6

16 1 2
                                    

David était déjà installé avec un café et une pâtisserie lorsque j'arrivais à notre point de rendez-vous.  Je passais donc commande directement au comptoir avant de le rejoindre. Les yeux fixer sur son téléphone, il ne me vit pas arriver et sursauta lorsque je glissais la chaise en face de lui pour pouvoir m'asseoir.

Je retenais un rire moqueur, mais ne pu empêcher une remarque.

- J'aurais pu être une personne malintentionnée, je serais déjà loin avec mon larcin.

Il rit à ma plaisanterie, attirant le regard des quelques clients présents. Son regard fixé sur moi me mettait mal à l'aise et je ne saurais dire si cette impression s'estomperait au fil de la conversation ou non. Pour en avoir le coeur net, j'allais apprendre à le connaître. 

- Bien ! Commençais-je. Je suis là, alors parlons.

Le sourire satisfait de David eut le don de m'agacer.

- Vu que tu as l'air de tout savoir sur moi. Dis-moi tout sur toi ! 

- Que veux-tu savoir ?

- Dis-moi tout.

Nous nous racontions notre histoire, chacun notre tour, bien que j'eu plus à raconter que lui. Il savait déjà une grande partie de ma vie. Mes grands-parents étaient apparemment très bavards à mon sujet. Il savait par exemple que mes parents vivaient à présent en Amérique et que j'étais en deuxième année d'histoire. Et, comble de l'horreur, il connaissait tout de mes rêves d'enfants. Ca avait l'air de bien l'amuser de savoir que depuis petite j'avais une passion pour les vêtements de certaines époques et que je me prenais pour l'impératrice Sissi à l'école. J'étais rouge de honte, alors que lui était mort de rire, attirant une nouvelle fois les regards des curieux sur nous. 

- Et toi alors ? N'as-tu rien fait dont tu puisses avoir honte dans ta jeunesse ?

J'espérais mettre les compteurs à égalité, mais il secoua la tête avec un sourire moqueur.

- Désolé pour toi, répondit-il. Mais je ne dévoilerais rien qui pourrait me compromettre.

Tant pis ! Je demanderais à sa mère. 

Nous restions encore un moment à discuter de tout et de rien et j'appris qu'il venait d'être muté comme professeur dans l'un des établissements de la ville.  Finalement, je me détendis petit à petit en sa présence. De mon côté, je n'avais pas grand chose à dire. Il en savait déjà beaucoup : merci papi et mamie.

Soudain, mon téléphone se mit à sonner dans mon sac. C'était mamie. Je devais répondre.

- Excuse-moi.

Il ne se formalisa pas de cette interruption et me laissa décrocher sans rien dire. 

- Bonjour mamie, comment vas-tu ?

David montra un grand intêret pour ma conversation. Il croisa les mains devant lui et posa son menton dessus, écoutant attentivement ce que je racontais.

- Où es-tu Clarisse ? demanda-t-elle d'une voix enrouée. 

Son ton m'inquiétait beaucoup. On aurait dit qu'elle avait pleuré.

- Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

L'homme en face de moi fronça les sourcils. Il demanda silencieusement si tout allait bien. Je ne me préoccupais plus de lui lorsque j'entendis renifler et hoqueter à l'autre bout du fil. Des voix inconnue s'élevèrent en fond et lorsque grand-mère leur répondit, mon sang se glaça. J'avais peur de comprendre.

Une main se posa sur la mienne, l'enveloppant de sa chaleur et me ramenant à la réalité. Je me raccrochais à lui pour m'assurer que je ne rêvas pas. Non, c'était bien réel. Les personnes qui se trouvaient avec mamie étaient des secouristes et elle venait de leur donner les informations médicales de papi. 

VoyageuseWhere stories live. Discover now