Despiteful Fox

7

Il n'y avait pas grand monde lorsque nous sommes arrivés. Ce qui était assez idéal étant donné qu'Andrew avait du mal à circuler. Je l'aidai avec les marches et nous réussîmes à trouver de très bonne places. De là, on pouvait voir Jamie, Rita et Johaness en train de faire leur échauffement. Les joueurs n'avaient pas encore fait leur entrée sur le terrain.

- Alors, ça fait quoi d'être parmi la foule ? Taquinais-je Andrew ?

- Ne m'en parle pas ! C'est pire que d'être sur le banc de touche. Vivement que je retire ce plâtre.

- Tu peux oublier les entraînements de cet été.

- Tu sais bien que ce n'est pas ça qui va m'arrêter.

Alors que le stade se remplissait peu à peu, les cheerleaders entamèrent leur performance et la fanfare sortit les trompettes et les batteries. Andrew et moi regardions nos amis performer et les encouragions à pleine voix. Ma gorge se trouva très vite irritée. Je me mis à chercher de quoi m'hydrater dans mon sac lorsque j'entendis mon nom dans la foule.

- HEY ! HARPER !

Je pensais halluciner, mais après une seconde interpellation, je levai la tête pour à ma grande surprise voir Luc qui me faisait un "coucou de la main" alors qu'il essayait de se faufiler dans la foule. Une figure le suivait de prêt et sans doute sous le choc, je crachai toute l'eau que je venais d'ingurgiter sur Andrew.

- Anh Gray ! Se plaignit-il, dégoûter.

Je ne savais pas où me mettre. Pourquoi fallait-il que je m'humilie de la sorte devant lui encore une fois ?

Je ne pouvais que prier qu'avec la distance et Luc qui le bloquait ce dernier n'avait rien vue.

J'attrapai un paquet de lotus que je le remis à Andrew afin de se débarbouiller. Luc et Allen nous avaient déjà rejoints.

Lorsque Allen entra dans mon champ de vision, je me retrouvai comme hypnotisé. On pouvait clairement voir sur son visage qu'on l'avait forcé à venir, affichant un air agacé qui ajoutait à son charme.

- Andrew ! Comment ça va mon frère ? Dit Luc et les deux échangèrent une salutation de mec.

- J'ai connu mieux. Répondit-il

- Je te présente. Voici mon meilleur pote Allen. Allen, Andrew !

Allen et Andrew s'échangèrent une poignée de main coole.

- Mais qu'est-ce qui vous emmène les mecs ?

- On s'ennuyait et je me suis rappelée qu'il y avait un match dans votre lycée de soir. On s'est dit qu'on allait passer. À croire qu'on est arrivé juste à temps.

En disant ça, Luc posa ses yeux sur moi affichant un regard complice.

Oh mon Dieu ! Devrais-je en vouloir ou remercier Jamie ?

Luc occupa la seule place à côté d'Andrew avant de s'adresser à Allen.

- Il y a un siège de libre à-côté de Gray.

Allen se contenta de lancer un regard résigné à Luc avant de regagner le siège désigné. Mon corps tout en entier se figea, à croire que cette simple proximité m'était fatale.

Je pouvais sentir son eau de cologne aux arômes très subtiles me titiller le nez me donnant envie de le renifler. Je n'avais qu'une seule envie me jeter dans ses bras et d'inspirer à grand coup. Même s'il était tout près de moi, je n'osais pas tourner la tête et me résigner à lui lancer des piques de temps à autre. 

Aujourd'hui, il avait opté pour un polo en laine noir à longue manche, d'un pantalon de même couleur et aux pieds des mocassins noirs. Ses longues boucles caramel étaient soigneusement coiffées avec juste quelques mèches rebelles sur son front.

Allen avait les yeux fixés devant lui. Il ne regardait ni à gauche ni droite, totalement concentré sur ce qu'il se passait sur le terrain. Quant à moi, je n'avais même pas remarqué que les équipes avaient fait leur entrée, trop occupé à l'admirer.

Étant la seule fille entourée par ces trois beaux mecs, je me prenais évidemment des vagues de jalousie et d'envie.

Jamie, qui depuis le stage avait enfin remarqué la présence de son mec, se mit à balancer des cœurs en direction de Luc, à la grande gêne de ce dernier sans toutefois lui déplaire.

Sans doute consciente que mon attitude était problématique, je décidai de moi aussi me concentrer sur le match et essayer de ne pas trop prêter à Allen. Ce qui était des plus difficiles. Je me retrouvai à admirer la moindre de ses expressions, le moindre de ses gestes et ses moindres changements d'humeur.

Mon regard devait être trop intense, car je l'entendis dire :

- Tu comptes me dévisager encore longtemps ?

À ce moment, je ne savais vraiment plus où me mettre. Je voulais juste disparaître. J'ignore comment je fis pour supporter de rester assise et voir le reste du match dans cet embarras. Lorsque l'arbitre siffla la fin du match, je m'excusai auprès des autres et me pris directement la direction des toilettes.

J'aspergeai mon visage d'eau, et me frappai le visage comme me ramener à la raison avant de hurler à plein poumon.

- Pathétique ! Murmurais-je

J'attrapai des essuies pour me sécher le visage avant de les jeter dans la poubelle juste à côté. Mais je ne sortis pas tout de suite. Je pris le temps de me rendre présentable, car je ne ressemblais clairement plus à rien (du moins de mon point de vue) et de reprendre mes esprits. Après quelques minutes, lorsque j'étais sûre que tout allait bien, je décidai de retourner retrouver les autres.

Je mis un peu de temps à les repérer, mais finit par les apercevoir non loin du terrain. J'avançai dans leur direction lorsque tout coup, je fus saisi violemment par le bras, manquant de perdre l'équilibre et de tomber.

- AAH... Gémis-je de douleur.

Je levai les yeux et constatai que c'était Jeffrey qui m'avait interpellé.

Il ne manquait plus que ça !

- Je peux savoir ce qui te prend ? Dis-je en le repoussant, espérant que ce dernier me lâche.

Il était accompagné d'autres membres de l'équipe de football. L'odeur de sueur était si forte que j'en avais presque des haut-le-cœur.

- Tu m'as posé un lapin Harper. Dit-il

- Quoi ?

- T'étais censé te pointer ce week-end.

- Parce que les fêtes, c'est devenu obligatoire ? Rétorquais-je toujours en essayant d'extirper mon bras de sa main.

- Ne joue pas à ça avec moi ?

- Allez Jeffrey, lâche là ! Interviens l'un des joueurs.

- Ne t'en mêle pas ! Rebuta-t-il ?

Étant donné qu'on n'était pas vraiment isolé, l'on commençait peu à peu à attirer l'attention.

J'imaginais déjà les commentaires. La dernière chose que je voulais, c'était d'avoir mon nom associé à cette ordure.

- Lâche-moi Jeffrey ! Ordonnais-je

- Pas avant que tu t'expliques. Quoi ? Tu te fais désirer ?

- Je t'ai dit de me lâcher !

- Qu'est-ce que tu vas faire si je refuse ?

Je n'eus pas le temps de répondre que je l'entendis gémir de douleur. Mon bras avait retrouvé sa liberté.

Allen s'interposa entre lui et moi, le poignet de Jeffrey dans la main, qu'il s'amusait à retourner.