Chapitre 46 - King 🏒

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— Pour tout, ajouté-je, la gorge nouée. Je sais que si tu n'avais pas aidé ma mère, elle n'aurait peut-être jamais trouvé le courage de se libérer de mon père.

Mon parrain se fige, et yeux dans les yeux, nous nous observons dans le silence. Je suis également conscient que sans lui, nous aurions perdu la maison à cause des dettes accumulées par mon père. Apprendre tout ce qu'il avait pu commettre a été comme une énorme baffe en plein visage. Ou plutôt, comme être passé à tabac. Mais c'était nécessaire. Je vivais dans une illusion. Jamais la réalité ne m'aurait effleuré l'esprit, c'est bien trop malsain, cruel.

— Amanda est plus forte que ce qu'elle imagine. J'ai toujours cru en elle, et jamais je ne cesserai de le faire.

— Elle a de la chance... de t'avoir.

— C'est moi qui ai de la chance, avoue-t-il, un léger sourire en coin. Tout comme toi, tu es chanceux d'avoir Brooke.

Oui, enfin, ça reste à prouver.

Je l'aime, c'est un fait, mais en attendant... je n'ai toujours aucune nouvelle d'elle, et ça me mine. L'attente se fait trop longue, et l'envie d'aller la voir afin de mettre les points sur les « i » devient urgente. Je prends sur moi, cependant, c'est de plus en plus difficile de demeurer rationnel. Le pire, c'est la nuit, quand mon sommeil en résulte perturbé.

Wolfy se complait à me mener la vie dure, et la seule chose dont j'ai besoin, c'est de la serrer dans mes bras.

— Ça va s'arranger, j'en suis persuadé, Ash.

— Oui, j'espère. J'ai beaucoup de mal à rester sans ne rien faire, mais d'après mes amis, je ne peux rien faire d'autre, si ce n'est attendre.

Une logique totalement bidon, toutefois, il semblerait que la majorité ait raison.

— Suis ton cœur. Si tu as vraiment besoin de la voir et de mettre les choses à plat, fais-le. Prend le taureau par les cornes, démontre-lui que tu es prêt à tout pour elle. Même à rompre si c'est ce qu'elle désire.

Face à cette idée, mon ventre se noue et mon cœur se comprime. Tout arrêter ? Ça me tue de penser une telle chose.

— Ne reste pas sur la touche. Si tu veux mon avis, c'est la pire chose à faire. Je crois que tu es resté en retrait pendant suffisamment longtemps. À ta place, j'aurais craqué bien avant.

Il ignore à quel point je me réprime, même en cet instant. Tout mon être m'incite à quitter cette voiture et de partir tout droit chez elle afin de tout contextualiser.

— Et bonne chance pour ton poste de capitaine. Ce n'est pas rien d'être le leader d'une équipe. Mais tu vas y arriver, tu as ce qu'il faut pour les mener au Frozen Four.

— Attention, je vais peut-être battre le score de ton équipe, plaisanté-je.

— Je te le souhaite.

Amicalement, il me sourit et me donne une tape sur le dos. J'aimerais que notre génération puisse remporter le championnat, à l'instar de la sienne. Je vais tout faire pour mener mes gars à la victoire. L'échec n'est pas une option.

— Bonne soirée, Asher.

Je me contente de hocher la tête, de sortir du véhicule puis de me diriger vers le coffre afin d'attraper mon sac.

Une fois sur le trottoir, je salue James d'un geste de la main et je le contemple s'éloigner, alors que le soleil couchant de ce mois de novembre disparaît à l'horizon.

Passer ce moment avec lui m'a, étrangement, fait du bien. Encore une preuve que ma haine m'aveuglait terriblement. Je pourrais même dire que c'était agréable de discuter avec lui, presque apaisant. Nous nous cachons tous derrière des remparts afin de nous protéger, mais ces mêmes murailles sont celles qui nous éloignent de ceux qui sont prêts à tout sacrifier pour nous. La peur du rejet, de souffrir... ce sentiment est bien plus néfaste qu'on ne le croit.

Oak Ridge Campus #1 King ©Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt