noire et que ça ne se verrait pas.

Il déglutit.

"Ah-h, pourquoi trouves-tu cela bizarre ?"

Elle commença à arracher de l'herbe, comme à chaque fois qu'elle restait assise plus de 2 minutes. Elle fut un peu gênée de l'avoir dit à voix haute. Elle disait toujours tout à voix haute, et seulement après regrettait de ne pas y avoir réfléchi à deux fois.

Elle tenta de répondre, un peu excitée d'en parler.

"Je pensais plus que ce serait à... Euh, un bal, je ne sais pas, après une scène de quiproquo où tu me cours derrière avant de m'embrasser sur le balcon. Ou après que tu m'aies sauvé d'un malheur, et tu m'emportes sur Cerise, et on s'embrasse devant le soleil qui se couche..."

Sombreness avait lu les livres dont elle avait tiré ces idées, alors il voyait les images vivement dans sa tête.

"Mais ce ne sont que des histoires."

Répondit-il de manière un peu froide. Mais elle ne le prit pas mal.

"Oui, des histoires. Tu as raison."

Sombreness continua de fixer les feuilles des arbres qui remuaient très doucement. Il se sentit bête d'avoir répondu comme ça alors que ça avait l'air de tenir à coeur de la hérissonne. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait ajouter, quand il sentit une main sur sa joue.

Il tourna ainsi la tête vers son amie. Elle se mit sur les genoux pour approcher son visage du sien, appuyant avec la main droite sur la jambe du hérisson.

Elle ne savait pas s'il fallait fermer ou non les yeux, c'était pas précisé ça dans les livres. Mais elle les ferma instinctivement, et vint poser délicatement ses lèvres sur les siennes.

Et ils s'embrassèrent, ainsi, pour la première fois.

Lui aussi, ferma les yeux. Il n'était presque pas surpris par le geste. Il l'accepta simplement, se sentant devenir tout chaud de l'intérieur.

Elle s'était sentit bien fière de s'élancer, et un peu moins quand elle ne su pas combien de temps il fallait rester contre l'autre. Alors elle se détacha. Et se rassit sur ses genoux.

Elle le fixa comme pour attendre une réaction quelconque. Et c'était mieux que ce qu'elle avait espéré : Sombreness, dont le visage ne bougeait pratiquement pas, sauf pour quelques très légers sourires qui se devinaient plus qu'ils ne se voyaient sur ses lèvres et les yeux légèrement plus écarquillés quand il était surpris, s'illumina. Il serra les lèvres et fut visiblement gêné, timide, ses yeux traduisaient une légère panique.

Amelis sentit une explosion de feux d'artifice dans son coeur.

Elle dit, pour l'embêter un peu dans cette timidité qu'elle venait de découvrir et qu'elle aimait déjà tant :

"Il n'y a pas de cheval ou de soleil couchant, mais c'est notre histoire, ma préférée."

Il déglutit à nouveau et ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose. Mais elle le stoppa en lui tendant les brins d'herbe arrachés dans la main, qu'il récupéra, confus.

Et elle posa sa tête contre son épaule.

Elle eut envie de dire spontanément "je t'aime et pour toujours", mais pour une fois, elle réussit à se retenir de parler trop vite.

Thorns de Rosas - Shadamy Royal!AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant