Chapitre 3

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J'enchaînai les passes à dix doigts contre le mur. Je commençai à m'ennuyer et à repenser à Hinata. Je me faisais des histoires pour rien, Hinata était juste mon ami, mon ami... Je me retournai et remarquai qu'il me regardait avec des yeux de chaton.

— Dis Kageyamaaaa, tu peux me faire des passes s'il te plaiiiiiiit ?

— Ou... Oui...

Je me grattai l'arrière de la tête, gêné. Je commençai à bégayer devant lui, c'était incroyablement ridicule. Sugawara nous regardait avec un grand sourire. Il l'avait sûrement dit à Daichi, qui lui aussi me regardait. Cela ne me dérangeait pas qu'il l'ait dit à Daichi, c'était un peu notre capitaine. Je retournai mon regard vers Hinata qui sautait sur place. Nous nous mîmes en position et nous enchaînâmes les smashs. Il sautait tellement haut, c'était tout juste incroyable.

— T'es trop fort, Bakageyama !

— Toi aussi, Boke...

Je détournai le regard après qu'il m'eut fait un compliment. Je sentais mes joues rougir petit à petit. Je ne voulais pas que mes émotions prennent le dessus, sauf que lui était beaucoup trop fort pour moi. Il était indécryptable... Je pris mon téléphone et vis que Kaito m'avait envoyé des messages.

— Mince...

J'allumai mon téléphone en tremblant. Sugawara, qui me fixait depuis de longues minutes, s'approcha de nous et posa sa main sur mon épaule.

— Ne t'inquiète pas, c'est ton frère, non ?

Je hochai la tête sans voix, complètement absorbé par le message.

"Salut Kageyama ! Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu n'es plus là ? J'ai encore besoin de toi, s'il te plaît ne me laisse pas avec cette folle... Elle m'a torturé toute la soirée, j'ai bien cru que j'allais y passer... En ce moment, je suis à l'hôpital avec les bras cassés. S'il te plaît, reviens, tu me manques..."

Toute l'équipe regardait le message par-dessus mon épaule. Non, pas encore... Je ne voulais pas abandonner... Je pris mon sac et partis vers l'hôpital tout en sanglotant, accompagné de Daichi, Sugawara et d'Hinata.

Non... Non, ce n'était pas possible... Je redressai ma tête vers la gigantesque porte où se trouvait sûrement de l'autre côté mon frère. Je serrai mes poings tout tremblotant. Je voulais arrêter cet enfer. Je ne voulais plus que mes proches souffrent à cause de moi. J'en avais marre... Je suis sûr que si je disparaissais, le monde serait un peu plus calme. Le numéro dix tourna le regard vers moi avec sa main posée sur mon épaule.

— Ne t'inquiète pas, nous sommes et nous serons toujours avec toi.

— Hinata...

— Fais-nous confiance, Kageyama ! Je suis là, avec Hinata, nous sommes avec toi.

Mon regard se tourna vers le numéro un, une larme aux yeux, je les remerciai. J'avais oublié que j'avais des amis, je pouvais me confier à eux, j'avais le droit de les aimer, je pouvais les aider, ils pouvaient m'aider. Je pris mon courage à deux mains et ouvris la porte.

Il se tenait devant moi dans un fauteuil avec un sourire qui faisait rayonner toute la salle. Il souriait alors qu'il venait de se faire battre. C'était notre arme, notre sourire. Je savais que c'était un faux sourire, ça se sentait qu'il n'était pas réel, il n'avait pas d'émotion. Je sautai dans ses bras tout en pleurant le reste des larmes qui me restaient. Pendant un certain temps, je restai dans ses bras sous les bruits réguliers de l'horloge. "Tic tac tic tac..." Je relevai ma tête vers lui en essayant de prononcer la phrase que je disais tout le temps. La phrase que je répétais sans cesse.

— Désolé... C'est à cause de moi...

Mon grand frère me caressa la tête pour me rassurer. Entre quelques sanglots, il réussit à poser sa phrase qui me termina.

— Non... Tobio, ce n'est pas de ta faute... Rien n'est de ta faute... C'est... La faute de cette c*nne de marraine... Arrête de te rabaisser, ne perds pas ! Relève la tête ! Bats-toi ! Vis ! Ta vie ne doit pas s'arrêter à cause de quelques idiots !

Je tombai au sol sur les genoux, mes mains couvrant mes yeux gonflés par les larmes. Le numéro dix se posa à côté de moi et me fit un câlin. Cette chaleur me rassurait, je ne me sentais plus seul. Mes joues montèrent un peu plus dans le rouge à cause du contact avec Hinata. Je sentis une sensation bizarre au ventre mais elle était agréable. Comme des milliers de papillons qui s'envolaient en moi.

— Merci...

— Pas besoin de me remercier, p'tit frère, je dis la vérité.

Il me souriait de toutes ses dents au même moment où une grande dame fit son entrée dans la salle. Elle attrapa les clés tout en se dirigeant d'un pas nonchalant vers nous.

— La visite est terminée.

— À demain, Tobio !

— À demain...

— N'oublie pas ! Vis !

Je lâchai un dernier sourire à mon frère en disparaissant avec mes amis derrière la porte. Hinata était toujours accroché à moi et moi toujours aussi rouge. Daichi rigolait de moi gentiment.

— Alors, tu peux m'expliquer pourquoi tu es tout rouge, Kageyama ?

Quand il eut terminé sa phrase, je devins rouge pivoine. Le rouquin tourna la tête vers moi tout en s'éloignant, gêné. Daichi pleurait de rire sous nos regards gênés. Je le frappai doucement derrière la tête, ce qui le fit encore plus rigoler. Je n'arrivais plus à croiser le regard d'Hinata mais je remarquai quelques rougeurs sur ses joues. Daichi, qui remarqua la tension, décida de s'en aller.

— Bon, je vous laisse ! À demain.

— Salut ! dis-je avec Hinata.

C'était silencieux... Je n'entendais que le bruit des criquets et quelques chants de moineaux. Nous étions deux volleyeurs en train de marcher, rouges comme des pivoines. Hinata était stressé sur le côté, il trifouillait ses écouteurs. Je me sentais bizarre ce soir... J'avais envie de lui dire. De lui demander. Je suis sûr que je l'aime. Même Sugawara me l'a dit. Je l'aime. C'est lui que j'aime et personne d'autre. C'est celui qui occupe ma tête et mon cœur. Nous marchions en silence. Je brisai ce silence en plaquant Hinata sur le mur froid du gymnase. Je tenais sa main juste un peu plus haut de sa tête et mon autre main sur sa joue. Hinata était plus rouge que jamais, il ne comprenait pas ce qui se passait et moi je ne comprenais pas ce que je faisais.

— Ka... Kage... Yama ?

Je m'approchai volontairement de son visage tout en lui disant une phrase bien spéciale.

— Je t'aime...

Hinata me regarda avec des yeux ahuris. Il pleurait presque de joie. Il me regarda avec un grand sourire.

— Moi aussi je t'aime, Tobio.

Je suis content. Je suis rassuré. Mon cœur bat à cent à l'heure. Il m'aime et je l'aime. Je m'approchai encore plus de son visage. Je posai mes lèvres sur les siennes. Je pouvais enfin goûter à ses lèvres. Je ne pensais pas que ça allait arriver. Je demandai l'accès, il m'autorisa aussitôt. Nos deux langues dansaient sous le rythme de nos cœurs. Nous nous séparâmes en manque de souffle.

— C'est toi que j'aime, Tobio. Pas quelqu'un d'autre.

— Moi aussi je t'aime, Shoyo.

Je sentis son souffle me caresser le cou. Comment décrire mon émotion ? Elle était incontrôlable. Je voyais bien qu'Hinata était fatigué. Il tomba sur mon épaule de fatigue. Je l'attrapai par la taille et le transportai chez lui. Je dormais encore chez eux cette nuit. C'est mon nouveau chez moi. Sans le voir, j'étais allongé sur son lit, perdu dans mes pensées. Hinata s'était blotti contre moi. Il est trop mignon quand il dort. Je suis obligé de prendre une photo.

I Will Always Love YouWhere stories live. Discover now