Celle qui n'a pas de nom

28] Elle avait dit non

Lui est sidéré, immobile, choqué.
A15 vient de planter l'homme qui devait la baiser, cette petite pute a osé!

L'homme a le réflexe de porter sa main à sa gorge, les yeux écarquillés, mais déjà il est trop tard et le sang gicle par jet entre ses doigts impuissants. Lorsque qu'après quelques secondes, il s'effondre au sol dans une marre de sa propre hémoglobine, Lui a comme un électrochoc et reprend possession de son esprit.
Il frappe poing fermé que son clavier pour interrompre la diffusion en directe, et se précipite hors de son bureau pour rejoindre la pièce du crime.
Alice se tourne vers lui, couteau à la main, éclaboussures de sang sur le visage, le regard vif.
Lui a un instant de recule, après tout il n'est pas armé et il comprend maintenant jusqu'où elle est capable d'aller. Mais finalement elle se contente de lâcher l'arme qui tombe bruyamment sur le sol de béton, et dit d'un ton clair:

-Je t'avais dit non.

Lui la regarde avec dégoût et mépris, et finalement se contente de partir de la maison.

Alice quitte la pièce, et veut monter dans sa chambre pour se laver. Elle croise alors Adèle que son chemin qui pousse un cri étouffé.

-Alice Mon Dieu! Tu es blessée.
-Non. Je vais me doucher. Il faudrait nettoyer la pièce aussi...

Sans comprendre, Adèle la laisse passer sans poser plus de questions, choquée par le sang sur le visage sans émotion de cette jeune fille.
D'un pas lent, elle va jusqu'à la pièce, et elle doit mettre sa main devant sa bouche pour ne pas hurler... peut-être ne pas vomir.

Propre et sans le moindre remord, Alice se met tranquillement au lit, presque apaisée, et commence un nouveau livre qu'elle avait déjà posé sur sa table de chevet.
Elle est au chapitre 6, lorsqu'Adèle vient frapper à sa porte pour s'annoncer et entre.

-Bonsoir Adèle.
-Bonsoir Alice...
-Tu as pu... nettoyer le sang?
-J'en ai enlevé une partie, mais le... corps... est toujours là-bas. J'ai refermé le porte mais l'odeur risque vite de devenir insupportable s'il ne vient pas me retirer.

Alice hausse les épaules en tournant la page de son livre:

-S'il veut que je recommence à coucher avec d'autres hommes, il faudra bien qu'il le mette ailleurs celui-là.

Adèle est mal à l'aise. C'est la première fois qu'Alice la voit ainsi.
La femme cinquantenaire se demande comment cette gamine puisse être si détachée de ce qui vient de se passer. Est-elle en état de choc?

-Pourquoi tu as fait ça?

La jeune fille relève les yeux vers elle et répond simplement:

-J'avais dit non. Lui a voulu me forcer.
-Pourquoi alors...

Elle hésite à poser sa question mais ne peut finalement pas s'en empêcher:

-...ne l'as tu pas tué Lui?
-Je ne sais pas ce qu'il y a dehors, je ne sais pas comment marche réellement le monde, ni ce qu'il y a derrière la porte d'entrée. Je ne peux pas m'y jeter tête baissée. Il est ma carte de sortie.

L'intelligence d'Alice saute en pleine face d'Adèle. Bien-sûr elle voyait déjà qu'elle était loin d'être idiote. Mais elle ne s'attendait pas à une telle réflexion.
Finalement, Alice ajoute:

-Mais une fois que je serai libre, alors peut-être que je le tuerai lui aussi.