3] Feuille de commande

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-Зачем ты это делаешь? Пожалуйста, позвольте нам!
-Ferme ta gueule sale pute!

Un des trafiquants lui a craché ses mots au dessus de la boîte. La jeune femme est terrorisée, tremblante, suppliante. Pourtant aucun mot ne pourra la sauver.
A15 la regarde. Elle aimerait pouvoir faire quelque chose...

-Et toi! Dépêche toi!

Le même homme hurle à son tour sur A15, et la pousse en avant pour la faire réagir. Elle se rattrape in extremis à la table. En se redressant, son regard croise celui de Lui. Il observe la scène à bonne distance, calme, les mains dans le dos, sans un mot.
Ils se sont rencontrés la première fois bien avant qu'il devienne le parrain de tout ceci. Il avait quinze ans, elle n'en avait que six, pourtant, A15 s'en souvient parfaitement. Il avait accompagné son père dans l'Usine, pour apprendre sur le terrain et pouvoir un jour reprendre le flambeau.
Elle l'avait tout de suite trouvé beau, jeune, et peut-être gentil. Il ne lui avait jamais paru cruel, vicieux ou pervers, et il avait semblé lui aussi s'attacher d'affection pour cette gamine captive qui n'avait jamais vu la couleur de la lune et de l'herbe. Elle ne connaissait que le béton, depuis toujours et les lumières artificielles. Il se mit à lui rendre visite, plus que nécessaire. Il discutait avec elle -même s'il ne parlait jamais vraiment de lui, au point qu'aujourd'hui encore, elle ne connaît toujours pas son prénom-, lui appris à lire, lui montra des photos du monde extérieur. Pour ses sept ans, il lui offrit une poupée, en cachette de son père évidemment. Et depuis, chaque année, le jour de son anniversaire, il lui faisait un cadeau. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, mais il ne manquait jamais à cette tradition. Malgré tout, il ne montrait rien de tout ceci devant d'autres personnes, mais toujours, où qu'elle aille dans l'Usine, elle sentait sa présence, son aura, et elle se sentait en sécurité. Elle savait parfaitement qu'elle lui devait de ne jamais avoir été violée ou gratuitement frappée. Il avait donné des ordres en ce sens, et ils se devaient particulièrement d'être respectés, ou la sanction pour qui oserait désobéir serait acérée.
Bien-sûr, A15 a conscience qu'il n'a jamais fait ça que pour la garder en pleine santé, et surtout vierge, afin de mieux la vendre. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de se dire que peut-être, au fond, il l'aime bien.
Cela fait longtemps désormais qu'elle est amoureuse de lui. Peut-être d'ailleurs l'a t'elle toujours été. En fait, elle n'y connaît rien à l'amour et à tout ce qui s'en rapproche, mais ce petit coeur jeune et pure, qui n'a jamais rien connu d'un temps soi peu affectueux, n'a pu que se raccrocher à Lui.

A15 sort de ses pensées et cesse de le regarder. Elle poursuit sa lecture de la feuille de commande, en attrapant ce dont elle a besoin. Elle commence par les baillons, car elle ne veut plus les entendre. Elle sait que ça sera plus facile alors. Une fille muette est plus proche de l'objet que de l'humain, et tout ceci paraît moins abominable...
Le client a demandé des bâillons boule. Elle en prend deux, et vient les attacher derrière la tête des deux marchandises gémissantes. La bouche bien ouverte et totalement obstruée par la boule en plastique, la bave commence déjà à couler le long de leurs joues.
Elle prend du gros scotch marron et en enroule autour des jambes pliées et écartées de celle positionnée sur le dos, de manière à ce qu'elle ne puisse en aucun cas déplier les jambes. Pour celle sur le côté, elle lui attache les jambes ensemble au niveau des cuisses puis des chevilles.
Finalement, elle arrive déjà à ce qu'il y a de plus pénible dans les feuilles de commandes: les demandes pour les parties génitales. Mais comme pour tout le reste, le choix ne lui est pas laissé.
Elle suit donc à la lettre ce qui est inscrit et prend un petit plug noir avant de le recouvrir de lubrifiant - bien plus que nécessaire mais elle ne veut pas lui faire mal - et l'enfonce très doucement entre les fesses de la fille sur le côté.

-Dépêche-toi on t'a dit!

Un autre trafiquant la presse. Elle finit de l'enfoncer un peu plus rapidement, et la fille pousse un cri étouffé et apeuré dans son bâillon.

-Celle-ci est prête... dit-elle d'une petite voix assez ferme.

Aussitôt, la caisse en bois est refermée et clouée, et il ne reste que des petits trous pour laisser passer l'air.
Elle va vers la seconde, et attache des petites pinces génitales à chaque grande lèvre de la fille sur le dos les jambes écartées, puis elle accroche ces pinces à des petites chaînettes et les relie au ruban adhésif sur ses jambes pour bien ouvrir et étirer sa vulve. Lorsque son futur propriétaire ouvrira la boîte, c'est sans doute la première chose qu'il verra, et il s'en délectera...

-C'est bon...

La seconde caisse est refermée, et A15 perd le contact visuel.
Les caisses sont portées jusque dans un camion, et le rideau de fer s'apprête à s'ouvrir pour le laisser partir, mais avant qu'A15 ne puisse voir l'extérieur, une voix familière et calme la rappelle à l'ordre:

-Il est temps que tu retournes dans ta cellule.

Elle se tourne vers Lui, puis jette un dernier coup d'œil au rideau de fer qui s'apprête à s'ouvrir, et finalement elle se met à le suivre Lui, la tête baissée.

Celle qui n'a pas de nomWhere stories live. Discover now