La Ficelle de Vénus

Chapitre 25

Lénora arriva à la gare de sa ville natale vers les eaux de seize heures. Ses parents l'attendaient déjà sur le quai, le sourire aux lèvres et les mains bien blanches dues à la crispation. Elle était tellement heureuse de les retrouver. Être avec ses parents était rassurant. C'était une sorte de havre de paix. Elle s'entendait tellement bien avec eux et elle souhaitait que cette relation ne se détériore. Elle savait qu'elle allait devoir leur raconter plein de truc mais pour l'instant tout ce qui l'importait c'était d'être dans leurs bras. Alors elle sortit du train, bagages en main et se précipita vers eux et y enfouit son visage. Ses parents la réceptionna avec empressement. Ils posèrent tous les deux leur tête contre celle de leur fille et prirent un instant pour apaiser leur cœur.

Il n'y avait sur ce quai personne à part eux. La neige n'était pas présence malgré ce temps glacé. Ici tout était différent. Pas de neige, pas de grande ambiance, pas d'amour manqué. Sa ville natale était le contraire parfait de Paris. Elle s'en réjouissait quelque peu. Ça lui faisait du bien de retrouver quelque chose qui lui était familier. Ces pierres grises, ces montagnes et cette tranquillité, ces gens qu'elle aimait tant. Et tandis qu'ils s'étreignirent follement, Lénora oublia quelques instants Val et comment elle s'était rongée jusqu'au sang en pensant à ce baiser. Elle oublia tout. Elle profita de l'instant présent. Elle serra fort ses parents et ils firent de même. Ils venaient de retrouver leur petite princesse qu'ils chérissaient tant. Ç'avait été quatre longs mois aussi bien pour elle que pour eux.

Lénora s'apprêta à dire leur nom quand un bruit l'interrompit. Elle fronça les sourcils et releva la tête. Il se tenait juste derrière ses parents, les mains enfouies dans les poches de son long manteau beige et un bonnet posé sur la tête. Son nez rouge trahissait ce qu'il ressentait. Il ne souriait pas. Mais il ne faisait pas non plus la tête. Il attendait patiemment. Lénora en fut surprise. Depuis qu'ils s'étaient fâchés ils ne s'étaient pas reparlés depuis. Elle avait hésité plusieurs fois mais rien ne s'était passé. Elle avait ressorti sa générosité du placard et avait laissé couler. C'était peut-être un petit coup de nervosité. Ils ne s'étaient pas vus depuis un moment et c'était peut-être sa réaction à ce qu'il prenait comme un abandon. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle ne le voulait pas vraiment.

Elle s'écarta alors de ses parents et laissa un souffle s'échapper de sa bouche. L'air le prit et le transforma en nuage qui s'évapora presque instantanément. Ses parents se détachèrent d'elle et regarda les deux amis s'affronter du regard. Il ne semblait pas réellement décidé à faire le premier pas alors ce fut Lénora qui engagea la conversation, un peu décontenancée.

— Simon ? Qu'est-ce que vous faites là ?

Il eut une moue vexée avant de changer d'expression. Il prit des couleurs au niveau des joues et s'avança d'elle, une main tendue vers elle.

— Je voulais te voir à ton retour. Tes parents m'ont prévenu.

Lénora tourna la tête vers ses parents qui regardèrent leurs pieds soudainement très intéressants. Ils chuchotèrent quelque chose d'incompréhensible.

— On doit parler d'un truc avec ta mère tu nous rejoint à la voiture ?

Lénora sentait qu'elle n'avait pas le choix. Elle hocha par dépit la tête et reporta son attention sur le blond. Elle le détailla un bref instant pour sonder si c'était la même personne qui l'avait envoyée bouler par téléphone ou si c'était son meilleur ami qui se tenait devant elle. Elle ne savait pas trop quoi penser. Tout était confus, et ce, depuis son départ de Paris. Elle avait l'impression que son esprit était totalement parti ailleurs et qu'elle n'arrivait pas à réfléchir correctement. Satané Paris. Il commençait à avoir cet effet tant voulu par Bernard sur elle. Elle le haïssait, enfin par vraiment. Et elle se haïssait, enfin pas vraiment non plus.